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Cancer du rein : une analyse génétique pour déterminer le risque de récidive

Le séquençage de l’ADN pourrait permettre de mieux prédire le risque de récidive et conduire, un jour, à des traitements plus personnalisés
Health worker holding patient's hand / Travailleuse de la santé tenant la main d’un patient
Publié: 23 February 2023

L’étude des mutations présentes dans une tumeur rénale cancéreuse retirée par voie chirurgicale pourrait permettre d’évaluer plus précisément le risque de récidive. C’est ce qui ressort des résultats les plus récents d’une étude internationale échelonnée sur dix ans.

Cette étude a été menée par une équipe de 44 chercheurs(-euses) en poste dans 23 établissements d’Europe et du Canada, dont l’Université McGill. C’est la première fois qu’une étude d’une telle envergure permet d’établir un lien entre les changements génétiques survenant dans le cancer du rein et les résultats cliniques.

Chaque année, plus de 400 000 personnes reçoivent un diagnostic de cancer du rein dans le monde, dont 8 100 au Canada et 81 800 aux États-Unis. « Nos travaux révèlent que nous pourrions peut-être mieux évaluer le risque individuel en étudiant les mutations génétiques présentes dans les tissus cancéreux, souligne Yasser Riazalhosseini, professeur adjoint de génétique humaine et chef de l’unité Génomique du cancer à l’Institut de médecine génomique Victor-Phillip-Dahdaleh de l’Université McGill.

« On analyse déjà les mutations par séquençage de l’ADN dans d’autres types de cancers, alors on pourrait le faire facilement pour les personnes atteintes d’un cancer du rein », ajoute le professeur.

Au cours de l’étude publiée aujourd’hui par l’Université de Leeds et l’Université McGill, on a examiné les changements touchant l’ADN dans plus de 900 échantillons de cancer du rein et divisé les patient(e)s en quatre groupes en fonction de la présence de mutations dans 12 gènes définis. On a également déterminé s’il y avait eu récidive du cancer chez chacune de ces personnes.

L’équipe de recherche a constaté que dans un des groupes, quelque 91 % des personnes étaient exemptes de récidive cinq ans après l’intervention chirurgicale : on pourrait donc peut-être leur éviter des traitements inutiles. En revanche, dans un autre des groupes, le pourcentage de personnes exemptes de récidive après cinq ans était beaucoup plus faible, soit 51 % : ici, un traitement plus agressif s’imposerait.

Prévention des récidives

À l’heure actuelle, le médecin évalue le risque de récidive du cancer du rein à partir de certaines caractéristiques, comme la taille de la tumeur et son agressivité apparente à l’examen microscopique. Sachant que 30 % des cancers du rein non métastatiques peuvent récidiver après l’intervention chirurgicale, on constate que le recours à des méthodes d’évaluation plus précises s’impose si l’on veut épargner à certaines personnes des traitements inutiles, souligne l’équipe de recherche.

« Il est très important d’établir avec précision le risque de récidive du cancer. Cette information nous indique à quelle fréquence la personne doit consulter son médecin et nous permet de déterminer si l’immunothérapie est indiquée. Ce traitement s’est récemment montré efficace pour la réduction du risque de récidive, mais il n’est pas dénué d’effets indésirables. Actuellement, il y a un risque de traitement excessif; voilà pourquoi il est important de repérer les personnes peu exposées à une récidive », explique le Dr Naveen Vasudev, professeur agrégé et consultant bénévole en oncologie médicale à l’Institut de recherche médicale de l’Université de Leeds.

Évaluation du risque et traitement personnalisés

Si l’on en juge par les résultats de cette étude, le séquençage de l’ADN tumoral pourrait constituer une méthode plus efficace pour l’évaluation du risque de récidive d’un cancer du rein et mener, à terme, à un traitement plus personnalisé de ce type de cancer.

« Le traitement du cancer du rein n’a pas beaucoup évolué par rapport à celui d’autres cancers et, encore aujourd’hui, nous adoptons pour ainsi dire la même approche pour tous », fait observer le Dr Vasudev.

« La génomique, soit l’étude des gènes et de leurs interactions, est un domaine névralgique de la prise en charge des maladies. On voit ici une application possible dans le cancer du rein, grâce à laquelle chaque année, des milliers de personnes pourraient avoir accès à un traitement taillé sur mesure pour elles », conclut-il.

L’étude

L’étude « Application of genomic sequencing to refine patient stratification for adjuvant therapy in renal cell carcinoma », par Naveen Vasudev et coll., a été publiée dans Clinical Cancer Research, un journal de l'American Association for Cancer Research.

L’étude a été réalisée grâce au vaste réseau collaboratif du Consortium de la génomique du cancer du rein (CAGEKID), constitué en 2010 sous l’égide du Pr Mark Lathrop, actuellement directeur scientifique de l’Institut de médecine génomique Victor-Phillip-Dahdaleh de l’Université McGill, dans le cadre du Consortium international sur la génomique du cancer (ICGC). Elle a été codirigée par le Dr Naveen Vasudev, professeur agrégé et consultant bénévole en oncologie médicale à l’Institut de recherche médicale de l’Université de Leeds, et le Pr Yasser Riazalhosseini, professeur adjoint de génétique humaine et chef de l’unité Génomique du cancer à l’Institut de médecine génomique Victor-Phillip-Dahdaleh de l’Université McGill.


L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Institution d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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