Nouvelles

Une étude ouvre la voie au dépistage du syndrome métabolique à un plus jeune âge chez les femmes

Des scientifiques mettent au point une méthode permettant de mesurer la fonction de l’insuline dans le cerveau et de repérer les femmes exposées à ce syndrome
Neuron cell close-up view - 3d rendered image of Neuron cell on black background. SEM view interconnected neurons synapses. Abstract structure conceptual medical image. S
Image par Getty Images.
Publié: 9 December 2025

Une équipe de recherche de l’Université McGill a mis en évidence une fonction cérébrale qui aide à comprendre pourquoi le stress vécu pendant l’enfance accroît le risque de troubles métaboliques chez certaines femmes.

Dans une nouvelle étude, on a constaté que des variations dans le réseau de récepteurs de l’insuline du cerveau influençaient la réaction des femmes à l’adversité vécue durant l’enfance. Cet effet est moins marqué chez les hommes, ce qui donne à penser qu’un processus lié au sexe pourrait intervenir.

D’après les résultats, publiés dans Communications Biology (Nature Portfolio), le réseau des récepteurs de l’insuline du cerveau constituerait une piste prometteuse pour la détection précoce et la prévention du syndrome métabolique, facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires présent chez environ un adulte sur cinq au Canada.

« Nous savons que les femmes qui ont vécu de l’adversité pendant l’enfance sont plus exposées aux maladies métaboliques, et cette étude apporte des éléments permettant de repérer les femmes plus vulnérables », explique la Dre Patricia Pelufo Silveira, autrice en chef de l’étude, professeure de psychiatrie à l’Université McGill et chercheuse au Centre de recherche Douglas.

Pourquoi certaines femmes courent-elles un risque plus élevé?

Le syndrome métabolique se définit par un ensemble de facteurs (hypertension artérielle, hyperglycémie, taux élevé de triglycérides et de mauvais cholestérol, excès de graisse abdominale) qui augmentent le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires.

En analysant les données de plus de 32 000 adultes, les scientifiques ont constaté que, parmi les femmes ayant vécu de l’adversité dans l’enfance, seules celles dont la fonction insulinique cérébrale correspondait à un modèle en particulier présentaient un excès de graisse abdominale et un risque plus élevé de syndrome métabolique.

La fonction de l’insuline cérébrale varie d’une personne à l’autre et est, semble-t-il, une caractéristique intrinsèque du cerveau plutôt qu’un élément façonné par le stress, observent les chercheurs.

« Ce ne sont pas seulement les traumatismes graves qui ont une incidence, mais aussi les sources de stress plus courantes, comme le fait d’avoir un faible poids à la naissance, les conflits familiaux, ou la négligence physique ou émotionnelle », précise Angela Marcela Jaramillo-Ospina, autrice principale de l’étude et chercheuse postdoctorale à l’Université McGill.

« Si nous parvenons à détecter cette sensibilité biologique tôt dans la vie des femmes, nous pourrons intervenir avant que ces expériences ne provoquent des maladies », dit-elle.

La mesure de l’insuline dans le cerveau

Le rôle de l’insuline dans la régulation de la glycémie est bien connu, mais cette hormone exerce aussi une influence importante sur la cognition et le comportement. Comme il est difficile de mesurer directement l’insuline dans le cerveau, les chercheurs ont mis au point une méthode permettant une estimation à partir de l’ADN.

Cette méthode a été validée par Angela Marcela Jaramillo-Ospina lors de travaux antérieurs, qui ont montré que les enfants présentant une fonction similaire des récepteurs de l’insuline dans le cerveau et ayant subi un stress tôt dans leur vie étaient plus enclins à éprouver un besoin impérieux de manger des sucreries et des aliments riches en graisses, alimentation qui peut ouvrir la voie à des problèmes métaboliques.

L’équipe prévoit mener une prochaine étude pour comprendre plus précisément comment la voie cerveau-insuline régule le risque métabolique et pourquoi seules certaines femmes y sont sensibles.

L’étude

L’article « Brain insulin receptor gene network shapes risk for metabolic disease after early-life stress in women », par Angela Marcela Jaramillo-Ospina, Patricia Pelufo Silveira et coll., a été publié dans Communications Biology.

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la JPB Foundation, l’initiative Un cerveau sain pour une vie saine de l’Université McGill et l’Initiative de collaboration internationale McGill-Douglas-Institut de psychiatrie Max-Planck sur l’adversité et la santé mentale.

Back to top