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La propagation de la COVID 19 favorisée par les inégalités de revenu et la confiance

Les résultats d’une étude menée dans 84 pays établissent un lien entre la confiance et l’appartenance sociale, d’une part, et la mortalité liée à la COVID 19, d’autre part
Publié: 7 October 2020

Selon une étude de grande envergure dirigée par l’Université McGill et portant sur l’observation du taux de mortalité lié à la COVID‑19 dans 84 pays sur une période de 30 jours, il existe une corrélation entre la confiance que voue la population aux institutions publiques et une mortalité plus faible. L’étude établit également un lien entre l’existence d’importantes inégalités de revenu et le nombre de décès liés à la COVID‑19.

Menée par des chercheurs de l’Université McGill et publiée dans la revue Social Science & Medicine, l’étude est la première à démontrer la corrélation entre les disparités mondiales en matière de mortalité liée à la COVID‑19 et les inégalités de revenus. Elle comprend également des sondages sur la confiance sociale et la confiance envers les institutions publiques représentant 86 % de la population mondiale.

Le hic avec la confiance

L’analyse révèle que la mortalité liée à la COVID-19 serait corrélée à des disparités de niveau de confiance. En effet, elle établit un lien entre le manque de confiance vis-à-vis des institutions étatiques et un nombre accru de décès, ce qui concorde avec les résultats de travaux menés pendant les pandémies de SRAS et de H1N1. Contre toute attente, les chercheurs ont toutefois constaté qu’il existait également un lien entre la confiance et l’appartenance sociale, d’une part, et la mortalité, d’autre part. En temps de crise, il est tout à fait normal de vouloir se rapprocher de ses amis et de sa famille. Néanmoins, dans certains pays, une telle confiance et un tel désir de socialisation peuvent nuire aux efforts de distanciation physique mis en œuvre pour enrayer la transmission.

En outre, on observe parfois chez les groupes très soudés un renforcement des comportements à risque pour la santé. Ainsi, les sociétés caractérisées par un fort niveau de confiance pourraient être plus enclines à être mal informées sur la gravité de la COVID-19, à recourir à de faux remèdes et à adopter une attitude méprisante à l’égard de la distanciation physique. « Les gens pensent que faire confiance aux autres et appartenir à un groupe sera bénéfique pour leur santé, ce qui est habituellement le cas. Mais dans un contexte de pandémie, où chacun doit prendre ses distances, il peut être préjudiciable de vouer une confiance aveugle à autrui », explique Frank Elgar, auteur principal de l’étude, professeur à l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités sociales en matière de santé des enfants.

En revanche, l’étude démontre qu’il y a moins de décès parmi les groupes qui font davantage confiance aux institutions publiques et chez qui on observe une implication citoyenne, sans doute en raison du fait qu’ils encouragent les gens à porter un masque, à se laver les mains et à respecter la distanciation physique. Les chercheurs remarquent que les sommations à faire des compromis personnels au nom du bien commun, dont le port du masque en public, reçoivent un accueil plus favorable auprès des groupes impliqués dans la société.

« En temps de pandémie, les gouvernements et autres organisations ont tout intérêt à tirer parti de cet engagement en appuyant les initiatives qui permettent aux gens de se côtoyer, de rester impliqués au sein de leur collectivité et de poursuivre leurs activités culturelles de manière sécuritaire. »

La santé en temps de pandémie : outre la pauvreté, les inégalités aussi en caus

Outre certains facteurs, tels que la richesse nationale et l’âge de la population, les chercheurs ont constaté que les inégalités de revenu étaient elles aussi associées à un nombre accru de décès. « Les pays où l’écart entre les riches et les pauvres est plus marqué, comme les États-Unis, la Russie et le Brésil, enregistrent un plus grand nombre de décès liés à la pandémie », ajoute le professeur, également membre du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine.

« Dans de nombreux pays, les emplois essentiels du commerce au détail, des transports en commun et des soins de santé sont majoritairement occupés par des travailleurs à bas salaire pour qui il est difficile de pratiquer la distanciation physique », ajoute-t-il. Le taux de mortalité considérablement plus élevé enregistré dans les pays caractérisés par de fortes inégalités économiques – et non pas nécessairement les pays les plus pauvres – pourrait s’expliquer par le fait que les employés à faible revenu ont été davantage exposés au virus et ont eu un accès limité aux services de santé. Les chercheurs mentionnent toutefois que les pays riches pourraient également disposer de données plus précises et que les délais de transmission du nombre de décès aux autorités sanitaires y seraient plus courts.

« Ces résultats en disent long sur les difficultés qui pourraient survenir lors de la deuxième vague de la pandémie, et sur notre capacité à nous en protéger », conclut le Pr Elgar.

L’étude

L’article « The trouble with trust: Time-series analysis of social capital, income inequality, and COVID-19 deaths in 84 countries », par Frank Elgar, Anna Stefaniak et Michael Wohl, a été publié dans la revue Social Science & Medicine.

DOI : https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2020.113365

L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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