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Marqueurs biologiques de la dépression chez les adolescents

Une avancée scientifique pourrait permettre de repérer les adolescents vulnérables plus tôt et avec plus d’objectivité, et de prédire l’évolution de leurs symptômes
Publié: 22 May 2025

 

À l’aide d’une nouvelle méthode de laboratoire qu’ils ont mise au point, des chercheurs et chercheuses de l’Université McGill ont trouvé neuf molécules dont la concentration était élevée dans le sang d’adolescents ayant reçu un diagnostic de dépression. Grâce à ces molécules, l’équipe de recherche est également parvenue à prédire l’évolution des symptômes.

Les résultats de l’étude clinique pourraient permettre de détecter la maladie avant que les symptômes ne s’aggravent et ne deviennent difficiles à traiter.

« Il est alarmant de constater que de plus en plus d’adolescents et d’adolescentes reçoivent un diagnostic de dépression, et lorsque la dépression commence tôt, ses effets peuvent être graves et durables », indique Cecilia Flores, auteure en chef, professeure James-McGill au Département de psychiatrie de l’Université McGill, chercheuse au Centre de recherche Douglas et chercheuse principale au Centre Ludmer. « Les adolescents atteints de dépression sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de toxicomanie, de souffrir d’isolement social et d’éprouver des symptômes souvent difficiles à traiter. »

Curieusement, les neuf molécules – qu’on nomme « microARN » – n’ont pas été associées à la dépression chez l’adulte, ce qui donne à penser qu’elles renvoient à des processus biologiques propres aux adolescents.

Une approche peu invasive et utilisable à grande échelle

Menée en collaboration avec l’Université de Californie à Los Angeles et l’Université Stanford, l’étude portait sur 62 adolescentes et adolescents : 34 souffraient de dépression et 28 n’en souffraient pas. Les membres de l’équipe de recherche ont prélevé de petits échantillons de sang, les ont laissés sécher, puis les ont congelés afin de préserver leur intégrité moléculaire. On prélève ce type d’échantillons, faciles à ranger et à transporter, par une simple piqûre au doigt – approche pratique et utilisable à grande échelle.

C’est l’équipe de l’Université McGill qui a mis au point la méthode de laboratoire employée pour extraire les microARN des échantillons et les analyser.

« Nos résultats ouvrent la voie à l’utilisation de gouttes de sang séché dans la recherche psychiatrique. Il s’agit d’un moyen pratique et peu invasif de repérer les changements biologiques précoces liés à la santé mentale », explique Alice Morgunova, auteure principale et boursière postdoctorale à l’Université McGill.

Le diagnostic de la dépression repose principalement sur les symptômes déclarés par les jeunes atteints, ce qui, selon les auteurs, peut retarder le traitement de la maladie, en particulier si les adolescents ne reconnaissent pas les signes ou ne sont pas prêts à en parler. Un outil de dépistage sanguin pourrait constituer une mesure supplémentaire et plus objective de repérage des adolescents vulnérables.

Les chercheurs et chercheuses comptent valider leurs résultats dans des groupes d’adolescents plus nombreux et se pencher sur les liens possibles entre ces microARN et les facteurs de risque génétiques et environnementaux.

L’étude

L’article « Peripheral microRNA signatures in adolescent depression », par Alice Morgunova, Cecilia Flores et coll., a été publié dans la revue Biological Psychiatry Global Open Science.

L’étude a été financée par la Fondation Douglas et un don de Bombardier, le National Institute on Drug Abuse des NIH, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, une bourse d’études supérieures du programme Un cerveau sain pour une vie saine, une bourse interne du Programme intégré en neurosciences et une bourse de recherche postdoctorale de l’Initiative de collaboration internationale McGill-Douglas-Institut de psychiatrie Max-Planck sur l’adversité et la santé mentale – partenariat international financé par le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada –, attribuée à l’Université McGill dans le cadre du programme Un cerveau sain pour une vie saine.

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