Un chaînon manquant en enseignement
Les sondages révèlent que près de la moitié des Américains et un grand nombre de Canadiens jugent inexacte la théorie de lévolution, à tel point quils rejettent sa factualité scientifique. Plus grave encore est lopposition à lenseignement de lévolution, qui se fait de plus en plus soutenue. La National Academy of Sciences juge que cette situation pourrait même freiner lavancement des sciences et des techniques lorsque les étudiants daujourdhui deviendront les dirigeants des futures générations. Un grand nombre dorganismes scientifiques importants et hautement respectés, de même que des chercheurs, se sont fait lécho des préoccupations de la National Academy of Sciences.
Cest là quintervient le professeur Brian Alters, spécialiste des sciences de léducation à la faculté des sciences de léducation de lUniversité McGill et chercheur invité au Philosophy of Education Research Center de lUniversité Harvard. Celui-ci cherche à savoir pourquoi les étudiants nourrissent tant didées fausses sur lévolution et ce quil est possible de faire pour améliorer lenseignement de cette théorie. «Laffaire nest pas simple» , explique-t-il,«car le concept est pour la plupart des étudiants contraire à lintuition et il revêt pour beaucoup de multiples connotations religieuses» . De plus, de nombreux organismes religieux fondamentalistes bien subventionnés sopposent activement à lenseignement de la théorie de lévolution du fait de la lecture littérale quils font de la Genèse. En conséquence, ce domaine de recherche fait de Brian Alters la cible de tous ceux qui espèrent que ses recherches échoueront. Cela ne lempêche pas de continuer, et il trouve même que leffet souvent synergétique des idées fausses sur lévolution, linterprétation religieuse et laction politique sont assez stimulantes (il était auparavant policier en Californie du Sud).
Lune de ses études a porté sur 1 200 étudiants de première année de collèges et duniversités aux États-Unis. Il vient dailleurs dobtenir des fonds pour mener des recherches sur les différences culturelles entre les francophones et les anglophones du Québec pouvant jouer un rôle dans lenseignement et lapprentissage de lévolution. Il vient tout juste de constituer un groupe de professeurs de différentes départements, facultés, écoles et universités pour mener des recherches sur lenseignement de lévolution. Ce groupe est formé de spécialistes de lévolution biologique, de la psycho-éducation, de lenseignement de lévolution, de la géologie, de la biologie moléculaire, de la paléontologie, de la philosophie des sciences, de la philosophie des sciences de léducation et des sciences de léducation.
Ses recherches, dont lobjectif ultime est daméliorer les connaissances scientifiques de tous, visent à mieux comprendre les facteurs qui agissent sur lapprentissage de lévolution et daméliorer à tous les niveaux lenseignement des concepts fondamentaux des sciences de la vie. Les résultats des recherches de Brian Alters ont été publiés dans diverses revues et exposés dans les colonnes de Scientific American et du New York Times. Il publiera un livre sur le sujet lan prochain.
Nota Bene: Mme Eugenie Scott, directrice exécutive du National Center for Science Education, prononcera une conférence en anglais sur «La grande controverse» à McGill, le 6 octobre, pavillon Stephen Leacock, amphithéatre Fieldhouse, à 20 h. Libre entrée.