Sophia Roy reçoit la bourse de l’Ordre de la rose blanche

Diplômée en génie chimique de l’Université McGill devient la huitième récipiendaire de la bourse attribuée en l’honneur des victimes de Polytechnique.

Pouvoir agir contre la crise écologique : c’est la motivation qui a orienté vers les études de génie Sophia Roy, récipiendaire de la bourse de 30 000 $ de l’Ordre de la rose blanche. Cette distinction lui a été décernée en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, à l’issue d’une émouvante cérémonie dédiée au souvenir des victimes des événements du 6 décembre 1989. Roy, diplômée d’un baccalauréat en génie chimique de l’Université McGill, entreprend ses études doctorales de génie chimique en parcours accéléré à Polytechnique Montréal, où elle étudie les méthodes pour décarboner l’acier. La bourse qu’elle obtient est décernée annuellement par la direction de Polytechnique à une étudiante canadienne en génie qui désire poursuivre ses études aux cycles supérieurs dans ce domaine, au Canada ou ailleurs dans le monde.

« Je me sens extrêmement honorée et reconnaissante de recevoir la bourse de l’Ordre de la rose blanche, confie Sophia Roy. Cette distinction m’encourage à continuer à donner le meilleur de moi-même en tant que femme scientifique et à faire ma part pour combattre les préjugés, afin de lever les obstacles que rencontrent encore de nombreuses jeunes femmes qui souhaiteraient s’engager dans la voie du génie et des sciences. »

Résoudre les défis environnementaux causés par l’activité humaine

Il n’existe guère de trajectoire scientifique qui ne cache un modèle ou une source d’inspiration. Sophia Roy mentionne l’influence de la célèbre primatologue Jane Goodall, grande figure du combat pour la protection de la biodiversité, dans l’éclosion précoce de sa vocation. Depuis, la vision de la science à laquelle elle a voulu se consacrer est demeurée intacte : la recherche appliquée au service des défis environnementaux découlant de l’activité humaine. « Pour moi, le domaine qui allait me permettre d’avoir le plus grand impact, c’était le génie », déclare-t-elle.

Elle ne manque pas de se faire remarquer au cours de ses études de baccalauréat à l’Université McGill. D’une part, par ses résultats exceptionnels, qui lui valent de recevoir la Médaille du lieutenant-gouverneur du Québec et de terminer avec une moyenne quasi parfaite. D’autre part, par ses premiers pas en recherche, consacrés aux matériaux protéiques biodégradables, avec l’objectif de réduire l’empreinte écologique de la fabrication de panneaux solaires. L’article de synthèse qu’elle publie pour favoriser une standardisation des pratiques dans le domaine est l’un des plus téléchargés du Canadian Journal of Chemical Engineering en 2020.

Toujours habitée par sa vision d’action concrète pour l’environnement, elle réalise un stage au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en 2021. Elle y élabore un calculateur permettant de convertir en nombre de voitures le tonnage des émissions de CO2 d’un projet de gaz naturel liquéfié du gouvernement du Québec. Son outil aura un écho jusqu’au ministre, qui s’en servira pour expliquer à la population pourquoi il n’ira pas de l’avant avec ce projet générant trop de gaz à effet de serre.

Sophia Roy possède une conscience vive de ce qu’elle doit aux femmes qui ont pavé la voie à leurs successeures dans le domaine du génie, à commencer par sa mère. Celle-ci entreprenait des études à Polytechnique un an après le féminicide et a toujours encouragé sa fille à foncer comme elle, sans jamais laisser la peur ni le découragement la faire dévier de sa trajectoire.

Sophia a elle-même organisé des rencontres et des activités de réseautage, notamment à titre d’élue dans sa communauté universitaire, et a de plus agi comme mentore auprès des nouvelles étudiantes au baccalauréat, afin d’ouvrir à son tour des portes aux nouvelles générations. Pendant la pandémie, elle a également donné bénévolement des ateliers scientifiques virtuels à des élèves du primaire.

Pour garder l’équilibre, elle sait se réserver des moments loin des écrans, s’adonnant à la peinture, à la danse, et aimant aussi se ressourcer dans la nature.

Valoriser l’excellence des femmes en génie

Les roses blanches constituent le symbole des activités de commémoration de la tragédie du 6 décembre 1989, au cours de laquelle 14 jeunes femmes ont perdu la vie et plusieurs autres personnes ont été blessées. Créé en 2014, l’Ordre de la rose blanche vise à rendre hommage aux victimes ainsi qu’aux personnes blessées, aux familles, au corps professoral, au personnel, aux étudiants et aux étudiantes qui se sont retrouvés au cœur du drame.

Nathalie Provost, blessée lors des événements du 6 décembre, et Michèle Thibodeau-DeGuire, première femme diplômée en génie civil de Polytechnique en 1963, sont les marraines de la bourse. Michèle Prévost, professeure titulaire et membre du conseil d’administration de Polytechnique, présidait cette année le comité de sélection de l’Ordre de la rose blanche.

Le jury, mis sur pied par Polytechnique Montréal, est composé des doyens et doyennes des facultés de génie de l’Université de Calgary, de l’Université Dalhousie, de l’Université McGill, de l’Université Queen’s, de l’Université de la Saskatchewan, de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de Toronto. Les critères d’évaluation de la bourse de l’Ordre de la rose blanche reposent sur le dossier universitaire (30 %), les réalisations techniques (35 %) et les réalisations non techniques (35 %).

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