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L’extinction repensée

Publié: 25 May 2011


Depuis plus de 40 ans, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publie la Liste rouge des espèces menacées, qui décrit le statut de conservation de différentes espèces animales. L’organisme inclut maintenant les espèces végétales, et le portrait qu’il présente est alarmant. Selon des évaluations récentes, environ 20 pour cent des plantes à fleurs risquent l’extinction, bien que le nombre exact soit inconnu, étant donné qu’une si petite proportion d’espèces végétales n’ont encore été étudiées.

Aujourd’hui toutefois, des travaux effectués en Afrique du Sud et au Royaume-Uni par une équipe internationale de chercheurs dirigée par le biologiste mcgillois Jonathan Davies et par Vincent Savolainen, du Collège impérial de Londres et des Jardins Kew, recommandent la révision des critères d’évaluation du risque d’extinction. « L’un des plus grands défis écologiques de notre époque consiste à réduire les taux d’extinction », explique M. Davies, « mais il peut être difficile d’identifier quelles espèces sont exposées au plus grand risque ».

Selon certains critères, une espèce est considérée à risque si elle n’est présente que dans un lieu géographique restreint et si sa population est de taille réduite. Toutefois, grâce à l’analyse moléculaire de séquences d’ADN provenant de spécimens de plantes, les chercheurs ont pu démontrer que ces critères décrivent également des espèces dont l’arrivée est relativement récente. « Chez les végétaux, nous montrons que les processus d’extinction et de spéciation (soit le processus d’évolution par lequel de nouvelles espèces sont créées) sont liés. Apparemment, les espèces les plus vulnérables sont souvent les plus jeunes. Les jeunes espèces peuvent sembler à risque élevé d’extinction, simplement parce que leurs populations n’ont pas encore eu le temps de croître et de se propager. Toutefois, il est aussi possible que certaines espèces végétales soient condamnées à l’extinction dès leur création », a déclaré Jonathan Davies.

L’établissement d’un ordre de priorité pour la conservation des espèces présente de nombreux défis et ces découvertes risquent de susciter une controverse. « Nos résultats remettent en question l’application de la même série de critères pour les organismes vivants – espèces végétales versus espèces animales – et pour les régions –  régions chaudes de la biodiversité versus pays au climat tempéré, comme le Royaume-Uni », a précisé Vincent Savolainen. Et il ajoute : « L’UICN effectue un travail important, mais il se pourrait que nous ayons à peaufiner des critères de la Liste rouge afin d’évaluer la menace rapidement. Il s’agit d’une tâche colossale qui pourrait se révéler d’autant plus urgente, étant donné les changements que nous observons dans l’environnement mondial ».

Les travaux ont reçu du financement de l’Initiative Darwin, de la Société royale (R.-U.), de la Fondation pour la recherche nationale d’Afrique du Sud, de la Fiducie Leverhulme, du Conseil de l’environnement naturel (R.-U.) et du Conseil de recherche européen.

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