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L'Estrogénothérapie semble prévenir l'émoussement de la mémoire chez les femmes ‚gées

Publié: 11 October 2000

«Le vieillissement normal n’agit pas sur la mémoire immédiate des personnes âgées. Celle-ci reste en effet aussi performante que lorsqu’ils avaient 30 ans. Il en va de même pour la mémoire des faits anciens», précise Barbara Sherwin, professeur aux départements de psychologie et d’obstétrique et gynécologie de l’Université McGill. «Toutefois», ajoute la fondatrice et codirectrice de la Clinique de la ménopause de l’Hôpital Royal Victoria, «notre capacité à apprendre – à coder de nouvelles informations, à les consolider et à les extraire – diminue avec l’âge. Nos études ont démontré que l’œstrogénothérapie substitutive chez les femmes post-ménopausées prévenait une partie de la détérioration de l’aptitude à apprendre et à mémoriser de nouvelles informations.»

Les hommes et les femmes sécrètent des oestrogènes et des androgènes, encore qu’en quantités différentes. Les ovaires sécrètent plus de 90% des oestrogènes chez la femme mais cessent d’en produire après la ménopause. Même si les glandes masculines ne sécrètent que de petites quantités d’œstrogènes, une enzyme convertit une partie de la testostérone en œstrogènes. Les hommes sécrètent de la testostérone toute leur vie, en quantités inférieures au fur et à mesure qu’ils vieillissent, alors que la ménopause met un terme à la production d’hormones reproductives chez la femme au début de la cinquantaine. Cela a pour effet d’agir, entre autres, sur leur mémoire verbale pendant le dernier tiers de leur existence.

En 1988, le docteur Sherwin a publié les premières preuves démontrant que les œstrogènes préservaient la mémoire verbale et amélioraient la capacité d’apprendre des femmes post-ménopausées. Plus tard, elle a démontré que l’œstrogénothérapie substitutive avait le même effet sur les femmes qui, à la fin de la trentaine et au début de la quarantain, étaient victimes d’un fléchissement brusque des concentrations circulantes d’œstrogènes après l’ablation chirurgicale de leurs ovaires et de leur utérus. «Les femmes à qui l’on a administré un placebo après la chirurgie se sont plaintes d’avoir de la difficulté à se souvenir des choses, à devoir faire des listes (ce qui ne leur arrivait jamais auparavant) et obtenaient des résultats inférieurs aux tests de mémoire verbale», souligne le docteur Sherwin. «Par contre, les scores des femmes à qui l’on a administré des œstrogènes en post-opératoire aux mêmes tests de mémoire n’ont pas changé. Les œstrogènes semblent donc prévenir une partie du déclin de l’aptitude à apprendre et à mémoriser de nouvelles données après la ménopause.

Ce printemps, les Instituts canadiens de recherche en santé (anciennement Conseil de recherches médicales du Canada) ont octroyé une Bourse de scientifique émérite dans la catégorie Recherche en santé à Barbara Sherwin pour ses études sur les hormones stéroïdiennes et les fonctions cognitives des femmes âgées. Elle entend maintenant étudier le rôle possible de la testostérone, autre hormone secrétée par les ovaires, sur différents aspects de la cognition chez les femmes.

Même si les résultats de ses recherches ont démontré que les œstrogènes constituaient une protection contre l’émoussement de la mémoire explicite chez les femmes âgées en bonne santé, le docteur Sherwin précise que cela ne signifie pas pour autant que les œstrogènes permettent de traiter la maladie d’Alzheimer. «Rien ne permet à l’heure actuelle de prouver que les œstrogènes peuvent inverser les pertes de mémoire que provoque la maladie d’Alzheimer, sans doute parce que les femmes concernées ont déjà perdu trop de cellules cérébrales au moment où le diagnostic est posé. Toutefois, plusieurs études ont démontré que l’œstrogénothérapie substitutive réduisait l’incidence de la maladie d’Alzheimer chez les femmes âgées », précise le docteur Sherwin.

Le docteur Sherwin fait partie du Conseil consultatif externe de la Women’s Health Initiative Memory Study, une importante étude longitudinale subventionnée par les National Institutes of Health des États-Unis, auxquels prennent part 26 établissements américains. En 1995-1996, 10 000 femmes de plus de 69 ans ont été affectées par randomisation à un traitement avec œstrogènes ou à un traitement avec placebo pendant neuf ans pour déterminer si les œstrogènes réduisaient bel et bien l’incidence de la maladie d’Alzheimer. «En 2005, nous saurons si l’œstrogénothérapie substitutive peut effectivement différer l’installation de la maladie d’Alzheimer chez les femmes âgées», conclut le docteur Sherwin.

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