Sara Saunders : former la relève en ergothérapie au Québec

Un texte de notre série « À la rencontre de membres de la FMSS venus d’ailleurs » – La Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) est composée de communautés plurielles dont les membres proviennent de partout au Canada et d’ailleurs dans le monde. Cette série souligne le talent et l’expertise de personnes qui ont choisi de venir s’établir au Québec et de se joindre à l’Université McGill. Merci de votre précieuse contribution!

Sara Saunders, OT, erg., Ph. D., dirige le programme d’ergothérapie à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie. Cette Néo-Brunswickoise bilingue vit à Montréal depuis 17 ans. Nous l’avons rencontrée pour découvrir les raisons de son amour pour Montréal, le nouveau visage du corps étudiant mcgillois en ergothérapie et ses conseils pour ceux et celles qui voudraient venir étudier et travailler au Québec.

Depuis combien de temps êtes-vous à Montréal et qu’est-ce qui vous a amenée ici? 

Je viens de Moncton, où j’étais clinicienne. J’appartiens à la vieille garde, celle qui ne possédait qu’un bac en ergothérapie, mais en 2006, j’ai décidé de faire une maîtrise, qui s’est rapidement transformée en doctorat. Je me suis beaucoup impliquée dans la vie de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie, où j’ai d’abord été auxiliaire d’enseignement, avant de donner moi-même des cours. Je suis ensuite devenue chargée d’enseignement, puis directrice adjointe du programme, et maintenant directrice. C’est un cheminement de carrière que je n’avais pas anticipé. 

Pourquoi Montréal? Et pourquoi McGill? 

Mon conjoint est Acadien. Plus jeunes, nous venions très souvent à Montréal voir un spectacle et passer la fin de semaine. Nous aimions toujours séjourner ici. Dans ma décision de retourner aux études, je pense que mon désir de vivre à Montréal a compté aussi fort que mon envie de décrocher une maîtrise. Le seul endroit où j’ai fait une demande, c’est McGill. 

Comment était votre français avant votre arrivée? 

Bien. J’ai été en immersion française, qui est particulièrement bonne à Moncton puisque ce sont des Acadiens qui enseignent. Donc j’avais pleinement confiance dans mon français et je me considérais comme complètement bilingue. 

Nous retournons souvent au Nouveau-Brunswick, et comme la famille de mon conjoint est francophone, j’ai toujours beaucoup employé le français dans ma vie personnelle. Je l’utilise aussi presque tous les jours à Montréal, où beaucoup de mes loisirs se passent en français. Et, bien sûr, mon travail implique de communiquer en français avec mes homologues des autres programmes, les responsables gouvernementaux et ceux de l’Ordre des ergothérapeutes du Québec. Je suis vraiment heureuse de pouvoir m’exprimer et communiquer en français.

Qu’est-ce qui vous plaît tant de la vie montréalaise? 

Montréal est fabuleuse! J’aime absolument tout de la ville. Plus jeune, j’adorais les festivals, la scène musicale et artistique, la Nuit blanche. La culture ici est tellement dynamique. C’est un milieu solidaire, un milieu d’entraide. La ville investit dans ses quartiers, dans le tissu urbain et la qualité de vie de ses résidents. Je vis dans le Mile-End, un quartier tellement dense que je trouve tout ce dont j’ai besoin à pied dans un rayon d’un kilomètre. On vit vraiment très, très bien, ici. 

Est-ce qu’il y a des difficultés? 

Comme je le mentionnais, au Nouveau-Brunswick, je n’hésitais pas à dire que j’étais bilingue. Puis je suis venue ici, et j’ai tout de suite senti qu’on m’étiquetait comme anglophone. En conséquence, je me suis sentie moins sûre de moi en français. J’ai dû commencer à suivre des cours de français à cause de ça, même si je travaillais comme clinicienne, en français, après mon arrivée ici. C’est encore plus frustrant pour mon conjoint parce que les gens ont tendance à trouver son accent acadien mignon, mais déroutant. Ils lui disent : « Wow, tu parles vraiment bien français! » Et lui leur répond : « Évidemment, je suis francophone! » 

Pouvez-vous nous dire un peu de quelle façon vous contribuez à la société québécoise par votre travail à McGill, et si celui-ci a changé au fil des ans? 

Je dirige un programme qui forme des ergothérapeutes au Québec. Quand j’ai pris mes fonctions, le programme avait une tradition d’inviter des gens de partout à venir au Québec se former pour devenir des ergothérapeutes. Depuis quatre ans environ, nous avons dû réorienter notre stratégie d’admission et nous avons mis en place – comme beaucoup d’autres programmes d’études en santé de la Faculté – une exigence de connaissance du français. Parce que, même si nous voulons encore inviter tout le monde à venir ici, la réalité quand on vit et qu’on étudie au Québec, c’est qu’il faut connaître le français quand on travaille dans le système de santé. En conséquence, le bassin de candidatures au programme a changé. Nous attirons plus de candidatures du Québec, de même qu’une poignée de personnes bilingues d’ailleurs. 

Avez-vous des conseils pour les gens d’ailleurs au Canada qui décideraient de venir étudier ou travailler à McGill? 

Je les encouragerais à tirer pleinement parti de leur présence ici et à investir dans l’apprentissage du français. Je leur dirais : « Si vous êtes prêts à venir et à accepter que c’est une ville bilingue dans une province francophone, alors venez. Vous ne le regretterez pas. Nous avons déjà beaucoup de programmes de soutien en place, comme Dialogue McGill qui offre des cours et des formations aux personnes qui apprennent le français. » 

Aimeriez-vous ajouter quelque chose? 

Mon expérience à Montréal a été extrêmement positive. Ça fait 17 ans que j’y suis et je ne me vois pas vivre ailleurs. Je suis heureuse de faire carrière et de vivre ici. J’aimerais seulement que le gouvernement ne me rende pas la vie si difficile. 

Des gens des autres provinces pourraient venir et tomber amoureux du Québec et contribuer à la société. Tout le monde a sa place ici. De mon point de vue, nous faisons déjà ce que le Québec souhaite : nous formons des ergothérapeutes bilingues. 

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