Les cellules souches favoriseraient-elles la récidive des tumeurs cérébrales ?

Après une décennie de recherche, un clinicien-chercheur de renom du Neuro espère que la réduction de l’activité des cellules souches dans le cerveau pourrait contribuer au traitement du glioblastome

Le glioblastome est la tumeur cérébrale maligne la plus agressive et la plus courante, avec un taux de récidive élevé et une survie moyenne de moins d’un an en l’absence de traitement. En raison de la complexité de ces tumeurs, les progrès dans le développement de traitements se font encore attendre. Selon la Fondation des tumeurs cérébrales, le Canada affiche l’une des incidences de tumeurs cérébrales les plus élevées au monde, avec 27 personnes diagnostiquées chaque jour. Une statistique alarmante pour un cancer qui affecte profondément le sentiment de soi d’un individu, avant même qu’il ne commence à affecter sa personnalité, ses capacités cognitives ou son indépendance.

Après une décennie de recherche, un clinicien-chercheur de premier plan du Neuro espère que la réduction de l’activité des cellules souches dans le cerveau pourrait contribuer au traitement du glioblastome.

Comprendre les tumeurs, une cellule à la fois

« Depuis 100 ans, nous étudions la partie de la tumeur retirée lors de l’opération, ce qui nous a permis d’en apprendre beaucoup », explique Petrecca, chercheur de renommée mondiale spécialisé dans le glioblastome. « L’échec des traitements actuels est dû à ce qui reste dans le cerveau. Nous n’y avions pas accès, ce qui a rendu difficile le développement de thérapies efficaces. »

La résolution spatiale unicellulaire, une technique d’imagerie révolutionnaire introduite il y a plus de dix ans, a permis aux scientifiques d’analyser les profils d’expression génétique à l’intérieur de cellules individuelles tout en préservant leur localisation précise dans un tissu.

« Cette innovation a révolutionné la recherche. Si l’on considère la tumeur dans son ensemble, elle peut sembler plus ou moins homogène. Cependant, lorsque l’on isole des cellules individuelles, on constate qu’il existe en réalité de nombreux types différents et qu’une grande partie des cellules cancéreuses qui envahissent le cerveau n’étaient même pas visibles à l’IRM », a-t-il déclaré.

Un cerveau à l’intérieur du cerveau

Cette nouvelle technique d’imagerie a permis à Petrecca et à son équipe de comprendre que le glioblastome est une forme de neurodéveloppement qui a mal tourné. « Au cours des dix dernières années, les recherches de mon laboratoire ont été basées sur le pari que les cellules souches étaient le facteur le plus important du glioblastome, et qu’elles n’avaient pas été suffisamment étudiées auparavant », a noté Petrecca.

Le cerveau possède des cellules souches neurales (CSN) qui soutiennent son développement et son maintien tout au long de la vie. Ces cellules sont essentielles à la génération de nouveaux neurones et de cellules gliales (comme les astrocytes et les oligodendrocytes) nécessaires à l’apprentissage et à la réparation. Cependant, chez certains individus, la prolifération des cellules souches est dérégulée et l’impressionnante capacité de ces cellules à se reproduire rapidement se retourne contre le cerveau.

« Le glioblastome contient des milliards de cellules, organisées comme un cerveau à l’intérieur d’un cerveau. Auparavant, on pensait que les tumeurs contenaient peu de cellules souches et qu’elles ne se divisaient pas. Or, 30 % d’une tumeur de glioblastome est constituée de cellules souches, qui ne font que se multiplier. Nous n’avions jamais eu de traitement spécifique à ces cellules auparavant », a-t-il expliqué.

Faire maturer des cellules souches

Afin d’accélérer l’accès aux traitements, Petrecca et son équipe se sont concentrés sur les thérapies existantes, les testant sur des échantillons de tumeurs afin de déterminer si elles pouvaient produire les effets biologiques escomptés. Parmi celles-ci, une approche semblait particulièrement prometteuse.

« En laboratoire, nous avons utilisé des inhibiteurs des récepteurs NOTCH pour forcer la maturation des cellules souches, car les cellules plus matures ne se divisent pas. Si nous parvenons à pousser les cellules souches à ce stade ultérieur, nous pourrions ralentir la croissance tumorale », explique Petrecca.

Les inhibiteurs des récepteurs NOTCH sont déjà utilisés dans le cancer du sein et dans plusieurs maladies psychiatriques ; il s’agit d’un médicament approuvé et bien toléré à la dose appropriée. Et surtout, il est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique pour atteindre le cerveau et la tumeur.

Mieux gérer les récidives

Bien que les résultats obtenus en laboratoire sur les tissus tumoraux soient prometteurs, le Dr Petrecca lancera une étude de phase 2 à l’Unité de recherche clinique du Neuro afin d’évaluer l’impact de l’utilisation d’inhibiteurs des récepteurs NOTCH chez un patient récemment diagnostiqué d’un glioblastome, après un traitement standard par chimiothérapie et chirurgie.

La composition génétique des tumeurs cérébrales peut varier considérablement, et le participant à cette étude devra présenter un type de tumeur qui semble être stimulé par la croissance des cellules souches. Grâce au séquençage de cellules uniques, l’équipe comparera la présentation cellulaire avant et après le traitement, en plus d’autres tests, afin de valider si le traitement produit l’effet biologique escompté. Si tel est le cas, le patient aura la possibilité de poursuivre le traitement par inhibiteur des récepteurs NOTCH, en plus de la norme des soins.

« Quel que soit le résultat, nous devons en tirer des leçons. Nous verrons ce que la biologie nous apprend et comment la tumeur réagit au traitement chez un patient donné. Bien que cette étude constitue un premier test de cette hypothèse, les bénéfices potentiels pourraient être très prometteurs », conclut Petrecca.

 

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