La diversité en formation clinique : vers une pratique plus inclusive

Volume 16, numéro 1, 2018

Les étudiants en orthophonie de l’École des sciences de la communication humaine de McGill sont formés pour traiter un vaste éventail de problèmes de santé et offrir des services de qualité élevée à des gens de tous les milieux.

Malheureusement, il s’avère que les gens qui sont identifiés à certaines races ou à certains groupes marginalisés sont plus susceptibles de recevoir des soins de santé de qualité inférieure. Un patient trans (qui a préféré garder l’anonymat) a qualifié de frustrante son expérience dans le système de santé, ajoutant qu’en général, les professionnels de la santé « ne savaient pratiquement rien. (...) Il y a beaucoup de choses qu’ils ne comprennent pas, et ils ne sont tout simplement pas assez formés. » Lorsqu’on lui a demandé ce qui pourrait être fait pour améliorer la qualité des soins qui lui sont fournis ainsi qu’aux membres d’autres groupes marginalisés, sa réponse était claire : « Les former. Les former et les exposer à cette clientèle. »

Justement, à l’École des sciences de la communication humaine (ESCH), plusieurs projets sont en cours pour commencer à former et à exposer les étudiants à cette réalité.

La formation sur la diversité à McGill

De nouvelles initiatives sont mises en place à l’ESCH afin d’enseigner aux étudiants comment adopter une pratique anti-oppressive. À la troisième session, les étudiants en formation clinique suivent un cours – Séminaire et stage III – dont plus de la moitié du contenu est consacré aux enjeux liés à la diversité, au counseling et à la bonne communication avec les patients. Ce cours, enseigné par la professeure adjointe Kelly Root, comprend de la formation sur l’histoire et la santé des Autochtones, un atelier sur les manières de favoriser la conversation avec les personnes atteintes d’aphasie et des exposés sur divers sujets qui touchent la diversité, présentés par les étudiants eux-mêmes.

Les occasions de développer leurs compétences sont donc nombreuses pour les étudiants. Ces dernières années, certains ont eu la possibilité d’effectuer des stages cliniques dans des communautés principalement autochtones du nord du Québec, notamment la communauté algonquine de Lac-Simon et la communauté crie de Chisasibi. Depuis quelques années, le cours Troubles de la voix de Nicole Li-Jessen, Ph. D., donne aux étudiants la chance d’animer des ateliers sur la masculinisation et la féminisation de la voix pour des jeunes qui s’identifient comme transgenres.

Au-delà de l’enseignement

La Faculté de médecine contribue à plus grande échelle aux efforts visant à améliorer la diversité à l’université. En effet, le mandat du Comité d’expansion de la participation, qui relève du Bureau de la responsabilité sociale et de l’engagement communautaire de la Faculté de médecine, consiste à améliorer la diversité et l’équité au sein de la Faculté de médecine, ainsi qu’à favoriser la participation des populations sous-représentées et marginalisées à la réalisation des programmes de formation des professionnels de la santé de McGill.

Yasmin Beydoun et Emily Jarvis, étudiantes de deuxième et de première année à la maîtrise en sciences appliquées, nous représentent au comité étudiant d’expansion de la participation. « En ce moment, explique Yasmin, nous collaborons avec le Comité d’expansion de la participation et la Faculté de médecine à la création d’un programme de mentorat où des élèves (du secondaire) issus de minorités seront jumelés à des gens dans un domaine qui les intéresse. Un tel programme est intéressant, car il pourrait avoir des répercussions plus durables sur le cheminement de ces élèves, comparativement à un camp de jour. À suivre! »

On peut toujours faire mieux

La formation sur la diversité que reçoivent les étudiants de l’ESCH a lieu en majeure partie à la deuxième année du programme. L’an dernier, Yasmin a réalisé un sondage sur la diversité auprès des étudiants de première année en orthophonie. « Ce sondage avait pour principal but de déterminer dans quelle mesure les étudiants de notre cohorte considéraient qu’ils avaient besoin de plus de formation qui les aiderait à adopter des pratiques anti-oppressives pour travailler auprès d’une population diversifiée », affirme-t-elle. De manière générale, le sondage a révélé que les étudiants de première année accordent de l’importance à ce type de formation et d’enseignement, mais qu’il en faudrait plus pour qu’ils se sentent à l’aise de fournir des soins de santé de manière anti-oppressive.

Lorsqu’il est question de diversité, on peut toujours faire mieux. Selon le sondage sur la formation à la diversité, il faudrait donner de la formation sur les compétences culturelles et les pratiques anti-oppressives plus tôt dans le programme. Néanmoins, toujours selon le sondage, l’ESCH a fait beaucoup de progrès pour favoriser la diversité. « Je crois que l’on est sur la bonne voie en ce qui concerne les soins de santé », affirme le patient trans cité plus haut, qui reconnaît qu’il faudra tout de même du temps.

Effectivement, les initiatives en cours à l’ESCH avancent dans la bonne direction, et c’est en poursuivant ces efforts que nous aiderons les étudiants à acquérir les habiletés cliniques et les compétences nécessaires pour fournir d’excellents soins aux clients de tous les milieux.

Yasmin Beydoun (left) and Emily Jarvis (right), SCSD representatives for the Students' Widening Participation Committee

 

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