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Identification d’une nouvelle cause de la cécité chez l’enfant

Identification d’une nouvelle cause de la cécité chez l’enfant

Publié: 30 July 2012

L’un des mystères entourant la cécité a été élucidé. Une équipe internationale de scientifiques en collaboration avec l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a identifié un nouveau gène responsable de l’amaurose congénitale de Leber (ACL), qui est une forme de cécité héréditaire dévastatrice chez le nouveau-né. Ce qui rend cette découverte si exceptionnelle est que ce nouveau gène, appelé NMNAT1 – reconnu pour être essentiel au maintien de la vie – n’a jamais été associé à aucune maladie chez l’homme. C’est la première fois qu’une corrélation si importante est établie. L’étude a été publiée aujourd’hui dans le prestigieux journal Nature Genetics.

« Il s’agit probablement de l’une des découvertes les plus importantes dans les domaines de la neuroscience et de la cécité depuis les 15 dernières années », déclare le docteur Robert Koenekoop, premier auteur de l’étude, directeur du Laboratoire de génétique oculaire de l’Hôpital de Montréal pour enfants au CUSM et, également professeur en génétique humaine et ophtalmologie à la Faculté de médecine de l’Université McGill. Les chercheurs se penchent depuis de nombreuses années sur le lien existant entre les mutations du gène NMNAT1 et les maladies qui affligent le cerveau ou le corps humain. »

L’ACL est une maladie génétique rare qui se manifeste à la naissance ou au cours des premiers mois de la vie, et qui touche environ un nouveau-né sur 80 000. Bien qu’il n’existe actuellement aucun traitement reconnu pour l’ACL, des chercheurs ont découvert 18 gènes responsables de cette forme particulière de cécité. Pour le Dr Koenekoop, NMNAT1 est l’un des gènes actuellement identifié comme responsables de l’ACL qui suscite le plus d’enthousiasme, car il laisse entrevoir une toute nouvelle voie d’action de la maladie. « Á ce jour, nous sommes en mesure d’identifier le gène responsable de l’ACL chez 75 pour cent des enfants. Nous nous rapprochons du stade où nous pourrons identifier tous les gènes responsables de cette forme de cécité chez l’enfant et où nous mettrons au point des traitements efficaces. »

« Le Dr Koenekoop et ses collègues à l’international ont obtenu un succès remarquable en découvrant le gène responsable de ACL et en identifiant son fonctionnement », commente la présidente et chef de la direction de la fondation lutte contre la cécité – Canada (Foundation Fighting Blindness Canada), Mme Sharon Colle en précisant que La Fondation est fière de lui apporter son soutien grâce à l’aide de ses généreux donateurs. « L’identification des mutations responsables de l’ACL permet aux familles aux prises avec cette maladie rare d’obtenir un diagnostic formel, ce qui constitue la première étape d’un processus qui mènera à d’éventuels traitements. »

Comme c’est le cas pour de nombreuses percées scientifiques, établir le lien entre le gène NMNAT1 et l’ACL a amené les chercheurs à mettre en doute des certitudes bien établies. Grâce à une technologie de pointe en génétique, l’équipe a commencé par analyser l’ensemble du génome de 60 nourrissons atteints d’ACL. Les chercheurs ont exclu les gènes déjà connus, afin de maximiser leurs chances d’en identifier de nouveaux. « Lorsque nous avons découvert que le nouveau gène était le NMNAT1, nous avons d’abord cru que c’était impossible, étant donné qu’il joue un rôle tellement important dans la vie – chez les organismes vivants, allant des bactéries à l’humain – que nous croyions qu’une mutation du gène NMNAT1 entraînait la mort. »

Le gène NMNAT1 est présent dans chacune des cellules du corps humain. Il produit une coenzyme vitale, appelée nicotinamide adénine dinucléotide (NAD), qui joue un rôle dans des centaines de réactions se produisant au sein de la cellule. Étonnamment, le gène NMNAT1 fait également partie d’un mécanisme de sauvetage qui ralentit la dégénérescence des neurones et qui nous aide à prévenir l’apparition de nombreuses maladies, comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.

« Nos résultats vont avoir des implications thérapeutiques immédiates sur la cécité; elles peuvent aussi ouvrir la voie à d’autres nouveaux traitements pour des maladies neurodégénératives », ajoute le docteur Rui Chen, auteur principal de l’étude et professeur agrégé au Baylor College of Medicine à Houston.

« Comme il a été démontré que des niveaux plus élevés de NAD ralentissaient de manière significative la dégénérescence des neurones, les travaux de notre équipe laissent entrevoir une ouverture en termes de traitement», s’enthousiasme le docteur Koenekoop. « En effet, il est possible que l’administration de NAD comme médicament chez les jeunes patients atteints d’ACL et présentant des mutations du gène NMNAT1 constitue à l’avenir une option thérapeutique pour traiter la cécité ».

Financement: Les travaux de recherche susmentionnés ont en grande partie été financés par la fondation lutte contre la cécité - Canada (The Foundation Fighting Blindness - Canada ─ FFB) et par Finding of Rare Disease Genes in Canada (FORGE Canada). Ils ont également été financés en partie par le gouvernement du Canada, par l’intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada et par l’Ontario Genomics Institute. Génome Québec et Genome British Columbia ont aussi offert du financement additionnel.


Partenaires de recherche: Le projet susmentionné est le fruit d’une collaboration entre le laboratoire du Dr Robert Koenekoop de Institut de recherche du CUSM à Hôpital de Montréal pour enfants incluant la Dre Irma Lopez, le Dr Huanan Ren ainsi que les Drs Vafa Keser et Qing Fu ; le laboratoire du Dr Rui Chen, Texas Children's Hospital, Baylor College of Medicine, Houston; le laboratoire du Dr Jacek Majewski, Centre d’innovation Génome Québec et Université McGill avec le Dr Jeremy Schwartzentruber; L’Université de Leeds avec l’équipe britannique dirigée par les Drs Inglehearn et Toomes, et le consortium FORGE Canada.

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