Coup d’œil sur la recherche : Design inspiré de l'origami et pourquoi les souris ont peur des bananes
Découvrez la sélection des nouveautés en recherche du Service des relations avec les médias :
Environnement
Les populations à faible revenu seront touchées plus durement par les canicules | Risques environnementaux des eaux usées traitées dans le monde | L’air des villes enneigées est plus pollué | Des projections climatiques plus justes | L’herbicide Roundup perturbe la biodiversité de l’eau douce | Séquençage du génome du touladi afin d’assurer la survie de l’espèce | Comment les espèces élisent-elles leur habitat? | Des stratégies durables pour une meilleure gestion des eaux de ruissellement urbain | 1,4 million d’arbres mourront aux États-Unis d’ici 2050 | Incidence de l’alimentation des orques sur les changements climatiques
Incidence de l’alimentation des orques sur les changements climatiques
Les orques – également appelées « épaulards » – envahissent l’Arctique, venant ainsi perturber considérablement un écosystème déjà fortement ébranlé par les changements climatiques. En reconstituant l’alimentation de ces mammifères à partir des lipides présents dans leur lard, une équipe de chercheurs de l’Université McGill a fait des découvertes lui permettant de mieux comprendre l’impact de ces cétacés sur leur milieu de vie.
« Cette analyse nous renseignera sur les changements intervenant dans leur alimentation et sur les perturbations possibles des réseaux alimentaires de l’Arctique », affirme Anaïs Remili, doctorante au Département des sciences des ressources naturelles de l’Université McGill et auteure principale de l’étude.
Pour reconstituer l’alimentation des cétacés, les chercheurs ont réalisé une analyse quantitative de la signature des acides gras (QFASA) dans des échantillons provenant d’orques en captivité. Ils ont ensuite évalué la composition en acides gras d’orques sauvages du Groenland et d’éventuelles proies de ces prédateurs. Au terme de l’analyse précitée, ils ont déterminé que les orques du Groenland se nourrissaient principalement de phoques du Groenland et de phoques à capuchon, espèces trouvées dans l’estomac de certains animaux.
Cette nouvelle analyse pourrait faciliter l’étude de l’alimentation des orques partout dans le monde et nous permettre de mieux prédire les incidences possibles de ces cétacés sur les réseaux alimentaires de l’Arctique.
L’article « Validation of quantitative fatty acid signature analysis for estimating the diet composition 2 of free-ranging killer whales », par Anaïs Remili et coll., a été publié dans la revue Nature.
Des stratégies durables pour une meilleure gestion des eaux de ruissellement urbain
L’expansion des zones urbaines et des surfaces asphaltées ainsi que bétonnées entraîne inévitablement une augmentation drastique des eaux de ruissellement urbain. Ces surfaces quasi imperméables empêchent l’infiltration des eaux dans le sol et la recharge des nappes phréatiques – source importante d’eau potable. De plus, les eaux de ruissellement urbain ne sont généralement pas traitées. Pourtant, elles contiennent leur lot de contaminants et servent conséquemment de vecteur de transport vers les eaux naturelles. Des débris de plastique, des détergents, des pesticides, des métaux lourds et d’autres contaminants provenant des eaux de ruissellement peuvent causer des toxicités aiguës pour certains organismes aquatiques. Des risques chroniques guettent également les écosystèmes ainsi que les humains qui y sont exposés via la consommation d’eau potable, de poissons et fruits de mer.
Une étude récente révèle que la toxicité des eaux de ruissellement urbain est mal définie et pourrait être sous-estimée à l’échelle mondiale. Mathieu Lapointe, chercheur postdoctoral à l’Université McGill, et Nathalie Tufenkji, professeure de génie chimique à l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les biocolloïdes et les surfaces, et Chelsea Rochman, professeure à l’Université de Toronto, demandent aux villes et aux experts du domaine de mieux évaluer le risque lié à ces eaux de ruissellement. En fonction du risque, les villes sauront s’il est nécessaire de mieux traiter leurs eaux de ruissellement urbain afin de protéger les sources d’eau potable et de réduire les effets nuisibles sur les écosystèmes aquatiques.
Ces chercheurs estiment qu’il faut mettre en place des politiques et des mesures internationales afin de préserver nos ressources en eau. « Les villes densément peuplées ont besoin de solutions durables et économiquement viables, comme des bassins de rétention pour le stockage et le traitement simultanés de ces eaux», soutiennent les chercheurs de l’Université McGill. « On pourrait penser à des réservoirs tampons capables d’éliminer plusieurs contaminants avant que les eaux de ruissellement ne se déversent dans les eaux naturelles. »
L’article « Sustainable strategies to treat urban runoff needed », par Mathieu Lapointe, Chelsea M. Rochman et Nathalie Tufenkji, a été publié dans Nature Sustainability.
Insectes envahissants : 1,4 million d’arbres mourront aux États-Unis d’ici 2050
Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université McGill, de la station de recherche du Sud du Service des forêts (Département de l’Agriculture des États-Unis) et de l’Université d’État de la Caroline du Nord, des insectes envahissants pourraient causer la mort de 1,4 million d’arbres de rue au cours des 30 prochaines années, et leur remplacement pourrait coûter plus de 900 millions de dollars US. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le Journal of Applied Ecology de la British Ecological Society.
Emma J. Hudgins, titulaire d’un doctorat de l’Université McGill et auteure principale de l’étude, a fait pour la première fois des prévisions spatiales nationales sur la mortalité des arbres de rue causée par les insectes envahissants. Elle a créé des modèles applicables, par extrapolation, à environ 30 000 zones urbaines des États-Unis. Emma Hudgins, maintenant boursière postdoctorale à l’Université Carleton, avance que 90 % des 1,4 million d’arbres dont la mort est prévue dans l’étude seront tués par l’agrile du frêne (Agrilus planipennis); en effet, on prévoit que cet insecte causera la mort de la quasi-totalité des frênes dans plus de 6 000 zones urbaines. Selon les chercheurs, les dégâts causés par les insectes envahissants ne seront pas répartis également dans le pays : la mortalité sera concentrée à 95 % dans moins du quart des localités américaines.
Ces constats, croit l’équipe, pourront aider les responsables de la gestion des arbres en milieu urbain à déterminer quelles espèces, et quelles zones, seront les plus susceptibles d’être attaquées par les insectes envahissants. Ils pourront s’en servir pour faire ressortir l’importance de saines pratiques de gestion, comme la mise en quarantaine des produits du bois. « Nous espérons que les résultats de notre recherche serviront de mise en garde contre la plantation d’une seule espèce d’arbre dans des villes entières, comme ce fut le cas pour les frênes en Amérique du Nord. En augmentant la diversité des arbres urbains, nous résisterons mieux aux infestations de parasites », fait valoir Emma Hudgins.
L’article « Hotspots of pest-induced US urban tree death, 2020–2050 », par Emma J. Hudgins et coll., a été publié dans Journal of Applied Ecology.
Les populations à faible revenu seront touchées plus durement par les canicules
D’ici 2060, les régions les plus pauvres du monde seront deux à cinq fois plus susceptibles d’être exposées aux canicules que les pays plus riches, selon une étude récente dirigée par le professeur Jan Adamowski et Mohammad Reza Alizadeh, du Département de génie des bioressources. D’ici la fin du siècle, l’exposition à la chaleur chez le quart le plus pauvre de la population mondiale sera équivalente à celle du reste des habitants de la planète.
