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Le frisson musical : pourquoi il nous enchante

Publié: 10 January 2011

La neuroscience du frisson musical

Des chercheurs ont découvert que l’expérience agréable que procure l’écoute de musique libère de la dopamine, un neurotransmetteur important associé à des plaisirs plus tangibles et des récompenses comme la nourriture, la drogue et le sexe. La nouvelle étude de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – de l’Université McGill révèle aussi que même l’anticipation d’une musique agréable libère de la dopamine [comme c’est le cas avec la nourriture, la drogue et le sexe]. Les résultats, publiés dans la prestigieuse revue Nature Neuroscience, avancent les raisons pour lesquelles la musique, dénuée de valeur évidente de survie, est si importante dans la société humaine.

L’équipe du Neuro a mesuré la libération de dopamine en réaction à de la musique qui suscite un « frisson », à savoir des changements dans la conduction cutanée, la fréquence cardiaque, la respiration et la température corrélés avec les degrés de contentement de la musique. Le « frisson musical » est un marqueur bien établi des pics émotionnels ressentis à l’écoute de musique. Une nouvelle combinaison de techniques d’imagerie cérébrales par TEP et IRMf montre que la libération de dopamine est plus grande à l’écoute de musique agréable par opposition à de la musique neutre, et que les niveaux de libération sont corrélés avec le degré d’éveil émotionnel et les degrés de contentement. On sait que la dopamine joue un rôle essentiel dans la constitution et le maintien de comportements biologiquement nécessaires.

« Ces constatations fournissent des indices neurochimiques sur le fait que des réactions émotionnelles intenses à la musique font intervenir un ancien système de récompenses dans le cerveau », explique le professeur Robert Zatorre, neuroscientifique au Neuro. « Il s’agit à notre connaissance de la première démonstration de la libération de dopamine par une récompense abstraite comme la musique. Des récompenses abstraites sont en grande partie de nature cognitive, et cette étude ouvre la voie à de la recherche future portant sur des récompenses non tangibles que les humains considèrent comme gratifiantes pour des raisons complexes. »

« La musique est unique en ce sens que nous pouvons mesurer les phases de récompense en temps réel, de la phase de base neutre à l’anticipation du pic, et ce, pendant l’imagerie », de dire la chercheuse principale Valorie Salimpoor, étudiante diplômée travaillant au laboratoire du professeur Zatorre et inscrite au programme de psychologie McGill. « C’est généralement difficile d’examiner l’activité de la dopamine pendant la phase d’anticipation et la phase de consommation d’une récompense. Les deux phases sont captées ensemble en ligne par le tomographe par émission de positions qui, en conjugaison avec la spécificité temporale de l’IRMf, nous permet d’obtenir une évaluation unique des contributions distinctes de chaque région du cerveau à différents moments. »

Cette étude innovatrice, qui a eu recours à une combinaison inédite de techniques d’imagerie, montre que l’anticipation et l’expérience de l’écoute de musique agréable libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur du cerveau vital au renforcement de comportements nécessaires à la survie.  L’étude a aussi montré que deux différents circuits du cerveau interviennent dans l’anticipation et l’expérience, respectivement : un lié aux systèmes cognitif et moteur, donc la prédiction, l’autre au système limbique, donc la partie émotionnelle du cerveau. Ces deux phases correspondent aussi à des concepts en musique, comme la tension et la résolution.

La recherche a été menée au Neuro et au Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie. Elle a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, ainsi que le CIRMMT.

Liens vers les échantillons de musique utilisés dans l’étude : www.zlab.mcgill.ca/emotion

Lien pour la liste complète de pièces de musique suscitant un « frisson » que les participants ont proposée pour une étude antérieure (Tableau S1) :

http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0007487#s5

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L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal

L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un centre médical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Cet institut de recherche et de formation rattaché à l’Université McGill est au cœur de la mission en neurosciences que s’est donnée le Centre universitaire de santé McGill. Fondé en 1934 par le réputé Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu dans le monde entier pour la manière dont il intègre la recherche, des soins prodigués avec compassion aux patients et la formation de pointe, autant de facteurs sans lesquels la science et la médecine ne pourraient progresser. Ses chercheurs sont des chefs de file mondiaux dans les neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. Dans son budget de 2007, le gouvernement fédéral a fait de l’Institut neurologique de Montréal un des sept centres d’excellence du Canada, ce qui a lui a permis d’obtenir 15 millions de dollars pour financer ses recherches et ses activités de commercialisation dans le domaine des maladies neurologiques et des neurosciences.

 

 

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