Les étudiants de McGill aident les jeunes enfants à communiquer

Volume 3, numéro 1, 2006

Si l’on est jeudi, alors il va pleuvoir. C’est du moins ce que pensent Amanda Squires et Vicki Wright. Chaque jeudi, ces deux étudiantes en orthophonie de l’ École des sciences de la communication humaine de l’Université McGill se rendent aux centres de services à l’enfance et à la famille de Verdun et de Beaconsfield, qui font partie du Centre de réadaptation de l’Ouest de Montréal, et jusqu’à maintenant il a toujours plu. Mais là-bas, elles participent au programme Stepping Stones, qui est destiné aux enfants d’âge préscolaire ayant un retard de développement. Le programme Stepping Stones vise à préparer ces enfants à commencer l’école en même temps que les autres enfants. C’est l’un des nombreux programmes offerts par le Centre de réadaptation de l’Ouest de Montréal, qui fournit une vaste gamme de services aux personnes ayant une déficience intellectuelle ainsi qu’à leurs familles et ce, de la naissance jusqu’à la mort, en mettant l’accent sur l’aide à l’ intégration sociale. Ann Voigt, qui a supervisé les travaux d’Amanda et Vicki dans le cadre du programme Stepping Stones, raconte : « C’est merveilleux que McGill ait pu collaborer au programme Stepping Stones. Les étudiantes ont pu y acquérir de précieuses connaissances au sujet des aptitudes cliniques nécessaires au travail avec des enfants ayant des besoins particuliers, tandis que ces derniers ont pu profiter de la thérapie offerte par les étudiantes. Chacun y a donc trouvé son compte. »

Les étudiantes en orthophonie collaborent avec leur superviseure à l’ établissement d’objectifs de langage et de parole pour les enfants. Elles travaillent sur ces objectifs avec chaque enfant, tant en groupe qu’ individuellement. En raison du grand nombre d’enfants non verbaux faisant partie du programme, la plupart des objectifs des enfants portent sur le développement de précurseurs du langage tels que l’imitation, la participation à tour de rôle et l’attention conjointe. Les exercices visant à développer ces aptitudes peuvent être aussi simples que de se renvoyer une balle qui roule ou de placer à tour de rôle des jouets ou des babioles dans un contenant afin de renforcer le concept de participation à tour de rôle, des activités qui peuvent se faire seul à seul. En groupe, les étudiantes peuvent aider les enfants à demeurer assis pendant la période de travail afin d’améliorer leur capacité d’ attention. Les étudiantes instaurent également un système de communication par échange d’images avec quelques-uns des enfants, qui aide ces derniers à exprimer leurs besoins même s’ils ne peuvent pas parler.

Les services offerts en classe par les étudiantes de McGill permettent aux enfants de développer leurs aptitudes à communiquer dans toutes sortes de situations de la vraie vie. Anne Voigt fait remarquer que « l’un des aspects particuliers du programme Stepping Stones est qu’en avant-midi les étudiantes pouvaient faire l’expérience d’une intervention employant une approche langagière plutôt holistique dans un groupe d’âge préscolaire, ce qui contrastait grandement avec la thérapie individuelle qu’elles offraient plus tard, en après-midi. » Un parent affirme que « la thérapie du langage offerte par l’étudiante de McGill a été une belle expérience d’apprentissage pour ma fille. Elle a eu du plaisir, elle a appris des mots et elle a amélioré sa capacité de compréhension. » Une autre maman est du même avis et croit que ces services sont essentiels au traitement du trouble de langage de son fils, en plus de lui être bénéfiques à bien d’autres niveaux que celui du langage. Elle fait remarquer que « cette expérience concrète devrait être encouragée et poursuivie. De mon point de vue de mère, je désirais fortement voir les étudiantes apprendre et réussir. J’ai également constaté d’excellents résultats… Finalement, ma famille est très reconnaissante pour cette chance qui a été offerte à notre fils. »

Comment aider votre enfant à communiquer

Il peut être éprouvant et accablant d’être parent d’un enfant qui communique difficilement. Cependant, il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour aider votre enfant à mieux communiquer, même s’il ne parle pas encore.

