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Deux protéines « catalysent » l’Alzheimer

Publié: 20 April 2016

Depuis des années, les neuroscientifiques se demandent comment deux protéines anormales, appelées bêta-amyloïde et tau, s’accumulent dans le cerveau, finissent par l’endommager et causer la maladie d’Alzheimer. Laquelle des deux protéines « catalyse » la démence ? Les deux, selon une étude menée par des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Dans la revue Molecular Psychiatry, l’équipe du Dr Pedro Rosa-Neto, neurologue clinicien au Douglas et professeur adjoint à l’Université McGill (départements de neurologie, de neurochirurgie et de psychiatrie), montre pour la première fois que les interactions entre les protéines bêta-amyloïde et tau entraînent des dommages cérébraux chez des personnes ne présentant aucun trouble cognitif.

« Nous avons constaté que les deux protéines conjuguent leurs effets toxiques individuels et provoquent ainsi un dysfonctionnement cérébral typique de la maladie d’Alzheimer. Cette découverte remet ainsi en cause des théories scientifiques opposées qui voulaient qu’une seule des deux protéines soit responsable de la progression de la maladie », explique le Dr Rosa-Neto, dont l’équipe fait partie d’un des centres de recherche du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Vers de nouvelles approches thérapeutiques

« Jusqu’à maintenant, les essais cliniques thérapeutiques ciblaient un seul processus pathologique. Notre recherche ouvre la voie à de nouveaux traitements destinés à prévenir ou stabiliser la maladie d’Alzheimer. Par exemple, nous pourrions utiliser une combinaison de traitements pour contrer simultanément l’accumulation de protéines bêta-amyloïde et tau », dit le Dr Tharick A. Pascoal, auteur principal de l’étude.

Sur une période de deux ans, l’équipe du Dr Rosa-Neto a analysé les performances de 120 personnes sans trouble cognitif (répartition hommes-femmes égale ; âge moyen de 75 ans). En mesurant les taux d’amyloïde grâce à des scanneurs TEP et ceux de la protéine tau par des analyses du liquide céphalo-rachidien, les chercheurs ont pu identifier les patients les plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, cette maladie est la cause la plus fréquente de démence et touchait en 2015 environ 30 millions de personnes dans le monde. En 2011, 747 000 Canadiens vivaient avec la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence. Les coûts médicaux directs et indirects (pertes de revenus) pour cette année-là s’élevaient à 33 milliards de dollars (Société Alzheimer du Canada).

Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Fondation Alan Tiffin et l’Association Alzheimer. Les participants de cette étude faisaient aussi partie de l’initiative en neuroimagerie de la maladie d’Alzheimer.

« Amyloid-β and hyperphosphorylated tau synergy drives metabolic decline in preclinical Alzheimer’s disease », Molecular Psychiatry, publiée en ligne le 29 mars 2016. DOI: 10.1038/mp.2016.37

À propos de l’équipe scientifique du Dr Pedro Rosa-Neto

Le Dr Pedro Rosa-Neto (MD, PhD) est le directeur adjoint du programme PRÉVENIR-Alzheimer et dirige le Laboratoire de neuroimagerie translationnelle (LNT). Le LNT s’intéresse aux changements structuraux que produisent dans le cerveau les maladies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Ses études font appel aux techniques d’imagerie cérébrale, notamment la tomographie par émission de positons (TEP) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM), pour l’observation et la mesure de ces changements.

Le Dr Serge Gauthier (MD, FRCPC) est un neurologue et chercheur clinicien à temps plein. Il fait des recherches sur la démence à l'Institut Douglas depuis 1990. Il est actuellement le directeur de l'unité de recherche sur la maladie d'Alzheimer au Centre McGill d'études sur le vieillissement. En 2015, le Dr Gauthier a été nommé membre de l’Ordre du Canada pour sa contribution à l’avancement de la compréhension de la maladie d’Alzheimer et de la démence, et pour avoir favorisé la création de réseaux de recherche dans ce domaine.

Le Dr Tharick Ali Pascoal (MD) est un neurologue brésilien. Il mène ses études de doctorat grâce au Programme intégré en neurosciences de l’Université McGill. Le Dr Pascoal est le récipiendaire d’une bourse d’étude du Centre StoP-Alzheimer (Institut Douglas).

À propos du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal est issu du regroupement du CSSS de l’Ouest-de-l’Île, du CSSS de Dorval-Lachine-LaSalle, du Centre hospitalier de St. Mary, de l’Hôpital Sainte-Anne, de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, du Centre de réadaptation de l’Ouest de Montréal, du Centre de soins prolongés Grace Dart et des Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw.

De renommée internationale, l’Institut, affilié à l’Université McGill et à l’Organisation mondiale de la santé, soigne les personnes souffrant de maladies mentales et leur offre espoir et guérison. Ses équipes de spécialistes et chercheurs font constamment évoluer les connaissances scientifiques, les intègrent aux soins offerts à leurs patients et les partagent avec la communauté pour la sensibiliser et éliminer les préjugés entourant la maladie mentale.

www.ciusss-ouestmtl.gouv.qc.ca

Source

Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal

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