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Un programme pour faciliter le retour au travail des personnes ayant survécu au cancer

Ce programme novateur peut adoucir la transition et améliorer la qualité de vie, révèle une étude
Publié: 11 June 2025

Une équipe de recherche de l’Université McGill dirige un projet pilote qui facilite le retour au travail des survivants et survivantes du cancer. Le programme, qui porte sur un aspect de la guérison souvent négligé selon les principaux intéressés, a déjà de belles réussites à son actif.

iCanWork est un programme d’accompagnement en ligne que Christine Maheu, professeure agrégée à l’École des sciences infirmières Ingram de l’Université McGill, élabore actuellement en collaboration avec BC Cancer.

« Le travail n’est pas considéré comme un indicateur de santé de première importance dans la prise en charge du cancer, et pourtant, c’est un grand motif de préoccupation dès le diagnostic, et un facteur associé à une meilleure qualité de vie chez les personnes survivantes », explique Christine Maheu.

Les effets indésirables persistants du traitement, tels que la fatigue, le « brouillard de la chimio » et l’anxiété, peuvent nuire à la concentration et à la gestion du stress, et amener une certaine désorganisation, si bien que la personne peut se sentir dépassée à l’idée de reprendre le travail, poursuit-elle.

Des résultats prometteurs

La Pre Maheu et ses collègues ont évalué l’efficacité du programme iCanWork au moyen d’un essai à répartition aléatoire mené chez 24 personnes ayant survécu au cancer.

Au cours de ce programme en dix étapes, les sujets ont rencontré virtuellement des conseillers et des thérapeutes en retour au travail, qui les ont aidés à reprendre le collier et les ont orientés, au besoin, vers d’autres spécialistes.

La moitié des sujets ont repris le travail à temps plein dans un délai de trois mois, contre environ le tiers dans le groupe témoin. En outre, les sujets ont indiqué qu’ils étaient plus efficaces au travail, se sentaient moins déconnectés de la société et que la douleur pesait moins sur leur quotidien.

« Une participante a dit que n’eût été ces séances, elle aurait démissionné. Une autre envisageait une retraite anticipée, mais a changé d’avis », raconte la professeure.

Une lacune dans la prise en charge du cancer

Ce programme, le premier du genre, vise à combler une lacune dans la prise en charge du cancer au Canada. Quatre pour cent des employeurs seulement ont des politiques de retour au travail portant précisément sur cancer. Ces politiques sont plus courantes dans certains pays européens, précisent les auteurs.

Cette lacune n’est pas sans conséquence sur le plan financier. Comme le souligne la Pre Maheu, des études montrent que le cancer entraîne des pertes de salaire et des dépenses, notamment en médicaments et en soins à domicile, totalisant plus de 2 500 $ par mois en moyenne. Par ailleurs, pour un employeur, le coût du remplacement d’une personne en congé de maladie peut souvent atteindre 24 000 $. « La mise en place de mesures d’accompagnement efficaces profite tant aux employés qu’aux employeurs », affirme la chercheuse.

L’équipe travaille à la conception d’un essai à plus grande échelle et recherche des partenaires pour étendre iCanWork à l’ensemble du Canada.

Le programme structuré mis à l’essai est en voie d’élaboration, mais les personnes survivantes peuvent d’ores et déjà accéder à des outils et à des ressources sur le site Web Cancer et travail. En 2020, une conception accessible et inclusive a valu à ce site lancé en 2016 le prix des Instituts de recherche en santé du Canada pour la promotion de l’inclusion dans le concept d’excellence en recherche.

L’étude

L’article « Pilot Randomized Controlled Trial of iCanWork: Theory-Guided Return-to-Work Intervention for Individuals Touched by Cancer », par Christine Maheu, Maureen Parkinson et al., a été publié dans Current Oncology. L’étude a été financée par l’Institut de bien-être au travail.

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