Le jeu est une occupation naturelle et bénéfique dans la vie de tout enfant. Il constitue un moment privilégié où vous pouvez interagir avec votre enfant et stimuler son langage. Examinons donc quelques stratégies concrètes fondées sur cette approche que vous pourriez utiliser lorsque vous interagissez avec votre enfant pendant les jeux libres.

Laissez-vous guider par votre enfant : Lors d’une période de jeu libre, votre enfant a le sentiment d’être aux commandes lorsqu’il peut diriger son attention lui-même vers les objets qu’il affectionne. Vous avez là une excellente occasion de profiter de l’attention conjointe. L’attention conjointe est considérée comme un puissant canal de développement langagier. Il fait appel à la capacité qu’ont deux personnes de partager un intérêt commun et de se concentrer sur un même objet ou un même événement. Vous pouvez aider votre enfant en portant votre attention sur ce vers quoi il tourne la sienne spontanément et en faisant des commentaires à ce sujet, plutôt qu’en imposant d’autres jeux ou en redirigeant l’attention de l’ enfant vers de nouveaux objets. En d’autres mots, lorsque votre enfant joue, attendez qu’il fasse les premiers pas et suivez-le dans la direction qu’il a choisie. Par ce type d’interaction peu exigeante et non contraignante, il est plus probable que votre enfant apprendra de vos paroles, car elles seront en lien avec quelque chose qui le motive et qu’il apprécie vraiment.

Établissez une participation à tour de rôle : La capacité d’ attendre et prendre son tour est une aptitude essentielle à la conversation. C’est un comportement que vous pouvez stimuler lors de vos interactions avec votre enfant. Vous pouvez l’orienter vers des jeux simples qui exigeront une participation à tour de rôle prolongée. Par exemple, si l’ enfant place un bloc dans un contenant, imitez-le en y plaçant aussi un bloc, pour ensuite l’ encourager à mettre à son tour un autre bloc dans le contenant. Les balles, bulles, casse-tête, poupées et petites autos peuvent également être utilisés dans des jeux d’alternance de tour.

Produisez un langage simple : Lorsque vous jouez avec votre enfant, parlez-lui en utilisant des phrases courtes qui sont simples, mais correctes d’un point de vue grammatical. Adaptez la complexité de vos phrases de manière qu’elles soient tout juste au-dessus du niveau de langage de votre enfant. Par exemple, si votre enfant pointe une petite auto, vous pouvez dire « auto ». S’il pointe l’auto et dit « auto », vous pouvez dire « Tu veux l’ auto? » avant de la lui donner.

Répétez-vous souvent : La répétition fréquente des mots qui réfèrent aux objets auxquels s’ intéresse votre enfant est une autre stratégie importante qui l’aidera à apprendre de nouveaux mots.

Par où commencer : Au départ, concentrez-vous sur les mots qui réfèrent à des objets concrets et attirants dans la vie de l’enfant. Rappelez-vous que l’enfant lui-même vous guidera en portant attention à des objets particuliers pendant le jeu.

En résumé, l’attention conjointe et l’alternance des tours sont des aspects importants liés au développement du langage. Nous vous souhaitons bonne chance et beaucoup de plaisir lorsque vous interagirez et jouerez avec votre enfant!

Lectures complémentaires pour les professionnels : Ces suggestions sont fondées sur une approche interventionnelle appelée « stimulation ciblée interactive ». Des recherches ont démontré que cette approche peut être utilisée avec succès tant par les parents que les éducateurs en garderie et les orthophonistes.

Girolametto, L., Pearce, P. S., Weitzman, E. (1996). Interactive Focused Stimulation for Toddlers with Expressive Vocabulary Delays. American Speech-Language-Hearing Association, 39, 1274-1283.

Girolametto, L., Weitzman, E., Greenberg, J. (2003). Training Day Care Staff to Facilitate Children’s Language. American Journal of Speech-Language Pathology, 12, 299-311.

Hoff, E.& Naigles, L.(2002).How Children Use Input to Acquire a Lexicon. Child Development, 73, 418-433.

Siller, M. & Sigman, M. (2002). The Behaviors of Parents of Children with Autism Predict the Subsequent Development of Their Children’s Communication. Journal of Autism and Developmental Disorders, 12, 77-89.

 

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