Pour évaluer le changement de l’exposition aux canicules, les chercheurs ont analysé les canicules des 40 dernières années à l’échelle mondiale et établi des projections à partir de modèles climatiques. Ils ont aussi estimé la capacité des pays à s’adapter à la hausse des températures pour ainsi diminuer leur risque d’exposition à la chaleur. Les chercheurs ont constaté que, si les pays riches sont à même d’atténuer les risques en investissant rapidement dans des mesures d’adaptation aux changements climatiques, le quart le plus pauvre de la planète, lui, mettra probablement davantage de temps à s’adapter et fera donc face à un risque accru de problèmes causés par la chaleur. Comparativement au quart le plus riche du monde, le quart le plus pauvre accuse un retard moyen d’environ 15 ans en ce qui a trait à l’adaptation à la hausse des températures. Selon les chercheurs, cette étude montre, une fois de plus, que l’on devra absolument investir dans des mesures d’adaptation à l’échelle de la planète pour éviter les catastrophes humaines d’origine climatique.
L’article « Increasing Heat-Stress Inequality in a Warming Climate », par Mohammad Reza Alizadeh et coll., a été publié dans Earth’s Future.
Risques environnementaux des eaux usées traitées dans le monde
On constate avec étonnement que, même une fois traitées, les eaux usées peuvent constituer une source de pollution concentrée, notamment en raison des produits pharmaceutiques qu’on utilise à la maison. Afin de comprendre l’effet des effluents d’eaux usées sur la qualité des plans d’eau récepteurs, les chercheurs doivent connaître l’emplacement des usines d’épuration ainsi que les quantités d’eaux usées qu’elles rejettent. C’est pourquoi des scientifiques de l’Université McGill ont créé une vaste base de données indiquant l’emplacement et les caractéristiques de 58 502 usines de traitement des eaux usées partout dans le monde. À l’aide de cette information, Heloisa Ehalt Macedo, doctorante au Département de géographie de McGill, et son équipe ont dressé le relevé de 1,2 million de kilomètres de cours d’eau qui reçoivent les eaux usées rejetées par ces installations. Cet afflux peut présenter un risque si les eaux usées ne sont pas traitées comme il se doit. En effet, certains des cours d’eau étudiés affichaient un taux de dilution des eaux usées considéré comme risqué sur le plan environnemental. Cette étude constitue la première étape de la mise au jour des zones les plus exposées à la pollution par des contaminants dits « nouvellement préoccupants », comme les produits pharmaceutiques des ménages. L’étude jette également les bases qui permettront, à terme, de cibler les usines d’épuration dont la capacité de traitement doit impérativement être améliorée dans une optique de réduction des risques environnementaux.
L’article « Distribution and characteristics of wastewater treatment plants within the global river network », par Ehalt Macedo et coll., a été publié dans Earth System Science Data.
L’air des villes enneigées est plus pollué
La concentration de carbone noir, puissant polluant atmosphérique, est plus élevée dans les villes enneigées comme Montréal que dans les villes au climat plus tempéré. Voilà le constat de Houjie Li et de Parisa Ariya, du Département des sciences atmosphériques et océaniques et du Département de chimie. La raison : les particules de carbone noir provenant du carburant diesel et d’autres combustibles fossiles se déposent sur les surfaces après un séjour sur la neige, puis sont rejetées dans l’atmosphère. Ainsi, pour un même taux d’émission de carbone, la concentration de polluants sera beaucoup plus élevée dans une ville froide que dans une ville tempérée. Par ailleurs, en comparant deux points chauds de la pollution à Montréal, l’équipe a constaté que la concentration de carbone noir était 400 % plus élevée à l’aéroport qu’au centre-ville. Dans l’étude, on souligne également que les dangers des climats froids pour la santé publique ne sont pris en compte nulle part dans le monde pour l’établissement des normes de qualité de l’air. Enfin, l’étude met en lumière un fait digne de mention : pendant le confinement instauré en mars 2020 en raison de la COVID-19, la concentration de carbone noir a diminué de 72 % dans le centre-ville de Montréal, ce qui montre que la plupart des polluants atmosphériques proviennent de l’activité humaine.
L’article « Black Carbon Particles Physicochemical Real-Time Data Set in a Cold City: Trends of Fall-Winter BC Accumulation and COVID-19 », par Houjie Li et coll., a été publié dans le Journal of Geophysical Research-Atmospheres.
Changements climatiques : des projections plus justes
Depuis des dizaines d’années, les scientifiques ont recours à la puissance des superordinateurs pour prédire le réchauffement climatique. Mais quel est le degré d’exactitude de leurs prédictions? Dans les modèles climatiques actuels, des interactions complexes entre des millions de variables sont prises en compte grâce à la résolution d’équations mettant en évidence les effets de l’atmosphère, de l’océan, de la glace, de la surface émergée et du soleil sur le climat de la Terre. Si toutes les projections vont dans le sens d’une atteinte imminente des seuils dangereux, elles diffèrent grandement quant au moment et aux circonstances. Mais voilà que des chercheurs de l’Université McGill – dont le Pr Shaun Lovejoy et Roman Procyk, du Département de physique – ont décidé de mettre un peu d’ordre dans ces projections. En s’appuyant sur un modèle pensé par le chercheur nobélisé Klaus Hasselmann, ils ont mis au point une méthode d’évaluation des changements climatiques à la fois plus précise et plus exacte. Leurs projections s’appuient sur des équations prenant en compte le bilan énergétique de la planète ainsi que les processus atmosphériques lents et rapides. Cette percée ouvre de nouvelles avenues de recherche sur les climats qui ont ponctué et vont ponctuer l’évolution de la Terre, notamment les périodes glaciaires. Le modèle peut même servir à projeter avec précision les températures régionales. En comparant leurs projections à celles, généralement admises, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les chercheurs ont conclu à l’exactitude générale des projections du GIEC, à quelques différences notables près. Ainsi, selon le nouveau modèle, les seuils dangereux seront franchis un peu plus tard, mais ce passage se fera beaucoup plus rapidement. Les chercheurs estiment à 50 % la probabilité que nous dépassions le seuil de 1,5 °C d’ici à 2040.
L’article « The Fractional Energy Balance Equation for Climate projections through 2100 », par Roman Procyk et coll., a été publié dans Earth System Dynamics.
L’herbicide Roundup perturbe la biodiversité de l’eau douce
Alors que Santé Canada repousse la date limite de consultation publique sur le rehaussement des quantités limites d’herbicides dans certains aliments, une étude de l’Université McGill montre que l’herbicide Roundup, à des concentrations couramment mesurées dans les eaux de ruissellement agricoles, peut avoir des effets dramatiques sur les communautés bactériennes naturelles. « Dans les écosystèmes d’eau douce, les bactéries sont le premier maillon de la chaîne alimentaire. La répercussion en cascade des effets du Roundup sur les écosystèmes d’eau douce et ses effets potentiels sur leur équilibre à long terme mérite d’être étudiée beaucoup plus en profondeur », soutiennent les chercheurs.
L’étude « Resistance, resilience, and functional redundancy of freshwater bacterioplankton communities facing a gradient of agricultural stressors in a mesocosm experiment » a été publiée dans Molecular Ecology.
Séquençage du génome du touladi afin d’assurer la survie de l’espèce
Une équipe internationale de chercheurs des États-Unis et du Canada, notamment de l’Université McGill, a réussi à constituer un génome de référence pour le touladi (truite grise) afin d’aider les organismes fédéraux et américains dans leurs efforts de réintroduction et de conservation de l’espèce. Jadis le poisson prédateur le plus important des Grands Lacs, le touladi a frôlé l’extinction entre les années 1940 et 1960 en raison de la pollution, de la surpêche et de la prédation par l’anguille lamproie, une espèce envahissante. Alors que les populations de touladi présentaient autrefois des niveaux de diversité étonnants en termes de taille, d’apparence et de capacité d’adaptation à des environnements variés, elles n’ont survécu que dans les lacs Supérieur et Huron. Selon l’équipe de recherche, les génomes des salmonidés (la famille qui comprend le touladi) sont plus difficiles à reconstituer que ceux de nombreux autres animaux. « Il y a 80 à 100 millions d’années, le génome complet de l’ancêtre de toutes les espèces de salmonidés auxquelles appartient le touladi s’est dupliqué. Par conséquent, il est difficile de reconstituer les génomes des salmonidés, en raison de leur nature hautement répétitive et de la multitude de régions génomiques dupliquées qui présentent des séquences similaires », explique Ioannis Ragoussis, chef des sciences du génome au Centre de génomique de McGill, où le séquençage a eu lieu.
