La pédagogie de la maîtrise : l’excellence pour tous

L’atelier de Diane B. Wayne sur la pédagogie de la maîtrise fondée sur la simulation en formation médicale met l’accent sur l’adoption d’un programme thématique, soutenu et cumulatif.

À la recherche d’un professeur invité pour parler de simulation et de sécurité des patients à la communauté mcgilloise, le Dr Rajesh Aggarwal, directeur du Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg de la Faculté de médecine de l’Université McGill, a fait appel à la Dre Diane B. Wayne, vice-doyenne, Éducation à l’École de médecine Feinberg de l’Université Northwestern. « La Dre Wayne et son groupe sont parmi les rares chercheurs à avoir démontré les effets de la formation par simulation sur des éléments cliniquement pertinents, et à aller encore plus loin, en calculant le rendement de l’investissement (ou la valeur) de la simulation dans les milieux de soins de santé », indique le Dr Aggarwal. « Ce sont des travaux révolutionnaires, et cette occasion d’enrichir le programme de simulation à McGill d’une manière aussi opportune et valable aura un impact considérable. »

Lors de la conférence médicale tenue le 16 mai à l’Hôpital général de Montréal, la Dre Wayne a abordé l’idée de se servir de la formation médicale pour améliorer la qualité des soins aux patients. Elle a expliqué les avantages de la pédagogie de la maîtrise fondée sur la simulation et de la pratique délibérée, en soulignant que la simulation ne se substitue pas à la formation traditionnelle, mais la complète, pour combler des lacunes et s’assurer que tous soient sur le même pied. La simulation permet aux apprenants en médecine de mettre en pratique leurs habiletés cliniques dans un contexte sécuritaire et contrôlé qui leur donne droit à l’erreur, où ils sont évalués de manière formative et reçoivent une rétroaction dans le but d’acquérir et de maintenir leurs compétences cliniques. « C’est un travail exigeant, qui demande beaucoup d’énergie mentale et une grande concentration », précise la Dre Wayne. « Il faut que ce soit difficile, il faut les faire transpirer. » Puisque le temps nécessaire pour maîtriser les objectifs pédagogiques d’une unité varie d’un apprenant à l’autre, certains stagiaires pourraient avoir besoin de plus de formation pour satisfaire aux critères de compétence.

Des résultats très probants

Ayant publié plus d’une centaine d’études, la Dre Wayne a consacré les 12 dernières années, avec son équipe, à mettre en pratique la pédagogie de la maîtrise fondée sur la simulation et à en mesurer les résultats en évaluant la compétence des étudiants en médecine, des résidents et des fellows. Les résultats sont convaincants. Durant ses années à la direction du programme de résidence en médecine interne au McGaw Medical Center de l’Université Northwestern, elle a implanté un programme rigoureux de formation par simulation pour enseigner l’insertion de cathéter central aux résidents en médecine interne et en médecine d’urgence. Avec la pédagogie de la maîtrise, les cas de ponction artérielle et d’infection liée à un cathéter central ont été réduits de 85 %. Ces retombées positives pour les soins aux patients et la réduction de la durée de séjour ont entraîné des économies importantes pour l’hôpital, avec un rendement de l’investissement de l’ordre de 7 pour 1.

L’expertise de la Dre Wayne en matière de recherche sur la simulation a laissé une empreinte durable chez les membres du corps professoral médical et du personnel qui ont assisté à sa conférence. « Le critère de référence pour les interventions en formation médicale est l’amélioration des résultats pour les patients », souligne la Dre Joyce Pickering, vice-directrice, pédagogie au Département de médecine de l’Université McGill et médecin-chef générale associée au Centre universitaire de santé McGill. « Malheureusement, cet aspect n’a presque jamais été étudié en recherche en pédagogie médicale – jusqu’aux travaux de la Dre Wayne. Elle a démontré de façon convaincante que la morbidité, la mortalité et les coûts des soins diminuaient lorsqu’on exige systématiquement la maîtrise de certaines habiletés par les médecins en formation. C’est tellement important – tous les programmes de formation devraient employer cette approche. »

Maximiser les résultats d’apprentissage

Durant sa visite à Montréal, la Dre Wayne a également visité le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg et animé un atelier sur la pédagogie de la maîtrise à l’intention de professeurs mcgillois. Lorsqu’on met cette approche en application, il faut se poser la question suivante : « Comment faire pour créer un environnement pédagogique qui maximise les résultats d’apprentissage pour tous les apprenants? » La réponse se trouve dans l’élaboration et la mise en œuvre de conditions d’apprentissage, d’un programme d’études et d’un plan d’évaluation qui mènent à l’atteinte d’un haut niveau de compétence chez tous les apprenants. « Pour y parvenir, il faut investir du temps et de l’énergie dans l’élaboration d’un programme thématique, soutenu et cumulatif », explique la Dre Wayne. Durant l’atelier pratique, les participants ont exploré les étapes de mise en place d’une approche de pédagogie de la maîtrise fondée sur la simulation, en commençant par la définition d’objectifs et d’un programme d’apprentissage ciblés, jusqu’au choix du meilleur type de simulation pour atteindre ces objectifs. L’importance de déterminer des normes minimales pratiques et justifiables pour l’atteinte des résultats visés sur le plan pédagogique et clinique a également été abordée. Enfin, la Dre Wayne a insisté sur la nécessité de recueillir des données probantes pour étayer la théorie selon laquelle cette pédagogie rigoureuse conduit à des résultats cliniques positifs. « L’innovation nous rend tous meilleurs, indique-t-elle. Mon but est d’encourager les autres à adopter ce modèle pour améliorer les résultats pour les patients ». Jusqu’ici, ses recherches ont surtout porté sur les habiletés cliniques, mais elle compte aussi explorer l’utilisation de la pédagogie de la maîtrise fondée sur la simulation pour maximiser les habiletés à communiquer et à travailler en équipe.

Le programme de professeur invité en simulation et sécurité des patients a été parrainé par la promotion 1975 de médecine de l’Université McGill, qui a entrepris ce projet marquant pour célébrer son 40e anniversaire. Le Dr Gerald Fried, titulaire de la chaire de chirurgie Edward W. Archibald, directeur du Département de chirurgie et chirurgien en chef du Centre universitaire de santé McGill, faisait partie du groupe qui a piloté cette initiative. Il a également participé à l’atelier sur la pédagogie de la maîtrise. « La formation médicale a énormément évolué depuis 10 ans, avec le recours à la simulation, qui accroît la participation des apprenants et l’efficacité de l’expérience d’apprentissage, mentionne-t-il. La Dre Diane Wayne est une défenseure renommée de la pédagogie de la maîtrise, qui a pour prémisses d’établir un objectif mesurable pour l’expérience d’apprentissage et de fonder l’épisode d’apprentissage sur l’atteinte de cet objectif plutôt que sur une durée déterminée. Elle nous a appris à quel point cette approche était efficace en démontrant que ce type d’apprentissage se traduit en une amélioration des soins cliniques. Comme membre de la promotion 1975, je suis ravi que notre première professeure invitée en simulation médicale ait été une aussi grande source d’inspiration. »

Grâce à la générosité de la promotion 1975, le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg et la communauté mcgilloise pourront continuer d’accueillir des professeurs invités qui feront part de leurs approches et de leurs recherches novatrices pour les années à venir.

Pour en savoir plus sur la Dre Diane B. Wayne et ses recherches d’avant-garde : http://www.feinberg.northwestern.edu/faculty-profiles/az/profile.html?xid=13878

 

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