Un pont entre pratique clinique et recherche: les bourses de recherche d’été pour étudiants à la maîtrise en sciences appliquées

Volume 15 Numéro 1

Par Virginia Hay-Roe et Huong Hoang

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Le programme de formation clinique à la maîtrise ès sciences appliquées (M.Sc.A.) étant très chargé, il peut être difficile pour les étudiants de prendre part à des activités de recherche de façon régulière pendant les trimestres qui sont très occupés. Afin que les étudiants aient davantage d’occasions de découvrir le contexte de la recherche, la Faculté de médecine de McGill offre un programme de bourses de recherche d’été aux futurs professionnels de la santé, qui peuvent ainsi se consacrer à la recherche scientifique pendant huit semaines consécutives au cours de la pause estivale. En 2016, sept étudiants à la maîtrise ès sciences appliquées de l’École des sciences de la communication humaine (ESCH) ont reçu un soutien du programme de bourses de recherche d’été de la faculté afin de collaborer à des projets de recherche pratique avec des membres du corps professoral.

Le pouvoir d’un esprit curieux

La motivation des étudiants à participer à des activités de recherche en été provient de leur propre désir d’approfondir des sujets qui rejoignent leurs champs d’intérêt personnels. Evan Kennedy souhaitait travailler principalement en tant que clinicien spécialisé dans les troubles de la voix. Aux côtés de Nicole Li-Jessen, Ph. D., il a observé comment les propriétés mécaniques des cordes vocales agissent sur la croissance des cellules. « Je n’ai pas une expérience très vaste en biologie cellulaire – j’ai étudié en linguistique et en psychologie –, alors je me suis dit qu’en participant à un projet comme celui-ci, je pourrais améliorer grandement ma compréhension personnelle de la guérison des lésions. » Quant à Huong Hoang, en travaillant au laboratoire de psychologie de la pragmatique d’Aparna Nadig, Ph. D., elle a eu la chance d’explorer une question qui l’intéresse depuis le premier cycle : « J’ai toujours voulu en savoir plus sur les compétences narratives des enfants bilingues atteints d’autisme. Le laboratoire réalisait déjà un projet qui correspondait à mon champ d’intérêt. »

 Inspirés par les travaux des superviseurs, ces projets représentent des occasions d’apprentissage uniques, qui s’ajoutent aux connaissances acquises en salle de cours. Au laboratoire de la neuropragmatique et des émotions de Marc Pell, Ph. D., Jamie Russell a étudié l’influence de l’expérience linguistique sur la reconnaissance des émotions dans la parole. « J’étais curieuse de voir les travaux qui se déroulent à notre école, en dehors du programme clinique, explique-t-elle. J’ai pensé que ce serait une excellente occasion d’y apporter ma contribution. » Omar Orbegozo-Zavala, qui a travaillé avec Susan Rvachew, Ph. D., à la transcription de données pour les enfants atteints du syndrome de Down et de dyspraxie, ajoute ceci : « J’ai vécu une belle expérience en me retrouvant dans ce type d’environnement, à côtoyer des chercheurs et à découvrir ce sur quoi ils travaillent. »

Des défis et un enthousiasme insoupçonnés

Au début, la courbe d’apprentissage fut importante. Les étudiants devaient se familiariser non seulement avec le sujet d’étude lui-même, mais aussi avec les aptitudes techniques requises pour l’organisation du projet de recherche. Lisa Martignetti et Meagan Honigman ont travaillé ensemble au laboratoire de neurocognition du langage de Karsten Steinhauer, Ph. D. Elles ont comparé la neuroactivité de sujets de langue seconde française avec celle de sujets de langue maternelle française en présence d’erreurs d’accord. Comme le mentionne Lisa, « il se passe énormément de choses en arrière-plan, et si l’on n’est pas parmi ceux qui se tiennent dans l’ombre à faire de la recherche, on ne réalise pas tout ce qu’il y a derrière chaque activité qu’il faut réaliser ». Comme dans tout projet de recherche, les étudiants ont rencontré des défis en cours de route, qu’il s’agisse des échéances à respecter ou de recruter des participants. Cependant, autant les mentors que les employés des laboratoires ont fourni volontiers des ressources et de la formation aux étudiants, qui se sentaient à l’aise de discuter de solutions de remplacement en tant que membres des équipes.

Après cette expérience de recherche estivale, les étudiants avaient une conception plus précise de l’importance de la collaboration interprofessionnelle. « Il y a tant de choses que j’ignore, confie Evan, et c’est un vrai bonheur de pouvoir faire partie d’un processus collaboratif avec une équipe pour se doter d’une nouvelle compréhension commune. » Jamie acquiesce : « On peut facilement se sentir dépassé et croire que l’on doit surmonter les difficultés par soi-même, mais nous sommes entourés de personnes intelligentes et généreuses qui veulent nous aider. »  Pour d’autres étudiants, ce fut l’occasion d’avoir un avant-goût de ce que serait une carrière en recherche. « J’ai toujours envisagé d’obtenir un doctorat, explique Lisa, mais maintenant j’y pense encore plus. » L’expérience a également permis aux étudiants de mieux comprendre comment les articles scientifiques sont élaborés et publiés. « C’est facile de souligner toutes les failles d’un article, de dire que tel problème aurait dû être éclairci ou qu’il y aurait dû y avoir plus de participants, mais quand je vois tout ce que nous faisons... et il est difficile de trouver des participants », souligne Omar.

Au bout du compte, les étudiants sont reconnaissants envers le réseau de soutien créé par leurs superviseurs et les employés des laboratoires. Cette expérience de recherche a motivé les étudiants à intégrer les connaissances acquises dans leurs activités cliniques futures. « Nous parlons beaucoup de la recherche et des pratiques fondées sur des éléments probants, affirme Jamie. En prenant part à toutes les étapes du déroulement d’un projet, nous gagnons une perspective à laquelle nous n’aurions peut-être pas accès autrement. »

Les étudiants à la maîtrise de l’ESCH peuvent faire de la recherche en été chaque année, que ce soit dans l’intention de présenter une thèse ou simplement pour explorer un sujet d’étude. Comme l’indique Meagan, « je crois que cette expérience est utile; elle nous ouvre une fenêtre sur le monde de la recherche. »  Evan ajoute que « si quelque chose pique votre curiosité, posez la question pour savoir comment vous pourriez apporter votre contribution!»

 

Pour de plus amples renseignements sur les laboratoires mentionnés dans cet article, cliquez sur les liens ci-dessous :

Huong Hoang (en collaboration avec Ana Maria Gonzalez-Barrero), laboratoire de psychologie de la pragmatique d’Aparna Nadig, Ph. D.

Evan Kennedy, laboratoire sur la voix de Nicole Li-Jessen, Ph. D. et laboratoire de conception de microenvironnements cellulaires de Christopher Moraes, Ph. D. 

Lisa Martignetti et Meagan Honigman, laboratoire de neurocognition du langage de Karsten Steinhauer, Ph. D.

Omar Orbegozo-Zavala (en collaboration avec Marla Folden), laboratoire de phonologie de l’enfant de Susan Rvachew, Ph. D. 

Jamie Russell, laboratoire de la neuropragmatique de Marc Pell, Ph. D.

Programme de bourses de recherche d’été de la Faculté de médecine

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