L’étude « A chromosome-anchored genome assembly for Lake Trout (Salvelinus namaycush) » a été publiée dans Molecular Ecology Resources.
Comment les espèces élisent-elles leur habitat?
Au fil des changements climatiques, quels facteurs détermineront les lieux où les espèces pourront survivre et prospérer? Les scientifiques tentent de répondre à cette question en étudiant les critères de choix d’habitat des espèces aujourd’hui. Le climat rude et froid joue un rôle, en particulier vers les pôles, comme au Canada. Mais les chercheuses, Anna Hargreaves, professeure adjointe au Département de biologie de McGill, et Alexandra Paquette montrent que les interactions avec d’autres espèces (comme les relations de concurrence et de prédation) sont également des facteurs importants, surtout dans des climats plus chauds, vers l’équateur.
L’étude « Biotic interactions are more often important at species’ warm versus cool range edges » a été publiée dans Ecology Letters.
Santé
L'insécurité alimentaire et la santé mentale des enfants | Un gradateur pour la croissance des cellules cérébrales humaines | De nouvelles avenues pour la création d’implants | Un outil pour prédire l’issue du coma | Une nouvelle cible pour le traitement de l’infertilité | Des chercheurs étudient l’aorte humaine pour mieux l’imiter | Douleurs parkinsoniennes et dopamine | Le traitement d’une maladie rare découverte au Québec | Cœur et musique au diapason | Le stress fait fuir la difficulté | Des vaccins contre la COVID-19 moins coûteux et plus accessibles
L'insécurité alimentaire et ses effets à long terme sur la santé mentale des enfants
Selon une recherche menée par l'Université McGill, l'insécurité alimentaire dans l'enfance est étroitement associée à divers problèmes de santé mentale et à des difficultés scolaires à l'adolescence. Une nouvelle étude a révélé que les enfants qui avaient connu l'insécurité alimentaire avant l'âge de 13 ans étaient confrontés à de plus grandes difficultés scolaires à l'âge de 15 ans, notamment à davantage d'intimidation et à un risque plus élevé de décrochage scolaire. Ils étaient également plus susceptibles que leurs pairs de consommer du cannabis.
« La pandémie de COVID-19 a fait basculer de nombreux ménages dans des situations de précarité. Dans ce contexte, il est important que les professionnels de la santé puissent identifier les enfants affectés et que les familles aient accès aux services dont elles ont besoin », explique l'auteur principal, Dr Vincent Paquin, résident en psychiatrie à la Faculté des sciences médicales et de la santé. La recherche s'est basée sur la comparaison des trajectoires de 2 032 individus faisant partie de la cohorte de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec. Environ 4 % des jeunes participants avaient un risque persistant d’être exposés à l'insécurité alimentaire entre la petite enfance et l'adolescence.
Longitudinal Trajectories of Food Insecurity in Childhood and their Associations with Mental Health and Functioning in Adolescence par Vincent Paquin et al publié dans JAMA Network Open.
Un gradateur pour la croissance des cellules cérébrales humaines
La croissance harmonieuse des cellules est essentielle au bon développement du cerveau et à l’interruption de la croissance des tumeurs cérébrales agressives. Le réseau des molécules qui régissent la croissance des cellules cérébrales est vaste et complexe, mais des chercheurs de l’Université McGill ont isolé un gène capable à lui seul de maîtriser la croissance des cellules cérébrales chez l’humain.
Dans un article publié récemment dans la revue Stem Cell Reports, Carl Ernst, professeur agrégé au Département de psychiatrie de l’Université McGill, et son équipe révèlent que l’anomalie du gène FOXG1 dans les cellules cérébrales de patients atteints d’une forme grave de microcéphalie – maladie se caractérisant par un cerveau anormalement petit – avait pour effet de réduire la croissance de ces cellules. À l’aide du génie génétique, les chercheurs ont activé, à différents degrés, le gène FOXG1 dans les cellules d’un patient atteint de microcéphalie et observé des augmentations correspondantes de la croissance des cellules cérébrales. Ils ont ainsi découvert un formidable gradateur qui augmente ou réduit la croissance des cellules cérébrales.
Ces recherches indiquent qu’on pourrait éventuellement cibler un seul gène pour freiner la croissance de cellules de tumeurs cérébrales. Ou encore, que la thérapie génique pourrait un jour permettre l’activation de ce même gène chez les patients présentant une microcéphalie ou un autre trouble neurodéveloppemental.
L’article « FOXG1 dose tunes cell proliferation dynamics in human forebrain progenitor cells », par Nuwan C. Hettige et coll., a été publié dans Stem Cell Reports.
Tissus humains imprimés et congelables – de nouvelles avenues pour la création d’implants
Les implants de tissus mous sont utilisés dans diverses interventions : chirurgie des plis vocaux, reconstruction mammaire et réparation de la paroi abdominale, notamment. Depuis plus de dix ans, les scientifiques créent ces implants à partir de tissus artificiels bio-imprimés composés d’hydrogels, de cellules vivantes et d’autres biomatériaux. Toutefois, les tissus fabriqués par bio-impression au moyen des méthodes classiques doivent être utilisés immédiatement après leur impression, ce qui en limite l’application dans un contexte clinique. Pour remédier à ce problème, une équipe internationale de chercheurs a mis au point une nouvelle technique, la « cryobio-impression », en ajoutant une combinaison de cryoprotecteurs à la bio-encre. Les travaux étaient dirigés par Hossein Ravanbakhsh, ancien doctorant à l’Université McGill, sous la supervision des professeurs Luc Mongeau (Département de génie mécanique, Université McGill) et Yu Shrike Zhang (Harvard Medical School, Brigham and Women’s Hospital). Pour fabriquer les tissus congelés, ils ont utilisé la bio-encre sur une plaque congelée maintenue à une température constante de -20 °C. Les échantillons étaient ensuite conservés à -196 °C jusqu’à leur réactivation pour utilisation comme implants de tissus mous. Fait intéressant, les expériences de viabilité et de différenciation cellulaires réalisées après la réactivation des tissus ont démontré que les cellules « cryobio-imprimées » étaient toujours vivantes et fonctionnelles au bout de trois mois de stockage. Les cellules « cryobio-imprimées » n’ont pas encore été utilisées en milieu clinique, mais des chercheurs et des utilisateurs finaux, dont des cliniciens, pourraient un jour collaborer pour ouvrir la voie à l’utilisation de tissus « cryobio-imprimés » prêts à l’emploi pour des applications cliniques.
L’article « Freeform cell-laden cryobioprinting for shelf-ready tissue fabrication and storage », par Hossein Ravanbakhsh et coll., a été publié dans Matter.
Un outil pour prédire avec certitude l’issue du coma : étude préliminaire
Une équipe dirigée par l’Université McGill a mis au point un indice qui permet de prédire avec un taux d’exactitude de 100 % si un patient dans un état végétatif ou comateux pourra un jour reprendre connaissance. Les traumatismes cérébraux et toute lésion privant le cerveau d’oxygène, par exemple un accident vasculaire cérébral ou une surdose, peuvent conduire à un état végétatif ou à un coma. Jusqu’à maintenant, les proches et l’équipe soignante pouvaient difficilement évaluer le niveau de conscience et les probabilités de rétablissement. Or, dans une étude préliminaire, le tout nouvel « Indice de reconfiguration adaptative » a permis de prédire, pour chaque patient, la probabilité de sortie de l’état végétatif ou comateux dans un délai de trois mois. C’est là une information cruciale pour les décisions difficiles que doivent prendre les proches et les professionnels de la santé. L’équipe de chercheurs, dont fait partie Stefanie Blain-Moraes, professeure adjointe à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie, se prépare à la prochaine phase des études; elle sera menée d’un océan à l’autre chez des patients venant de recevoir un diagnostic de trouble de la conscience.
