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Les Autochtones du Groenland en faveur de l’extraction et de l’exportation du sable provenant de la fonte des glaces

La population autochtone de l’Arctique souhaite prendre part à la prise de décisions concernant l’adaptation aux changements climatiques du pays
One can think of Greenland’s melting icesheet as a tap pouring out not only water but also vast amounts of sediment which eventually find its way to the coastal zones to form deltas. Credit: Nicolaj Krogh Larsen / La fonte de la nappe glaciaire du Groenland agit comme un robinet duquel s’écoule non seulement de l’eau, mais aussi de grandes quantités de sédiments qui se retrouvent sur les côtes et forment des deltas. Photo : Nicolaj Krogh Larsen
Image par Nicolaj Krogh Larsen.
Publié: 18 August 2022

Selon un sondage national mené par une équipe de chercheurs dirigée par l’Université McGill auprès de quelque 1 000 adultes du Groenland (où environ 90 % de la population est autochtone), une majorité étonnamment grande, soit trois Groenlandais sur quatre, est en faveur de l’extraction et de l’exportation du sable provenant de la fonte de la nappe glaciaire. Une proportion importante des gens souhaite que les dirigeants du Groenland évaluent les répercussions de l’extraction et de l’exportation du sable sur l’environnement et l’économie. Qui plus est, la majorité des Groenlandais préfèrent que le sable soit extrait par des acteurs locaux et non pas en collaboration avec des acteurs étrangers.

Les changements climatiques entraînent le dépôt de grandes quantités de sable et de gravier le long des côtes du Groenland. La demande mondiale pour ces ressources étant en croissance rapide, cette abondance permettrait au Groenland d’exporter du granulat partout dans le monde et de répondre à la demande, tout en assurant la prospérité du pays. Toutefois, avant que cette étude soit réalisée, personne n’avait encore sondé l’opinion publique quant à cette éventualité.

Un appui surprenant à l’exploitation de la ressource

« Nous étions assez surpris de découvrir que les habitants du pays appuyaient en si grand nombre l’exploitation du sable », indique Mette Bendixen, professeure adjointe au Département de géographie de l’Université McGill et auteure principale de l’étude récemment publiée dans Nature Sustainability. « Cette recherche démontre clairement que la population autochtone de l’Arctique, de plus en plus mondialisée, veut et devrait prendre part aux décisions entourant l’adaptation des communautés de cette région à l’égard des changements accélérés qui y surviennent. »

Par le passé, les activités minières menées au Groenland n’ont pas toujours tenu compte du point de vue des habitants au début du processus d’exploration et ont souvent fait l’objet d’une forte opposition. Jusqu’à maintenant, les recherches sur l’adaptation climatique et les répercussions des activités minières au Groenland étaient surtout concentrées sur les externalités et sur les répercussions négatives, et la population du Groenland était rarement invitée à participer aux décisions sur les mesures d’adaptation de grande envergure. Cette étude constitue donc un exemple rare des bénéfices que pourrait tirer le Groenland des changements climatiques et de la forte adhésion du pays à l’examen plus approfondi de ce filon.

Dans leurs prochaines études, les chercheurs tenteront de comprendre les effets économiques, socio-écologiques et psychosociaux des mesures d’adaptation climatique en Arctique. Ces études pourront ainsi orienter les politiques et la planification et aider les acteurs à prendre en compte les valeurs culturelles, les savoirs locaux et la participation citoyenne tout au long du processus.

L'étude

L’article « Opportunistic climate adaptation and public support for sand extraction in Greenland », par M. Bendixen et coll., a été publié dans Nature Sustainability.

DOI : https://doi.org/10.1038/s41893-022-00922-8


L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Institution d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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