La Dre Anne-Louise Lafontaine dirige le service de neurologie au CUSM et est la directrice de la Clinique des troubles du mouvement au Neuro. Elle a fondé la clinique face à la nécessité cruciale pour les patients atteints de la maladie de Parkinson de recevoir les soins et le soutien de professionnels paramédicaux. La clinique interdisciplinaire est reconnue pour ses soins exceptionnels et a été désignée centre d’excellence de la Parkinson Foundation des É.-U., l’un des rares au Canada. La Dre Lafontaine, très passionnée par la formation de la prochaine génération de responsables des soins de santé, a reçu nombre de prix prestigieux pour son enseignement clinique.
La vidéo qui lui est consacrée révèle une source d’inspiration inattendue qui a façonné sa carrière.
1. Comment est-ce, prendre soin d’un patient? Quel est l’élément le plus important pour vous lorsque vous soignez un patient?
C’est un privilège d’être avec un patient, car ensemble vous faites face à un des plus grands défis de sa vie. Il fonde beaucoup de confiance et d’espoir à votre égard en tant que médecin pour l’orienter dans la bonne direction.
Je me rappelle un jeune patient que j’ai soigné tôt dans ma carrière, quand j’étais physiothérapeute. Il était atteint de quadriparésie (faiblesse des quatre membres) à la suite d’un accident de plongeon dans une piscine. Je me souviens de mon sentiment de quasi-inutilité, car je ne pouvais pas faire bouger les muscles, mais le patient comptait tout de même sur mon soutien et attendait mes visites avec impatience. J’ai pris conscience que soigner une personne va au-delà de sa remise en état ou de sa guérison complète; en fait, être attentif à ses besoins est ce qui importe. Cela m’a aidée à m’adapter au fait que même en présence de maladies évolutives pour lesquelles il n’existe aucun traitement curatif, notre rôle d’accompagnement et de soutien est très important.
2. Qu’avez-vous appris de vos patients parkinsoniens au fil des ans?
Mes patients m’ont appris ce que la dignité signifie vraiment. La résilience dont j’ai été témoin chez des patients injustement atteints d’une maladie terrible m’impressionne. Ces patients m’apprennent le plus sur la dignité dont ils font preuve dans leur souffrance.
3. Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
Mes enfants! La surprise la plus grande est de constater à quel point les enfants changent votre vie de maintes façons positives qu’on ne pouvait même pas imaginer. Jusqu’à ce que j’aie mes enfants, je n’avais aucune idée des inquiétudes et, bien sûr, de l’amour et du souci qu’on ressent à leur endroit. Maintenant, je comprends qu’ils demeureront des enfants à jamais, car en tant que parent on veut toujours ce qu’il y a de mieux pour eux. Je dirais sans le moindre doute que d’avoir des enfants constitue ma plus grande réalisation.
4. À titre de responsable du service de neurologie au CUSM et directrice de la Clinique des troubles du mouvement du Neuro – vos journées sont bien remplies, que faites-vous pour vous délasser?
La voile vint en tête de liste pour moi et nous la pratiquons en famille. Ce que j’aime de la voile, c’est qu’on est vraiment confrontés aux éléments. J’aime être sur l’eau par beau temps, mais même par mauvais temps, c’est merveilleux d’être près de la nature. Il y a quelques années, nous avons fait l’acquisition d’un voilier assez grand pour quatre personnes et nous passons une partie de l’été à naviguer, souvent dans la région des Mille-Îles. Comme il n’y a aucun Internet pour distraire les enfants, ils communient vraiment avec la nature. Quand on navigue, des défis ou des éléments de surprise vous forcent à toujours rester alertes. C’est une façon vraiment paisible de passer du temps de qualité avec vos enfants.
Mes enfants et ma famille sont source de réconfort après le travail. Ce qu’il y a de bien avec eux, c’est qu’un tout autre univers vous attend à votre arrivée chez vous. Tout ce que vos enfants désirent, c’est d’être aidés dans leurs devoirs, de manger et de vous raconter leur journée. Ils ont besoin de vous, alors vous retroussez vos manches et vous oubliez ce qui pourrait vous avoir préoccupé plus tôt.