L’article « Brain Responses to Propofol in Advance of Recovery From Coma and Disorders of Consciousness: A Preliminary Study », par Catherine Duclos et coll., a été publié dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.
Une nouvelle cible pour le traitement de l’infertilité
Une équipe de chercheurs dirigée par le Pr Daniel Bernard, du Département de pharmacologie et de thérapeutique, a découvert que le retrait d’une protéine nouvellement mise au jour pouvait accroître la fertilité. En effet, lorsqu’on élimine la protéine TGFBR3L chez la souris femelle, cette dernière produit plus d’ovules par cycle et donne naissance à un plus grand nombre de souriceaux. Ce constat pourrait mener à la découverte de médicaments contre l’infertilité chez l’être humain. En retirant cette protéine, les chercheurs ont atténué les effets d’une hormone, l’inhibine B, qui inhibe la production de l’hormone folliculostimulante (FSH), essentielle à la formation des ovules et des spermatozoïdes. Selon les chercheurs, si on empêche l’inhibine B de se fixer à cette même protéine chez l’humain, on devrait obtenir une hausse de la FSH qui pourrait se révéler efficace en traitement de l’infertilité chez la femme et de l’hypogonadisme chez l’homme.
L’article « TGFBR3L is an inhibin B co-receptor that regulates female fertility », par E. Brule et coll., a été publié dans Science Advances.
Micro-image de la coupe transversale d’une aorte. Photo : Marco Amabili et coll.Des chercheurs étudient l’aorte humaine pour mieux l’imiter
Des chercheurs de l’Université McGill jettent les bases qui permettront de mettre au point des aortes artificielles capables d’adopter le comportement de la plus grosse artère de l’organisme. On sait que l’aorte transporte le sang oxygéné provenant du cœur vers le reste du corps, mais jusqu’à maintenant, les scientifiques en savaient très peu sur l’effet des contractions du muscle lisse sur les tissus composant cette artère. Dans le cadre d’une nouvelle étude, le Pr Marco Amabili, du Département de génie mécanique, est le premier chercheur à recenser ces effets. Les résultats de ce projet serviront à concevoir des greffons aortiques mieux adaptés aux mouvements naturels de l’aorte et contribueront à améliorer la vie des patients victimes d’un anévrisme ou atteints d’une maladie cardiovasculaire.
L’article « Role of smooth muscle activation in the static and dynamic mechanical characterization of human aortas », par Marco Amabili et coll., a été publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
Douleurs parkinsoniennes et dopamine
Les douleurs chroniques, qui affligent des millions de personnes atteintes de la maladie de Parkinson dans le monde, peuvent être soulagées au moyen d’opiacés, mais non sans effets indésirables graves. Or, une solution de rechange pourrait s’offrir à ces patients. Dans une étude récente menée au sein du laboratoire de Philippe Séguéla au Neuro et à l’Université McGill, des chercheurs ont montré que la dopamine agissait sur la perception de la douleur chez les rongeurs. En effet, ce neurotransmetteur peut atténuer l’activité neuronale par l’entremise d’un récepteur spécifique – le récepteur D1 – dans le cortex cingulaire antérieur, région du cerveau en jeu dans la douleur chronique. Cette découverte pourrait mener à la mise au point de traitements analgésiques plus efficaces et exempts des effets indésirables des opiacés. Par ailleurs, ce mécanisme nouvellement mis au jour pourrait expliquer la fréquence élevée des douleurs chroniques chez les patients parkinsoniens, puisque cette maladie neurodégénérative détruit des cellules essentielles à la production de dopamine dans le cortex.
L’article « Decreased dopaminergic inhibition of pyramidal neurons in anterior cingulate cortex maintains chronic neuropathic pain », par Kevin Lançon et coll., a été publié dans Cell Reports.
Une avenue prometteuse pour le traitement d’une maladie rare découverte au Québec
En 2006, Sonia Gobeil et Jean Groleau ont appris que leur fils aîné, alors âgé de trois ans, était atteint d’une maladie rare appelée ataxie spastique autosomique récessive de type Charlevoix-Saguenay (ASARCS). À l’époque, peu de recherches avaient été menées sur cette maladie qui touche la coordination et l’équilibre dès la petite enfance. La plupart des patients sont contraints de se déplacer en fauteuil roulant au tournant de la trentaine ou de la quarantaine. La maladie est incurable, et les traitements actuels ne procurent qu’un soulagement limité des symptômes. Cette maladie détectée pour la première fois au Québec frappe des patients de partout dans le monde, malgré ce qu’indique son nom. Depuis 15 ans, la Fondation de l’Ataxie Charlevoix-Saguenay, organisme montréalais né de la détermination de Sonia Gobeil et de Jean Groleau, amasse des fonds pour soutenir la recherche sur l’ASARCS et le travail d’un nombre grandissant de spécialistes, notamment ceux de l’Institut-Hôpital neurologique de Montréal et de l’Université McGill. Et ce soutien porte ses fruits : deux chercheuses mcgilloises viennent de réaliser une avancée majeure dans notre compréhension de cette maladie. Les résultats de l’étude menée par Anne McKinney et Alanna Watt jettent un peu de lumière sur les schémas de vulnérabilité des cellules cérébrales chez les patients atteints d’ASARCS et indiquent que l’ASARCS et d’autres formes d’ataxie partageraient certaines voies pathologiques. Selon les chercheuses, la découverte de mécanismes communs à plusieurs maladies est particulièrement importante dans la recherche sur des maladies rares. On peut ensuite envisager d’employer des médicaments existants et de mener des essais à partir de bibliothèques pharmaceutiques pour voir si un mécanisme en particulier a un effet bénéfique pour tous ces troubles.
L’article « Molecular Identity and Location Influence Purkinje Cell Vulnerability in Autosomal-Recessive Spastic Ataxia of Charlevoix-Saguenay Mice », par Brenda Toscano Márquez et coll., a été publié dans Frontiers in Neuroscience.
Cœur et musique au diapason
Lorsque vous écoutez ou que vous jouez de la musique, vous avez peut-être remarqué que les mouvements de votre corps s’harmonisent avec le tempo. Cette synchronisation peut se prolonger de manière inconsciente, par exemple par les battements de votre cœur. Des scientifiques mcgillois, dirigés par Caroline Palmer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences cognitives de la performance, ont étudié les variations des rythmes cardiaques de pianistes lorsqu’ils interprétaient des mélodies familières et inconnues à différents moments de la journée. Les scientifiques ont constaté que, contrairement à ce que l’on eut pu prédire, le rythme cardiaque des musiciens était plus prévisible et plus saccadé lorsque ces derniers interprétaient des mélodies inconnues, tôt le matin. Ces résultats indiquent que le moment de la journée, ainsi que la nouveauté et la difficulté d’un morceau peuvent influencer le rythme cardiaque des musiciens. En fin de compte, cette recherche contribue à optimiser l’utilisation de la musique dans des contextes thérapeutiques tels que les interventions qui ciblent les anomalies des battements cardiaques.
L’étude « Physiological and behavioural factors in musicians’ performance tempo » a été publiée dans Frontiers in Human Neuroscience.
Le stress fait fuir la difficulté
Une nouvelle recherche de l’Université McGill montre que le stress augmente notre tendance à éviter les tâches cognitivement exigeantes, sans forcément altérer notre capacité à les accomplir. « Nous avons tendance à fuir la difficulté », explique Ross Otto, professeur adjoint au Département de psychologie. « Notre équipe a constaté que le stress accentue cette tendance. » Les participants à l’étude ont eu le choix entre la répétition d’une tâche unique à l’infini et le processus plus exigeant cognitivement de passer fréquemment d’un type de tâche à un autre. Les chercheurs ont ensuite comparé les choix effectués par les individus soumis à un stress aigu à ceux d’un groupe témoin. « Ce qui est intéressant, poursuit Ross Otto, c’est que les effets du stress n’ont pas affecté le niveau de performance des participants. Ils se sont révélés aussi efficaces dans les deux cas. Cependant, confrontés au choix entre les deux types de tâches, les individus stressés avaient plus tendance à éviter l’effort ».
