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L’identification des sites canadiens à protéger soulève un problème

Une carte d’un nouveau genre des sites les plus importants en matière d’eau potable, d’espaces de plein air et de stockage du carbone pourrait devenir un outil en protection de l’environnement
Publié: 5 January 2021

Pour enrayer la perte de biodiversité, le Canada s’est récemment engagé à protéger 30 % de ses terres et océans d’ici 2030. Il est toutefois difficile de déterminer les endroits qui méritent d’être ajoutés à la liste des zones à protéger. Ces décisions dépendent de données qui ont notamment trait à la biodiversité et à une série d’avantages que les humains tirent de la nature, dont l’approvisionnement en eau douce, l’action de régulation du climat et les espaces de plein air. Selon la nouvelle carte, malgré l’immensité du territoire canadien, moins de 1 % du territoire du pays (soit 0,6 % de sa superficie totale, ou environ 56 000 km2) offre tous ces avantages réunis. En outre, l’étude parue aujourd’hui dans la revue Environmental Research Letters, révèle que certains des principaux espaces naturels où l’homme tire ces avantages ne sont pas protégés pour le moment, et pourraient être menacés par les activités liées à l’extraction des ressources naturelles actuelles et à venir.

« Cette étude arrive à point nommé, puisqu’elle devrait aiguiller les différents paliers gouvernementaux dans l’élaboration de plans de conservation qui profiteront à la fois aux humains et à la nature », explique Elena Bennett, de l’École de l’environnement Bieler de l’Université McGill et coauteure de l’étude menée par une équipe de chercheurs de plusieurs institutions, dont l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université McGill, l’Université Carleton et le programme de conservation de Yellowstone au Yukon (Y2Y).

Identification des régions du Canada offrant d’importants services écosystémiques

Cet article met en lumière plusieurs régions du pays qui revêtent une importance particulière en raison des services écosystémiques qu’elles rendent, notamment en matière d’approvisionnement en eau douce (utilisée pour l’irrigation, la consommation d’eau potable et la production d’hydroélectricité), de régulation du climat (comme le font les forêts et les milieux humides en emprisonnant le carbone), ou d’espaces naturels propices aux activités de plein air.

On y retrouve les forêts de la Colombie‑Britannique et les basses terres de la baie d’Hudson pour leur rôle de stockage du carbone, tant en surface que sous terre; le centre nord du Québec, les montagnes de l’est de la Colombie-Britannique, le versant oriental des Rocheuses en Alberta et la rive nord du lac Supérieur pour leurs réserves d’eau douce; ainsi que les montagnes Rocheuses, l’est de l’Ontario et le sud du Québec pour leurs espaces de plein air.

« Le Canada peine à déterminer les zones qu’il doit protéger et le moyen adéquat pour y parvenir. L’exemple de l’ouest de l’Alberta illustre bien la manière dont on pourrait utiliser nos travaux. Nous y montrons que le versant oriental des Rocheuses est l’un des sites les plus importants au pays en raison de la combinaison des services qu’il offre en matière d’eau douce, de stockage du carbone et d’espaces de plein air; et c’est sans compter la faune et la flore qu’il abrite. Pourtant, la région est notamment menacée par les mines de charbon à ciel ouvert », explique Aerin Jacob, coauteure et scientifique en conservation à l’initiative de conservation Y2Y.

Une question d’offre et de demande

Fait crucial, mais fort inhabituel, les méthodes de cartographie utilisées ont tenu compte non seulement de la capacité de la nature à offrir ces avantages, mais aussi de l’accès et de la demande de la population à leur égard.

« La plupart des études qui s’intéressent aux avantages de la nature profitant aux humains n’évaluent que les situations dans lesquelles la nature a le potentiel de fournir ces avantages. Là où la pluie tombe, par exemple. Notre travail consiste également à modéliser et à cartographier l’accès et la demande des êtres humains. Cela nous a permis de déterminer les régions où les humains tirent réellement des avantages de la nature, comme celles d’où provient l’eau que nous buvons ou que nous utilisons en agriculture ou pour produire de l’hydroélectricité, explique Matthew Mitchell, auteur principal et associé de recherche de l’Institut des ressources, de l’environnement et de la durabilité de l’Université de la Colombie-Britannique. Les gouvernements ont besoin de ces deux types de données pour prendre des mesures visant à protéger le bien-être de la population. Des études comme la nôtre peuvent aider la société à y parvenir. »

Documentation :
Consulter les cartes résultant de l’étude sur https://forbasin.forestry.ubc.ca/ES_CAN/.
Cliquez ici pour télécharger des photos de haute définition.
L’article « Identifying key ecosystem service providing areas to inform national-scale conservation planning », par Matthew G. E. Mitchell et coll., a été publié dans la revue Environmental Research Letters.
DOI : 10.1088/1748-9326/abc121

L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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