Les parents ne devraient pas s’inquiéter si leur nourrisson ne fait pas ses nuits à 6 ou 12 mois
Les nouveaux parents s’attendent généralement à ce que leur nourrisson fasse ses nuits vers l’âge de six mois. Qui plus est, les pédiatres et autres intervenants insistent souvent auprès des parents sur l’importance d’une consolidation du sommeil en bas âge. Cela dit, les auteurs d’une étude publiée dans le numéro de décembre 2018 de la revue Pediatrics ont constaté qu’une grande proportion de nourrissons en bonne santé n’avaient pas atteint ce jalon avant l’âge de six, voire douze mois. L’équipe de recherche dirigée par l’Université McGill s’est également penchée sur la possibilité que l’absence d’un sommeil ininterrompu durant six à huit heures puisse accroître le risque de troubles du développement mental et psychomoteur, et aucun lien en ce sens n’a pu être établi. En outre, les chercheurs n’ont trouvé aucune corrélation entre le fait de «faires ses nuits»chez les nourrissons et l’humeur postnatale des mères.
Détails sur l’étude
Les chercheurs ont analysé les résultats de l’étude longitudinale d’une cohorte de naissance intitulée Maternal Adversity, Vulnerability, and Neurodevelopment, qui regroupait des participants provenant de cliniques d’obstétrique de Montréal, au Québec, et de Hamilton, en Ontario. Dans cette étude, «faire ses nuits» a été défini comme une période de sommeil ininterrompu de six ou huit heures. Les mesures liées au sommeil ont pu être recueillies chez 388nourrissons de six mois et 369 nourrissons âgés de douze mois. Selon la perception des mères, trente-huit pour cent des nourrissons présentant un développement typique à six mois ne dormaient pas six heures consécutives pendant la nuit; et plus de la moitié (57%) ne faisaient pas des nuits de huitheures. À douze mois, ce sont vingt-huit pour cent des nourrissons qui ne dormaient pas six heures sans interruption la nuit et quarante-trois pour cent qui ne restaient pas endormis durant huit heures d’affilée. Par ailleurs, les chercheurs ont décelé une différence au chapitre des habitudes de sommeil entre les garçons et les filles. À six mois, une proportion légèrement plus élevée de filles que de garçons avaient dormi durant huit heures consécutives (48% versus 39%). Les scientifiques n’ont également observé aucune corrélation entre la capacité du nourrisson à faire ses nuits et l’humeur postnatale des mères. Toutefois, ils ont découvert que les nourrissons qui ne faisaient pas leur nuit affichaient un taux d’allaitement significativement plus élevé, ce qui procure de nombreux bienfaits à la mère et l’enfant.
Une règle d’or à revoir?
Dans les pays occidentaux, on considère généralement qu’un nourrisson devrait faire ses nuits vers l’âge de six à douze mois. En fait, il n’est pas rare de voir des parents et des professionnels de la santé employer des méthodes comportementales d’entraînement au sommeil pour inciter l’enfant à dormir. Or, la chercheuse principale de l’étude, DreMarie-HélènePennestri, du Département de psychopédagogie et de psychologie du counseling de l’UniversitéMcGill et de la Clinique du sommeil à l’Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies (CIUSSS-NIM), espère que ces résultats viendront apaiser certaines craintes chez les parents:
«Nos observations indiquent qu’il pourrait être bénéfique de mieux informer les parents au sujet du développement normal –et de la grande variabilité– du cycle veille-sommeil du nourrisson, plutôt que de se concentrer uniquement sur les méthodes et les interventions, telles les méthodes comportementales de type 5-10-15», affirme-t-elle. «On invoque souvent la privation de sommeil de la mère pour motiver l’intervention comportementale précoce chez le nourrisson. Or, les attentes de la mère à l’égard de l’interruption du sommeil la nuit et son nombre total d’heures de sommeil sur une période de 24 heures pourraient être de meilleurs indicateurs pour prédire son bien-être. Les prochaines études devraient tenir compte de cette éventualité.»
L’article «Uninterrupted infant sleep, development and maternal mood», par Marie-Hélène Pennestri et coll., a été publié dans la revue Pediatrics: 10.1542/peds.2017-4330
Personnes-ressources:
Marie-Hélène Pennestri, Département de psychopédagogie et de psychologie du counseling, Université McGill,
marie-helene.pennestri [at] mcgill.ca, 514398-8079 (bureau)/ 514992-6120 (cellulaire)
Katherine Gombay, Relations avec les médias, Université McGill
katherine.gombay [at] mcgill.ca, 514 398-2189
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