L’étude « Acute Psychosocial Stress Increases Cognitive-Effort Avoidance » a été publiée dans Psychological Science.
Des vaccins contre la COVID-19 moins coûteux et plus accessibles
On assistera peut-être à la production de vaccins plus efficaces, accessibles à l’échelle mondiale et prêts à être utilisés en cas de pandémie grâce aux travaux d’une équipe de recherche mcgilloise dirigée par Amine A. Kamen, professeur au Département de génie biologique de McGill. La lignée cellulaire Vero est considérée comme l’une des plateformes de fabrication de vaccins antiviraux les plus efficaces contre les maladies infectieuses telles que le MERS-CoV, le SARS-CoV et plus récemment le SARS-CoV-2. Au cours de la pandémie, cette lignée s’est révélée être un précieux outil de découverte et de dépistage pour soutenir l’isolement et la réplication du SARS-CoV-2, la production de vaccins viraux et l’identification de potentielles cibles médicamenteuses. Cependant, la productivité des cellules Vero s’est trouvée restreinte par l’absence d’un génome de référence. La compréhension limitée des interactions hôte-virus a jusqu’à présent empêché de caractériser l’intégralité de la lignée cellulaire Vero. Les chercheurs pensent qu’un séquençage de novo avancé et un décodage plus poussé des données génomiques publiées antérieurement, qui mettaient en évidence les mécanismes en jeu lors de la croissance du virus à l’intérieur des cellules pourraient accélérer la production de nouveaux vaccins contre les maladies infectieuses émergentes et réémergentes.
L’étude « Haplotype-resolved de novo assembly of the Vero cell line genome » a été publiée dans npj Vaccines.
Science
Amélioration des rendements de maïs en Tanzanie | Confirmation de l’existence d’un nouveau type de tremblements de terre | La structure chimique de l’eau de Javel enfin dévoilée | Le toucher comme vecteur d’information | Pourquoi les souris mâles ont-elles peur des bananes? | Des matériaux reconfigurables inspirés de l’origami et du kirigami
Pourquoi les souris mâles ont-elles peur des bananes?
Une équipe de recherche de l’Université McGill a découvert qu’en présence de souris femelles en gestation ou en période de lactation, les souris mâles sécrétaient davantage d’hormones du stress et devenaient moins sensibles à la douleur. L’équipe attribue ce stress à une substance chimique produite par les souris femelles, qui indiquent ainsi qu’elles sont prêtes à tout pour défendre leurs petits. « Ces constatations nous aideront grandement à améliorer la fiabilité et la reproductibilité des expériences menées chez la souris. Il s’agit d’un autre des facteurs jusque-là inconnus qui pourraient influer sur les résultats des études scientifiques menées en laboratoire », explique Jeffrey Mogil, professeur au Département de psychologie de l’Université McGill et titulaire de la Chaire E.-P.-Taylor d’études sur la douleur.
D’après Sarah Rosen, coauteure de l’étude, « face à une souris mâle qui risquerait de s’attaquer à ses petits, la souris femelle enverrait des signaux indiquant qu’elle défendra sa progéniture bec et ongles. C’est la perspective de devoir se battre qui cause le stress chez la souris mâle ».
« Les souris communiquent entre elles beaucoup plus qu’on pourrait le croire, et une grande partie des messages sont véhiculés par les odeurs », précise le Pr Mogil. Dans sa quête de l’odeur responsable, l’équipe a décelé plusieurs composés chimiques, dont l’acétate de pentyle. Cette substance, présente dans l’urine des souris en gestation ou en période de lactation, s’est avérée particulièrement efficace pour causer du stress chez des souris mâles. « Étrangement, c’est également l’acétate de pentyle qui est à l’origine de l’odeur de banane. Nous avons acheté de l’extrait de banane et avons pu confirmer que l’odeur de banane engendrait chez la souris mâle autant de stress que l’odeur de l’urine d’une souris en gestation », ajoute Lucas Lima, coauteur de l’article.
Il s’agit d’une découverte très importante pour l’étude des signaux sociaux chez les mammifères. « Les exemples de communication par signaux olfactifs du mâle vers la femelle sont assez nombreux chez les rongeurs, mais les cas de signaux transmis par la femelle le sont beaucoup moins, surtout en dehors des interactions sexuelles », souligne le Pr Mogil.
L’article « Olfactory exposure to late-pregnant and lactating mice causes stress-induced analgesia in male mice », par Sarah Rosen et coll., a été publié dans Science Advances.
Des matériaux reconfigurables inspirés de l’origami et du kirigami
L’origami, art japonais du pliage de papier en formes décoratives, est depuis longtemps une source d’inspiration pour le design industriel. Le pliage a été utilisé pour la construction de structures reconfigurables qui changent de fonction lorsqu’elles changent de forme. L’utilisation de ces structures, notamment pour faire des nanorobots administrant des médicaments, des panneaux solaires pliables pour l’industrie aérospatiale, et des revêtements et des pare-soleil transformables employés en architecture, s’annonce prometteuse. Toutefois, la plupart de ces modèles ne peuvent pas supporter une charge lourde, et ceux qui le peuvent supportent la charge dans une direction seulement, s’effondrant dans la direction dans laquelle ils plient. Leur utilisation comme matériau structural est ainsi limitée.
Une étude réalisée par un groupe de chercheurs de l’Université McGill pourrait apporter une solution à ce problème. En combinant l’origami et le kirigami, art du pliage et du découpage du papier, les chercheurs ont créé une catégorie de métamatériaux cellulaires qui peuvent se plier à plat et être bloqués dans plusieurs positions en demeurant rigides dans de multiples directions.
« On peut mettre à profit leur capacité de supporter une charge et de se plier à plat, et leur caractère reprogrammable, pour créer des structures qui se déploient, comme des sous-marins, des robots reconfigurables et des emballages de faible volume, explique Damiano Pasini, professeur au Département de génie mécanique et chercheur principal de l’étude. Nos métamatériaux demeurent rigides dans plusieurs directions, tout en pouvant se plier à plat, des caractéristiques jamais vues dans la littérature actuelle. »
L’article « Rigidly flat-foldable class of lockable origami-inspired metamaterials with topological stiff states », par Damiano Pasini et coll., a été publié dans Nature Communications.
Le toucher comme vecteur d’information
Pour savoir s’il reste assez de céréales ou de lait pour le déjeuner, on secoue la boîte. On arrive aussi à deviner facilement la quantité de dentifrice dans le tube ou de vitamines dans la bouteille. Ces informations sont transmises par le toucher (et par l’ouïe). Une étude récente menée par Ilja Frissen, professeur agrégé à l’École des sciences de l’information de McGill, en collaboration avec la Pre Catherine Guastavino, démontre que les humains ont la capacité innée d’interpréter les mouvements d’un objet à l’intérieur d’un contenant et jette un nouvel éclairage sur les types d’information pouvant être transmise par le toucher.
Selon Ilja Frissen, en comprenant comment une personne arrive à déterminer la quantité de produit dans un contenant, on pourrait simplifier et optimiser les interactions entre l’humain et les machines, qu’il s’agisse d’appareils intelligents, d’outils pédagogiques de simulation ou encore de technologies d’accessibilité pour les personnes ayant une déficience visuelle.
