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Une étude sur les libellules remet en question les idées reçues sur la conservation de la biodiversité

L’environnement aquatique des nymphes a plus d’impact sur la diversité des particularités de l’animal adulte qu’en aura l’environnement terrestre plus tard
Publié: 12 June 2025

Une étude révèle que l’impact des changements climatiques sur les particularités d’un animal peut se produire beaucoup plus tôt que ne le pensaient les scientifiques. Cette découverte pourrait redéfinir la vision de la conservation de la biodiversité pour les chercheurs et les décideurs.

Se concentrant sur les libellules, l’équipe de recherche a élaboré un cadre statistique pour quantifier l’influence des particularités acquises au début de la vie sur la diversité des particularités à l’âge adulte, et donc sur la biodiversité dans son ensemble. L’équipe a découvert que des facteurs tels que la température de l’eau et les changements saisonniers pendant le stade juvénile aquatique influencent davantage la diversité des particularités à l’âge l’adulte que l’environnement terrestre où vivra l’insecte, une fois mature. La biodiversité désigne la variété des êtres vivants dans une zone donnée, y compris le nombre d’espèces et leurs différences physiques (appelées particularités), dont la taille et la forme du corps.

Selon les scientifiques, cela peut signifier que les stratégies d’adaptation au climat devraient non seulement cibler les populations adultes, mais aussi l’environnement de l’animal, en début de vie.

« Ces résultats sont très utiles, car ils établissent une nouvelle règle générale qui guidera les scientifiques de la biodiversité dans leurs prévisions des réponses climatiques en fonction des particularités juvéniles ou adultes », explique le professeur Lars L. Iversen, auteur principal de l’étude et chercheur en biologie à l’Université McGill. « Les résultats peuvent également aider le public à comprendre l’importance des changements environnementaux au cours des étapes de la vie sur les réponses climatiques. »

La plupart des modèles de biodiversité ciblent les particularités des adultes, plus faciles à observer en raison de leur taille, de leur plus grande mobilité et de leur plus grande visibilité. Les chercheurs ont néanmoins découvert que les conditions environnementales pendant la phase juvénile peuvent laisser des empreintes biologiques durables. Or, chez les libellules, la phase juvénile se déroule généralement sous l’eau, donc hors de la vue.

Vers des modèles de biodiversité mieux adaptés

L’équipe, composée de scientifiques de l’Université McGill, de l’Université d’Aberdeen et de l’Institut Leibniz en Allemagne, a analysé les données de 87 espèces de libellules à travers l’Europe. Ont été comparées les données sur le climat, le milieu et l’habitat avec les particularités observées chez les nymphes aquatiques et les adultes volants, révélant de vastes répercussions aux premiers stades de la vie. L’étude a été publiée dans la revue Global Ecology and Biogeography.

« Cette étude est très importante, car de nombreuses prévisions du climat sur la biodiversité découlent de l’observation des animaux adultes, qui sont généralement de plus grande taille, plus actifs et plus visibles », explique Lesley Lancaster, co-autrice de l’étude et chercheuse à l’Université d’Aberdeen. « Nous constatons cependant que les effets du climat sont en réalité largement indirects et résultent de processus qui affectent les animaux au stade juvénile. »

« Les scientifiques et les décideurs politiques pourront utiliser ces connaissances pour déterminer s’ils doivent cibler les animaux au stade juvénile ou adulte en vue de mettre en place des mesures actives d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques », précise le Pr Iversen.

Image par Erland Refling Nielsen.

L’étude

L’article « Complex Life Cycles Shape the Functional Biogeography of European Dragonflies », par Lars L. Iversen, Jaime Garcia Marquez, Afroditi Grigoropoulou, Michael O’Connor, Sami Domisch et Lesley T. Lancaster, a été publié dans la revue Global Ecology and Biogeography.

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche et l’Association Leibniz.

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