Une bonne santé buccale réduit le risque de mortalité liée à la COVID-19
La présence d’une infection et d’une inflammation des gencives pourrait augmenter les risques de complications et de mortalité chez les personnes ayant contracté le SRAS-CoV-2. C’est ce que révèle une nouvelle étude internationale dirigée par des chercheurs de l’Université McGill et publiée récemment dans le Journal of Clinical Periodontology. En effet, les maladies des gencives pourraient être associées à des taux accrus de complications, d’hospitalisation aux soins intensifs et de mortalité des suites de la COVID-19.
Les chercheurs ont découvert que parmi les patients atteints de la COVID-19, ceux qui présentaient une maladie gingivale étaient 3,5 fois plus susceptibles de se retrouver aux soins intensifs, 4,5 fois plus susceptibles d’avoir besoin d’un respirateur et 8,8 fois plus susceptibles de mourir que ceux qui avaient des gencives saines. Jusqu’à présent, aucune autre recherche n’a été publiée au sujet des conséquences d’une maladie des gencives sur les patients atteints de la COVID-19.
« Les conclusions de notre étude mettent l’accent sur l’importance d’une bonne santé buccale dans la prévention et la prise en charge des complications liées à la COVID-19 », précise Belinda Nicolau, auteure collaboratrice et professeure titulaire à la Faculté de médecine dentaire de l’Université McGill. « Il existe une très forte corrélation entre la parodontite et l’évolution de la maladie. »
Qu’est-ce que la parodontite?
La parodontite est une infection grave des gencives qui endommage les tissus de soutien de la dent et peut entraîner une perte osseuse si elle n’est pas traitée. Il s’agit du problème dentaire le plus courant : sept Canadiens sur dix en souffriront à divers degrés au cours de leur vie. On peut toutefois le prévenir en pratiquant une bonne hygiène buccodentaire, par une utilisation quotidienne de la brosse à dents et de la soie dentaire ainsi que des visites régulières chez le dentiste.
« La parodontite fait partie des facteurs de risque pour bon nombre de maladies buccodentaires ou générales », explique Wenji Cai, coauteure et doctorante à la Faculté de médecine dentaire. « Il s’agit d’une maladie très courante qui passe inaperçue. Nous devons la faire connaître et insister sur l’importance d’une bonne santé parodontale, surtout en pleine pandémie. »
L’étude révèle aussi que chez les patients atteints de la COVID-19 et d’une maladie gingivale, la concentration sanguine de biomarqueurs de l’inflammation était nettement plus élevée, ce qui expliquerait la fréquence accrue de complications chez ces personnes. « La parodontite provoque une inflammation des gencives qui, si elle n’est pas traitée, peut se propager dans tout le corps, précise Wenji Cai. Dans les cas graves de COVID-19, la réaction inflammatoire déclenchée par le virus peut entraîner des complications rendant l’intubation inévitable et pouvant causer la mort. Comme le révèlent nos recherches, la parodontite peut exacerber ces effets. »
Pour cette étude observationnelle, les chercheurs ont fait des recoupements entre les fiches dentaires et les dossiers médicaux de patients atteints d’une forme grave de la COVID-19 entre février et juillet 2020, au Qatar. « Nous nous sommes penchés sur le cas de 568 patients en tenant compte de divers facteurs, notamment démographiques, médicaux et comportementaux, afin d’éviter les biais, ajoute Wenji Cai. Au Qatar, les dossiers médicaux et les fiches dentaires sont numérisés; nous avons donc pu recueillir et analyser les données rapidement. »
Les conclusions de cette étude multinationale sont le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’Université McGill (Canada), de l’Université Complutense de Madrid (Espagne), de la Hamad Medical Corporation (Qatar) et de l’Université du Qatar (Qatar). L’équipe poursuit sa collecte de données afin d’étoffer ses résultats.
L'étude L’article « Association between periodontitis and severity of COVID‐19 infection: A case–control study », par Wenji Cai, Belinda Nicolau et coll., a été publié dans le Journal of Clinical Periodontology. L’étude a été financée par le Business Intelligence Center de la Hamad Medical Corporation et par la Alpha Omega Foundation. |
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.