Les chercheurs ont créé un jeu de cinq tubes en fibre de verre qui contenaient une boule de métal pouvant se déplacer entre deux parois internes. Dans le cadre de cette étude perceptuelle, les chercheurs ont d’abord demandé à 17 participants d’évaluer la distance parcourue par la boule à l’intérieur d’un tube. Dans un deuxième temps, ils ont eu recours à la réalité virtuelle pour simuler et isoler les divers indices physiques, comme le roulement de la boule sur une surface ou le rebondissement contre une paroi interne. « Nos participants, qui n’avaient reçu aucune formation particulière, ont fait preuve d’une étonnante habileté à effectuer cette curieuse tâche. Et grâce à la réalité virtuelle, nous commençons à comprendre le rôle des différents indices physiques », constate Ilja Frissen.
L’article « Humans sense by touch the location of objects that roll in handheld containers », par Ilja Frissen et coll., a été publié dans Quarterly Journal of Experimental Psychology.
Amélioration des rendements de maïs en Tanzanie
Les agriculteurs tanzaniens vivant sous le seuil de la pauvreté ne veulent pas forcément investir dans des engrais chimiques afin de suppléer aux carences du sol, et pour cause : ils n’en ont pas les moyens. Cependant, les travaux d’une équipe de recherche multidisciplinaire révèlent que la pratique d’analyses de sol peu coûteuses ainsi que l’utilisation ciblée et parcimonieuse du bon engrais peuvent avoir des retombées notables sur la productivité et les profits agricoles, et améliorer considérablement le rendement du maïs, aliment de base de la plupart des Tanzaniens.
Les chercheurs, dont Aurélie Harou, professeure adjointe au Département des sciences des ressources naturelles de l’Université McGill, ont analysé le sol de plus de 1 000 parcelles de terrain réparties dans 50 villages du Morogoro, région dotée d’un bon potentiel agricole, mais affichant de faibles rendements de maïs. La quasi-totalité des parcelles analysées étaient déficientes en soufre, élément essentiel pour l’obtention de rendements élevés de cette culture. En général, les engrais qu’utilisent les agriculteurs ne sont pas ceux dont le sol a besoin pour offrir les meilleurs rendements; quant au soufre, il ne figure actuellement pas dans les recommandations de fertilisation régionales et nationales du gouvernement tanzanien.
L’étude montre que l’on peut accroître la productivité et les profits agricoles par des recommandations de fertilisation adaptées à la parcelle de terrain analysée, conjuguées à l’octroi de subventions pour l’achat d’engrais. Les agriculteurs ayant reçu une subvention, mais aucune recommandation de fertilisation ont fait un usage accru d’engrais, certes, mais leurs rendements de maïs ne se sont pas améliorés, puisque l’engrais utilisé n’était pas adapté aux carences du sol. Quant aux agriculteurs ayant reçu des recommandations, mais aucune subvention, ils n’ont pas utilisé d’engrais, faute d’argent pour s’en procurer. Il n’y a eu ni augmentation des émissions de gaz à effet de serre ni lessivage au cours de l’étude, et le risque d’atteinte à l’environnement est extrêmement faible, prévoient les chercheurs.
L’article « The joint effects of information and financing constraints on technology adoption: Evidence from a field experiment in rural Tanzania », par Aurélie P. Harou et coll., a été publié dans le Journal of Development Economics.
Confirmation de l’existence d’un nouveau type de tremblements de terre
Une équipe de recherche du Canada et d’Allemagne a identifié un nouveau type de tremblements de terre : les séismes induits par l’injection de fluides. Plus lents et de plus longue durée que les séismes classiques de même ampleur, ces événements sismiques sont déclenchés par la fracturation hydraulique, une méthode utilisée dans l’ouest du Canada pour l’extraction du pétrole et du gaz. L’équipe de chercheurs, dont faisait Yajing Liu, professeur agrégé au Département des sciences de la Terre et des planètes, a enregistré les données sismiques de près de 350 tremblements de terre et constaté qu’environ dix pour cent d’entre eux présentaient des caractéristiques uniques qui indiquaient des ruptures plus lentes, à l’instar des séismes principalement observés dans les zones volcaniques. Leur existence confirme une théorie sur les origines de la sismicité induite par l’injection de fluides, jusqu’à présent insuffisamment étayée par des mesures scientifiques.
L’étude « Fluid-injection-induced earthquakes characterized by hybrid-frequency waveforms manifest the transition from aseismic to seismic slip » a été publiée dans Nature Communications.
La structure chimique de l’eau de Javel enfin dévoilée
Claude-Louis Berthollet a découvert l’eau de Javel dans les années 1780 et nous l’utilisons depuis près de 250 ans. Cependant, personne n’avait jusqu’à présent décrit la structure du composant chimique actif de l’eau de Javel, connue des chimistes sous le nom d’hypochlorite de sodium. Les recherches menées par Tomislav Friščić, professeur au Département de chimie de McGill, ont permis d’élucider la structure de l’hypochlorite de sodium, un composé très simple et très instable, ce qui le rend difficile à isoler. Il fait également partie de la grande famille des hypohalites, des composés simples, hautement réactifs, d’une importance capitale en chimie, qui figurent dans tous les manuels de chimie générale ou inorganique. Cette étude, la première à fournir une caractérisation structurelle d’un hypochlorite et d’un hypobromite (également un désinfectant de piscine bien connu), comble une lacune importante en chimie structurale.
L’étude « After 200 years: the structure of bleach and characterization of hypohalite ions by single-crystal X-ray diffraction » a été publiée dans Angewandte Chemie.
Société
La mésinformation en temps d’élection | Les perfectionnistes s’adaptent fort mal à la pandémie | L’influence des stéréotypes sur la première impression
La mésinformation en temps d’élection
Selon un nouveau rapport rédigé par des chercheurs de l’École de politiques publiques Max‑Bell de l’Université McGill, la mésinformation était très présente durant les dernières élections fédérales. On a recensé de nombreux cas de mésinformation, diffusés en grande partie par des groupes conspirationnistes bien organisés et en croissance. Bien que la mésinformation n’ait pas eu une influence marquée sur les résultats de l’élection, les chercheurs soutiennent qu’il y a néanmoins lieu de s’inquiéter.
Dirigée par le professeur Taylor Owen et Aengus Bridgman, directeur du Media Ecosystem Observatory, l’équipe a analysé les flux d’informations dans les médias sociaux et audiovisuels ainsi que les données provenant d’un sondage national sur les points de vue à l’égard de la mésinformation et de l’exposition à celle-ci. Les chercheurs ont constaté que, parmi certains groupes, des allégations de fraude électorale généralisée circulaient sur les plateformes de médias sociaux. Ils ont également remarqué que la mésinformation sur la COVID-19 avait joué un rôle important dans la campagne électorale. Des opposants aux mesures sanitaires et aux politiques de vaccination, dont les croyances étaient souvent alimentées par de la mésinformation, se sont acharnés contre plusieurs candidats et ont réussi à faire des questions liées à la pandémie le point de mire de la campagne électorale.
Ce qui inquiète le plus les chercheurs est l’émergence d’un groupe transmettant de la mésinformation. Ce groupe connaît bien le numérique et est extrêmement méfiant à l’égard des gouvernements, des experts et des grands médias canadiens. « La menace pour la démocratie est l’érosion lente et constante du consensus factuel, de la confiance dans les institutions et de la cohésion sociale, et non la pléthore d’activités en période électorale, affirme Aengus Bridgman. Les gouvernements, les médias, les entreprises de médias sociaux et le public ont tous un rôle à jouer pour restreindre l’effet pernicieux de la mésinformation pendant et après les élections. » Dans leur rapport, les chercheurs formulent des recommandations visant la résolution de ces problèmes et l’augmentation de la résilience du Canada face à la mésinformation.
Le rapport « Mis- and disinformation during the 2021 Canadian federal election a été publié par le Media Ecosystem Observatory », un projet de recherche de l’École de politiques publiques Max‑Bell de l’Université McGill et de l’École des affaires mondiales et des politiques publiques Munk de l’Université de Toronto.
Les perfectionnistes s’adaptent fort mal à la pandémie
Les effets de la pandémie sur la population se sont manifestés de différentes façons : certains ont saisi l’occasion d’essayer de nouvelles expériences pour composer avec la situation, alors que d’autres se désolaient de devoir renoncer aux projets qu’ils avaient faits et en éprouvaient de grands regrets.
