Poème dédié à P.-A. Crépeau

À un professeur de droit civil

David L. Sterns, BCL’91, LLB’91. Publié dans le Quid Novi, 2 novembre 1987

Paul-André Crépeau, undated photoMonsieur le professeur Crépeau, j’ai mûrement réfléchi,
Avant d’écrire chaque mot de cette lettre-ci,
Car chaque mot a un sens et un sens très précis,
Et c’est dans ce sens-là que je pense quand j’écris.

Mais je suis bouleversé, je ne sais plus quoi penser,
Je suis dans un abîme, m’en sortirais-je jamais?
Il y a des mots dans notre droit, des principes étrangers,
Tel « invitee » qui ne furent jamais invités.

De surcroît, il y a un « trespasser » qui empiète sur notre droit,
Vilain envoyé, dit-on, de la « Common Law ».
« Qu’est-ce que vous faites là? » je lui demande dans mes rêves,
En brandissant mon Code Civil comme dans une guerre sans trêve.

Croyez-le, Maître Crépeau, je suis un Civiliste,
Amoureux de Savatier, Pothier, Portalis.
Quels chefs-d’œuvre, quels délices, comme leurs mots sont sages,
Que je m’enivre de l’odeur de raison de leurs pages.

Monsieur le professeur Crépeau, passez-moi le flambeau,
Ou venez avec moi pour faire casser Wabasso,
Nous trouverons cinq juges qui ont au moins quatre-vingt-dix ans,
Qui ont étudié le droit civil et qui ne parlent que le Latin.

Ou encore, mon professeur, si vous êtes d’accord,
Nous ferons notre propre tribunal, nous nous appellerons les « Lords ».
Et nous dirons ensemble sur un ton bien franc,
« Nous renvoyons la Common Law chez elle, avec dépens. »

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