L’apprentissage au-delà de la salle de classe

Chaque année, 250 étudiants de la Faculté des arts font des stages riches d’enseignements

Grâce au Programme de stages de la Faculté des arts, des étudiants vivent de précieuses expériences d’apprentissage qui leur permettent de développer leurs connaissances et leurs compétences à l’extérieur des salles de classe.

En faisant des stages dans des entreprises et des organismes communautaires à Montréal et ailleurs dans le monde, les étudiants élargissent leurs horizons universitaires et professionnels et apprennent à travailler en collaboration. C’est l’occasion rêvée d’utiliser le savoir acquis en classe pour s’attaquer à des problèmes concrets. Pour bon nombre des 250 étudiants qui font un stage chaque année, l’expérience aura une influence sur le choix de cours et de carrière.

Une expérience transformatrice

Karlee Thomas a choisi de faire un stage d’été au Desta Black Youth Network, organisme situé dans le quartier montréalais de la Petite-Bourgogne. Pour l’étudiante de troisième année en développement international inscrite à une mineure en science politique, cette expérience s’est révélée transformatrice.

Desta offre des programmes d’éducation, d’employabilité et d’entrepreneuriat aux jeunes Noirs vulnérables. Karlee a fait son stage au sein du service de justice sociale de Desta, dont l’équipe fournit des services de réinsertion et de représentation à des personnes qui sont incarcérées ou qui l’ont déjà été.

Karlee Thomas

Karlee a commencé son stage en mai 2021, en pleine pandémie de COVID-19. « Malgré le contexte de pandémie, mon stage a été une expérience fantastique. Ma superviseure m’a mise en contact avec tellement de personnes que j’ai pu me créer un véritable réseau. »

Amanda Maxwell, la superviseure de Karlee, dirigeait le service de justice sociale alors que Desta était en pleine restructuration. « Nous étions en train de construire le programme de toutes pièces, explique Amanda Maxwell. Karlee a joué un rôle important dans cette période de transition. »

« Son aide a été précieuse, et je suis contente que son passage chez nous lui ait été profitable, ajoute-t-elle. Karlee a vraiment contribué à faire de ce programme ce qu’il est aujourd’hui. »

Justice sociale et poésie

Pendant son stage, Karlee s’est particulièrement intéressée au programme de correspondance, qu’elle a transformé en programme d’échange de poésie, forme de littérature pour laquelle les participants et elle partageaient un amour commun. Karlee a supervisé l’établissement du partenariat de Desta avec Volta, groupe d’artistes qui revendiquent une justice anti-carcérale et transformatrice. Les participants ont ainsi pu s’exprimer en toute sécurité et sans jugement par l’entremise de la poésie et de l’art.

En interagissant activement avec les participants du programme et en écoutant leur histoire, Karlee a compris que derrière bien des cas d’incarcération, il y avait une jeunesse passée dans la pauvreté et un manque de modèles positifs.

Karlee a mobilisé des ressources qui ont aidé les participants à protéger leurs droits fondamentaux et à raconter leur histoire de diverses façons. Par exemple, elle a travaillé avec un avocat en droit carcéral à la formulation d’une plainte au nom d’un participant dont le rapport d’évaluation du niveau de sécurité était truffé de stéréotypes raciaux et d’affirmations discriminatoires. En revendiquant la protection des droits fondamentaux de tous les détenus auprès du Service correctionnel du Canada, Karlee a ouvert un dialogue favorisant la résolution de ces problèmes.

Du stage à la recherche

Chez Desta, Karlee s’est mise à s’intéresser de plus en plus au rôle que le racisme systémique et la violence structurelle jouent dans l’incarcération des Canadiens noirs. Elle dit que grâce à son travail avec les participants du programme, elle comprend mieux comment l’augmentation du taux d’emprisonnement des Noirs renforce le stéréotype du « dangereux criminel noir », et comment cette perception mène à la sanction plutôt qu’à la réhabilitation. Plus tard, dans le cours CANS 415: Black Canada du professeur David Austin, elle s’est penchée sur le taux élevé d’incarcération chez les Canadiens noirs et a ainsi jeté les bases d’un travail de recherche inspiré par son expérience de stage.

Après son stage, Karlee a également rédigé un rapport de recherche pour le cours de stage INTD 499, sous la supervision de Kazue Takamura, chargée d’enseignement principale à l’Institut d’étude du développement international.

Le travail de représentation que Karlee a réalisé pour les participants du programme de justice sociale de Desta a orienté son travail de recherche sur l’importance de la pression que les organisations non gouvernementales exercent auprès du Service correctionnel du Canada pour qu’il respecte les normes internationales des droits de la personne. « Les Canadiens noirs sont relégués au rang de citoyens de seconde zone pour qui l’égalité des droits et des libertés n’est pas garantie », précise-t-elle.

Un moment charnière

Après son stage, Karlee s’est rendu compte qu’elle voulait continuer d’aider les jeunes à réaliser leur plein potentiel. Elle a entrepris un stage au Conseil des éducateurs noirs du Québec, où elle continue de s’intéresser à l’éducation comme droit universel de la personne et puissant moteur de développement économique. « Mon stage au Desta Black Youth Network a vraiment changé ma vie », confie-t-elle.

Karlee espère qu’une fois son diplôme en poche, elle pourra travailler en développement international et se concentrer sur l’éradication de la pauvreté par la scolarisation des filles et des garçons. « Cet objectif a pris forme pendant mon séjour chez Desta, où j’ai appris que nous pouvions changer les choses en inspirant les jeunes d’aujourd’hui. »

Pendant les deux dernières années, les restrictions de voyage liées à la pandémie ont limité les stages à l’étranger. En temps normal, la Faculté des arts propose un vaste éventail de stages partout dans le monde. Des étudiants ont déjà travaillé pour des organisations comme le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Équateur, la Mission permanente du Canada auprès des Nations Unies à Genève et le Centre ghanéen pour le développement démocratique à Accra.

Tout comme Karlee, de nombreux étudiants de la Faculté des arts considèrent que leur stage a été un moment charnière de leurs études au premier cycle.

La plupart des stages de la Faculté des arts sont réalisés grâce au généreux soutien de diplômés de l’Université et de l’Association des étudiants de premier cycle de la Faculté des arts de McGill. Les étudiants qui souhaitent faire un stage pendant leurs études peuvent présenter une demande pour l’une des nombreuses bourses de stage.

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