Selon une étude récente dirigée par Shelby Levine, doctorante en psychologie à l’Université McGill, les étudiants très perfectionnistes et portés à se critiquer sévèrement ont été plus dépressifs et avaient davantage tendance à se concentrer sur les expériences manquées en raison de la pandémie que sur les leçons qu’ils avaient tirées. Selon les chercheurs, les perfectionnistes se sont moins bien adaptés, parce qu’ils ne voyaient que les éléments qui avaient échappé à leur contrôle. Les perfectionnistes peinaient à composer avec la situation et à trouver de nouvelles façons de regagner leur sentiment d’autonomie, de compétence et d’inclusion au sein d’un groupe. L’étude montre par ailleurs que le perfectionnisme est un facteur de vulnérabilité à la dépression; en effet, les sujets les plus perfectionnistes étaient moins aptes à s’adapter et à changer leur vision des choses.
Il s’agit de l’une des premières études où l’on s’est intéressé aux événements « manqués » dans un contexte de pandémie, alors que bien des gens ont dû, soudainement, renoncer à des événements importants. Fait intéressant, l’étude révèle que la majorité des sujets sont parvenus à reconnaître des expériences « gagnées » (qu’il s’agisse de moments passés en famille ou de gestes favorisant le bien-être personnel, par exemple), ce qui leur a permis d’atténuer la perte d’autonomie et de compétence et l’effritement des liens sociaux occasionnés par la pandémie, génératrice de grand stress. « En dressant un bilan des pertes et des gains, il pourrait être plus facile de reconnaître ce qu’on a gagné à l’issue d’une expérience difficile, ou encore de retrouver un sentiment d’autonomie, de compétence et d’inclusion dans un groupe social », explique la doctorante, qui a eu l’idée de cette recherche après avoir dû reporter son mariage à trois reprises en raison de la crise sanitaire. L’étude montre aussi que la pensée manichéenne peut nuire aux perfectionnistes. « Chez les étudiants universitaires, plusieurs sont perfectionnistes, et cette étude met le doigt sur les dangers de ce trait de personnalité », conclut Shelby Levine.
L’article « A not so perfect plan: An examination of the differential influence of multidimensional perfectionism on missed and gained events during the COVID-19 pandemic », par Shelby Levine et coll., a été publié dans Personality and Individual Differences.
L’influence des stéréotypes sur la première impression
L’influence des stéréotypes sur la première impression
Les jugements hâtifs fondés sur les apparences peuvent être lourds de conséquences et se répercuter sur les résultats d’élections ou sur les peines imposées au criminel. Les gens se fient aux caractéristiques faciales pour jauger rapidement les autres et déterminer, par exemple, si un inconnu est digne de confiance, ou encore, s’il est compétent. On a tendance à croire que la première impression est influencée par les traits du visage – comme la bouche recourbée vers le haut ou les sourcils pointant vers le bas et que ce processus est le même pour tout le monde –, mais une nouvelle étude indique que la race et le genre sont déterminants. Dans une étude dirigée par Sally Xie, candidate au doctorat, en collaboration avec les professeurs Eric Hehman et Jessica Flake du Département de psychologie, les participants devaient étudier des visages de personnes blanches, noires et est-asiatiques afin de les évaluer selon 14 caractéristiques, dont la compétence, la fiabilité, la cordialité et la force. Cette étude révèle que les stéréotypes que nous associons personnellement à chaque groupe influent sur l’impression que nous nous faisons d’une personne. Autrement dit, les gens ont des attentes par rapport aux membres des différents groupes sociaux, et ces attentes forment la base sur laquelle se forge leur opinion. C’est la première fois que l’on étudie en bonne et due forme le rôle des stéréotypes dans la formation de la première impression à la vue d’un visage.
L’article « Facial Impressions Are Predicted by the Structure of Group Stereotypes », par Sally Y. Xie et coll., a été publié dans Psychological Science.
Technologie
L’autoassemblage simple comme do, ré, mi | Des batteries de véhicules électriques peu coûteuses, c’est possible? | La dépendance au téléphone intelligent en hausse | Au menu dans l’espace | Téléphones mobiles et égalité des genres en politique | Envie de vous débrancher? Suivez le guide!
Envie de vous débrancher? Suivez le guide!
Passez-vous trop de temps à votre goût les yeux rivés à votre téléphone? Avez-vous du mal à réduire votre temps d’écran? Dans l’affirmative, sachez que nous sommes nombreux dans cette galère. Ceci dit, des chercheurs de l’Université McGill pourraient avoir trouvé une solution pour dompter cette dépendance : les coups de pouce, à savoir de petits changements apportés aux réglages du téléphone ou au comportement de son utilisateur. L’intervention comporte de multiples composantes; par exemple, on peut opter pour le filtre « niveaux de gris » et sortir le téléphone de la chambre à coucher pendant la nuit. Les participants qui ont appliqué l’intervention ont réduit leur temps d’écran, se sont sentis moins dépendants de leur téléphone et ont vu la qualité de leur sommeil s’améliorer, constatent les chercheurs.
« La plupart des participants passaient de quatre à cinq heures par jour sur leur téléphone. L’intervention a retranché environ une heure à ce temps d’écran quotidien et, dans certains cas, a libéré l’équivalent d’une semaine entière de travail à temps plein par mois », fait observer Jay Olson, le boursier postdoctoral de l’Université McGill qui a dirigé l’étude.
« Le téléphone intelligent et les médias sociaux font désormais partie de notre quotidien, mais de nombreuses personnes ont encore du mal à en faire une utilisation qu’elles jugent saine », explique le Pr Samuel Veissière, professeur de psychiatrie, qui a supervisé l’étude. « Notre intervention constitue un modeste élément de solution. »
L’équipe a récemment mis en ligne un site Web, Healthy Screens, où le grand public peut évaluer sa dépendance au téléphone en répondant à un bref questionnaire, puis découvrir des stratégies à mettre en œuvre pour faire un usage moins intense de cet appareil.
L’article « A nudge-based intervention to reduce problematic smartphone use: Randomised controlled trial », par Olson, J. A., Sandra, D. A., Chmoulevitch, D., Raz, A. et Veissière, S. P. L.[JF1] , a été publié dans la revue International Journal of Mental Health and Addiction.
Le téléphone mobile : une protection contre la violence conjugale
Les femmes qui possèdent un téléphone portable sont-elles moins vulnérables à la violence conjugale que les autres? C’est la question à laquelle Luca Maria Pesando, professeur adjoint au Département de sociologie, a entrepris de répondre en analysant des données recueillies dans dix pays à revenu faible ou intermédiaire. Après avoir pris en compte les facteurs socioéconomiques et le niveau de développement des collectivités, il a constaté que dans sept de ces pays, les femmes propriétaires d’un téléphone portable avaient été entre 9 et 12 % moins exposées à la violence émotionnelle, physique et sexuelle que les autres femmes au cours des douze mois précédant l’étude.
« Globalement, les résultats corroborent l’idée selon laquelle le téléphone mobile serait un outil d’autonomisation des femmes, particulièrement dans les pays et les populations les plus pauvres. La téléphonie mobile a également un effet protecteur pour les femmes puisqu’elle facilite les communications, élargit l’accès à l’information et favorise la mobilisation communautaire », explique le professeur Pesando.
Les données ont été recueillies avant la pandémie, mais on peut établir un parallèle important entre les conclusions de cette étude et la dynamique d’un ménage dans le contexte de la COVID-19. « Pendant les périodes de confinement, une femme et son agresseur sont obligés de rester ensemble pendant de longues périodes, ce qui augmente les risques d’exposition à la violence conjugale. Le téléphone mobile aide également les femmes à surmonter certains obstacles, et c’est particulièrement vrai pour les femmes qui n’ont pas accès à un réseau de soutien », ajoute le professeur, dont le travail s’appuie sur le constat de plus en plus évident que l’utilisation du téléphone mobile pourrait atténuer les inégalités entre les genres et ainsi contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies.
