Nouvelles

Les interactions entre espèces sont plus fortes dans les tropiques et les basses altitudes

L’une des expériences sur le terrain les plus vastes jamais réalisées est venue étayer avec une force probante inégalée à ce jour une théorie darwinienne de première importance : les interactions entre espèces sont plus fortes dans les tropiques et les régions à basse altitude
Publié: 20 February 2019

Dirigée par une chercheuse de l’Université McGill, l’équipe internationale a reproduit en toute simplicité une interaction naturelle entre les règnes végétal et animal : elle a répandu des graines et est revenue sur les lieux 24 heures plus tard pour vérifier la quantité de semences qui avaient été mangées. Les 7 000 lits de semences ainsi aménagés se déployaient sur un immense territoire de 70 emplacements, franchissant par monts et par vaux 18 montagnes, de l’Alaska à l’équateur.

« En théorie, les interactions entre espèces – par exemple la prédation et la compétition – sont plus fortes dans les écosystèmes des tropiques et des régions à basse altitude, où la chaleur, la productivité et la biodiversité sont plus grandes », explique Anna Hargreaves, auteure principale et écologue évolutionniste au Département de biologie de l’Université McGill. « Ainsi, la diversité spectaculaire des arbres tropicaux serait en partie attribuable à des interactions plus fortes avec les animaux qui se nourrissent de leurs semences. Ces rapports influeraient sur l’évolution et la distribution spatiale des végétaux », poursuit la chercheuse, qui était rattachée au Centre de recherche sur la biodiversité de l’Université de la Colombie-Britannique lorsqu’elle a lancé ce projet.

Toutefois, jusqu’à tout récemment, les données à l’appui de cette théorie clé de l’écologie provenaient d’études restreintes, aux méthodologies diverses. Bref, elles n’étaient pas concluantes.

Dans le cas présent, les chercheurs ont fait preuve de constance, tant dans leurs méthodes que dans le choix des semences, de l’Arctique à l’équateur. La prédation des graines était 17 pour cent plus élevée au niveau de l’équateur que dans l’Arctique, et 17 pour cent plus élevée également au niveau de la mer qu’à une altitude de 4 000 mètres, dans les Andes. L’équipe a refait l’expérience de 24 heures plusieurs fois pendant la période naturelle de production grainière sous chaque latitude.

« Le fonctionnement des écosystèmes – et leur capacité de prodiguer leurs bienfaits aux êtres humains – repose sur ces interactions », fait observer Santiago David, doctorant à l’Université de la Colombie-Britannique responsable d’un des sites d’étude, en Colombie. « La compréhension des interactions entre espèces, par exemple de la prédation des graines, à l’échelle planétaire est essentielle pour la protection et la restauration des écosystèmes, a fortiori à l’heure des changements climatiques. »

Insectes et invertébrés, ces voraces prédateurs

En mettant certaines graines à l’abri des mammifères, les chercheurs ont montré que le moteur des schémas à grande échelle mis en lumière dans leur étude était les prédateurs de graines les plus petits qui soient : les insectes et autres invertébrés.

Dans la seule autre étude normalisée d’envergure comparable, les scientifiques avaient utilisé des chenilles d’argile et constaté que leurs figurines subissaient des assauts plus nombreux sous de basses latitudes, et que ces interactions étaient principalement le fait d’invertébrés. « Ces deux études semblent indiquer que les invertébrés tiennent une énorme place dans la dynamique communautaire et l’évolution des écosystèmes tropicaux et de basse altitude », avance Anna Hargreaves. « Or, nous en savons relativement peu sur les invertébrés, par exemple sur l’effet des changements climatiques dans ces populations. »

Les chercheurs entendent maintenant explorer les zones montagneuses de l’arrière-pays, où le climat et les écosystèmes sont fort différents sous les mêmes latitudes, pour étudier les mécanismes des interactions les plus fortes.

---------------------------

L’étude « Seed predation increases from the Arctic to the Equator and from high to low elevations », à laquelle ont participé des chercheurs de 13 établissements des Amériques, a été publiée aujourd’hui dans la revue Science Advances. https://doi.org/10.1126/sciadv.aau4403


Photo 1: High latitude (Yukon) low elevation. A Hargreaves 

Photo 2: Seed predator banana slug. Southern BC, Canada. A. Hargreaves

The study, “Seed predation increases from the Arctic to the Equator and from high to low elevations,” involving researchers from 13 institutions across the Americas, was published today in Science Advances.

 

DOI: 10.1126/sciadv.aau4403

 

 

vidéo (en anglais) :

Personnes-ressources :

Anna Hargreaves
Département de biologie Université McGill
anna.hargreaves [at] mcgill.ca

Chris Chipello
Relations avec les médias Université McGill
Tél. : 514 398-4201
christopher.chipello [at] mcgill.ca
https://www.mcgill.ca/newsroom/fr http://twitter.com/McGillU

 

Anna Hargreaves
Department of Biology
McGill University
anna.hargreaves [at] mcgill.ca

Chris Chipello
McGill Media Relations Office
514-398-4201
christopher.chipello [at] mcgill.ca


http://www.mcgill.ca/newsroom/
http://twitter.com/McGillU

Back to top