L’article « Safer If Connected? Mobile Technology and Intimate Partner Violence », par Luca Maria Pesando, a été publié dans Demography.
L’autoassemblage simple comme do, ré, mi
L’essor de la robotique et, plus précisément, de l’automatisation dans le secteur manufacturier a révolutionné la production mondiale des biens. Toutefois, des solutions plus polyvalentes et plus durables poignent à l’horizon. En effet, des chercheurs de l’Université McGill ont conçu une technique d’autoassemblage qui fonctionne à l’aide de vibrations musicales et qui pourrait, un jour, servir à la fabrication d’une variété de matériaux aux fonctions biomédicales, aérospatiales ou autres. S’appuyant sur des principes de mécanique et de physique, l’équipe – dirigée par Aram Bahmani du Département de génie mécanique et François Barthelat, de l'université du Colorado à Boulder – s’est servie de vibrations pour organiser de petits blocs en une structure préconçue. Les résultats concluants de cette expérience ouvrent la voie à de nouvelles méthodes rapides d’assemblage, de désassemblage et de réparation de matériaux et de structures plus complexes, notamment dans le corps humain. Ainsi, les chercheurs envisagent l’application de cette méthode à la coagulation du sang, l’idée étant de stopper rapidement les saignements après une blessure. Cette fonction pourrait aussi, à terme, s’appliquer à la guérison des os.
L’article « Vibration-driven fabrication of dense architectured panels », par Aram Bahmani et coll., a été publié dans Matter.
Des batteries de véhicules électriques peu coûteuses, c’est possible?
Une accessibilité accrue aux véhicules électriques et aux énergies renouvelables passe nécessairement par la création d’une batterie aux ions de lithium rechargeable peu coûteuse, à haute densité énergétique et durable. Une équipe de chercheurs de l’Université McGill, dirigée par le professeur Jinhyuk Lee au Département de génie des mines et des matériaux, a réalisé la première analyse poussée d’une nouvelle catégorie prometteuse de cathodes de batterie aux ions de lithium. Bon marché et de grande capacité, ces cathodes sont composées de sels de manganèse à structure désordonnée, un matériau peu coûteux et abondant. La recherche a fait ressortir quatre améliorations que les scientifiques devront absolument apporter afin de mettre au point et de commercialiser une nouvelle génération de batteries aux ions de lithium rentables, de grande densité énergétique et à ultra-haute performance : réduire la porosité des électrodes, maximiser le contenu en matière active, améliorer la conductivité électronique et éviter l’utilisation de particules pulvérisées. Les résultats de cette recherche pourraient mener à une augmentation de la densité énergétique et de la rentabilité des batteries aux ions de lithium, et contribuer à rendre les véhicules électriques très abordables. En fait, ces travaux sont si prometteurs que le professeur Lee a reçu plusieurs subventions du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et qu’il obtiendra bientôt une subvention importante d’un fabricant de batteries de véhicules électriques. Une annonce officielle à cet égard sera faite sous peu.
L’article « Toward high-energy Mn-based disordered-rocksalt Li-ion cathodes », par H. Li, R. Fong et coll., a été publié dans Joule.
La dépendance au téléphone intelligent en hausse
Le lien entre les téléphones intelligents et la santé mentale demeure flou, mais selon des chercheurs mcgillois, les données de près de 34 000 participants dans 24 pays semblent indiquer que la dépendance au téléphone intelligent a connu une hausse considérable partout dans le monde entre 2014 et 2020. Dans cette étude, la Chine et l’Arabie saoudite présentaient les taux de dépendance au téléphone intelligent les plus élevés, tandis que l’Allemagne et la France présentaient les taux les plus faibles. Un échantillon recueilli à l’Université McGill a également révélé un taux plutôt élevé pour le Canada. D’après les chercheurs, les écarts entre les pays pourraient être attribuables aux différences dans les normes sociales et les attentes culturelles à l’égard de l’utilisation du téléphone intelligent pour garder contact avec ses proches. Leurs conclusions sur l’augmentation de la dépendance au téléphone intelligent reposent sur l’analyse de 81 études effectuées auprès d’adolescents et de jeunes adultes du monde entier au moyen de l’échelle de la dépendance au téléphone intelligent (Smartphone Addiction Scale), l’outil de mesure le plus utilisé pour établir des liens entre l’utilisation d’un téléphone intelligent et les perturbations de la vie quotidienne, la perte de contrôle et les symptômes de sevrage. L’équipe a également créé un site Web permettant au grand public de comparer son niveau de dépendance au téléphone intelligent à celui d’autres pays. Le site renferme aussi des conseils pour la réduction du temps d’écran.
L’article « Smartphone addiction is increasing across the world: A meta-analysis of 24 countries », par Jay Olson et coll., a été publié dans Computers in Human Behavior.
Au menu dans l’espace : pâte de grillons et cocktails de spiruline
Les voyages dans l’espace lointain seront peut-être bientôt possibles, mais de quoi se nourriront les astronautes quand leurs missions les emmèneront loin de la Terre pendant des années? Deux équipes dirigées par des étudiants mcgillois ont été sélectionnées comme demi-finalistes du Deep Space Food Challenge, une initiative conjointe de la NASA, de l’Agence spatiale canadienne et d’Impact Canada.
Le premier de ces deux projets est une solution inédite d’élevage et de récolte de grillons propres à la consommation humaine : à partir de quelques centaines d’œufs, l’équipe du projet prévoit que le système d’élevage, de collecte et de transformation des insectes permettra de produire rapidement, chaque mois, des dizaines de milliers de grillons, qui seront réduits en poudre. La fine mouture ainsi obtenue sera conservée en toute sécurité dans l’unité de production, puis hydratée afin de former une pâte comestible, un ingrédient polyvalent et riche en protéines.
Le deuxième projet, le photobioréacteur InSpira, est un système hautement automatisé de culture, de récolte et de conditionnement de boissons à base de spiruline. Ce type d’algue bleu-vert au fort pouvoir nutritif est généralement proposé comme complément alimentaire dans les boutiques d’aliments naturels. Le photobioréacteur unique, dont le fonctionnement repose sur un système de cartouches, est couplé à une unité interne de récolte, de déshydratation et de transformation de la culture en denrées comestibles.
Les équipes construiront bientôt des prototypes des solutions qu’elles proposent pour la production alimentaire dans l’espace.
Découvrez « Deep Space Dine », de l’unité Recherche et innovation, de l’Université McGill.
Téléphones mobiles et égalité des genres en politique
Les utilisateurs de téléphones portables sont-ils plus en faveur de l’égalité des genres en politique? Une équipe internationale de recherche, dont fait partie Luca Maria Pesando, professeur adjoint au Département de sociologie de McGill, a entrepris d’explorer la question dans 36 pays africains. Les chercheurs ont constaté que l’utilisation régulière de téléphones mobiles est associée à des opinions plus positives à l’égard de la participation des femmes à la politique, toutefois observées uniquement chez les femmes et non chez les hommes. Ces résultats renforcent l’idée que l’adoption de la technologie par les femmes, en améliorant la connectivité, en élargissant l’accès à l’information et les réseaux physique et virtuel de chacune, peut être un levier prometteur pour promouvoir l’égalité des sexes et le bien-être social, ainsi que pour atteindre certains des objectifs de développement durable des Nations unies. Les chercheurs soulignent également une question importante, quoique souvent négligée : les politiques qui visent à modifier les opinions fondées sur le genre s’adressent souvent aux femmes, mais les opinions des hommes peuvent s’avérer plus difficiles à modifier, et nécessitent des approches différentes.
L’étude « Mobile Phones and Attitudes toward Women’s Participation in Politics: Evidence from Africa » a été publiée dans Sociology of Development.