Le projet sur le temps d’attente en chimiothérapie

Mme Georgina Cama, patiente atteinte de cancer et membre bénévole de l’équipe du projet sur le temps d’attente en chimiothérapie du RCR
Mme Georgina Cama, patiente atteinte de cancer et membre bénévole de l’équipe du projet sur le temps d’attente en chimiothérapie du RCR
Les professionnels de la santé du RCR et les patients trouvent des solutions

À toujours semer la même chose,
on récolte toujours la même chose.
Ed Foreman, conférencier motivateur et politicien

 

Le cancer du sein de Georgina Cama s’est propagé dans ses poumons. Après un an de chimiothérapie, elle reçoit désormais de l’Herceptin, médicament qui contrôle la propagation de  son type de cancer (HER2+). Elle se rend donc une fois par mois à l’Hôpital général juif (HGJ) pour recevoir son traitement. Même si l’administration de ce médicament ne dure qu’en moyenne 30 minutes, elle ne sait jamais combien de temps elle va attendre avant de le recevoir. Cela peut prendre deux, trois heures, ou même parfois plus. Lorsque Mme Cama a appris qu’une équipe de professionnels du Réseau de Cancérologie Rossy (RCR) cherchait à réduire le temps d’attente, que vivent des patients comme elle, avant leur traitement de chimiothérapie ou pour d’autres traitements; Mme Cama n’a pas hésité à offrir son aide.

Mme Cama fut accueillie comme un membre bénévole du comité de travail du projet de réduction du temps d’attente en chimiothérapie du RCR. Infirmières, médecins et pharmaciens de l’HGJ, du Centre hospitalier St-Mary (CHSM) et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) sont impliqués dans ce projet. Ainsi, le comité de travail bénéficie grandement de son expérience en tant que patiente.

« Je me réjouis de voir des professionnels de la santé tenter de réduire les temps d’attente. Cela exige beaucoup d’efforts, mais les hôpitaux partenaires du RCR le font afin de s’améliorer, pour nous, les patients », dit Mme Cama.

Groupes de consultation de patients : source d’information et d’idées

Il y a même plus de patients impliqués dans ce projet. En effet, une série de groupes de consultation avec des patients fut organisée par le comité de travail afin de comprendre davantage leurs perceptions par rapport au temps d’attente et d’écouter leurs suggestions afin d’améliorer les processus en place.

 « Les groupes de consultation furent une excellente source d’information, » affirme Erin Cook, infirmière-chef de la clinique d’oncologie de l’HGJ. « Les patients savent ainsi que l’équipe soignante est aussi préoccupée par les longs temps d’attente. Ceux-ci apprécient d’être consultés et nous fournissent des suggestions qui nous aideront à développer des solutions tangibles. »

Les patients comprennent qu’une certaine attente est inévitable, mais ignorer la durée approximative du temps d’attente peut devenir très frustrant. Mme Cama est d’accord. Elle arrive à l’heure pour son rendez-vous de 8h30, mais elle doit souvent attendre jusqu’à 9h00-9h30 avant d’être appelée. « Connaitre le temps d’attente serait très aidant. En ne sachant pas, je n’ose même pas allée à la salle de bain ou bien aller me chercher un café, au cas où je serais appelée. Savoir que j’ai 45 minutes devant moi me donnerait beaucoup plus de liberté. »

En plus des groupes de consultation, afin d’identifier les étapes inutiles et les engorgements, l’équipe projet a tout d’abord effectué une cartographie des processus dans chaque hôpital. De plus, le comité a évalué les meilleures pratiques et a effectué une revue de littérature. Ceci permettra de comprendre davantage le problème et de trouver des solutions plus efficaces.

Le RCR travaille à réduire le temps d’attente

Les quatre cliniques de chimiothérapie du RCR ont chacune un processus de rendez-vous, engendrant malheureusement de quatre à huit différents temps d’attente. Par exemple, les patients attendent avant de s’inscrire, avant d’avoir leur prise de sang, avant de voir leur médecin et avant de recevoir leur traitement. D’après un sondage sur l’expérience des patients atteints de cancer traités en ambulatoire, 45 % des patients soignés dans un hôpital du RCR attendent de 45 à 60 minutes ou plus avant leur traitement. Ailleurs au Canada, seuls 18 % de patients attendent autant.

« Il existe une grande différence entre les résultats du RCR et ceux du Canada, » affirme Manon Allard, gestionnaire de programme, en cancérologie et en gériatrie du CHSM.

« Nous sommes bien décidés à trouver une manière de réduire le temps d’attente afin de diminuer le stress et la frustration chez nos patients. L’objectif principal de chaque projet du RCR et de chaque professionnel de la santé est d’améliorer la qualité, l’efficacité et l’efficience des soins contre le cancer afin que les patients vivent mieux. »

La fin de la première phase

Le comité de travail termine en ce moment la première de ses trois phases de leur projet; la collecte de données. Avant l’été, ils seront en mesure d’entamer la phase d’analyse des données ainsi que la recherche de solutions et par la suite, l’automne prochain, suivra l’identification de la solution choisie ainsi que son implantation. Pour être certain que les solutions réduisent vraiment le temps d’attente des patients et améliorent leur satisfaction, le comité de travail évaluera les résultats du projet trois et six mois après l’implantation. Voici des solutions que le comité de travail considère en ce moment :

-          Installer des écrans permettant aux patients de savoir le temps d’attente estimé ainsi que leur position dans la liste d’attente;

-          Installer des guichets d’inscription libre-service;

-          Ouvrir une clinique de chimiothérapie express pour les patients ne nécessitant que des traitements courts et simples;

-          Acquérir un système électronique de planification des traitements.

« Il est difficile pour les patients atteints de cancer d’attendre longtemps avant le début de leur traitement. Les temps d’attente influencent énormément les taux de satisfaction chez les patients, » explique Mme Cook. « Ce projet est nécessaire afin de nous aider à améliorer les temps d’attente pour les patients à travers le réseau. Ce projet permet également aux équipes soignantes de partager leur expertise. Il est ainsi possible de voir ce que les différents hôpitaux ont essayé; ce qui a fonctionné ou non. »

Mme Allard se réjouit de collaborer avec ses collègues des autres hôpitaux partenaires du RCR. « Nous partageons nos processus, nos réussites et nos meilleures pratiques. Nous avons maintenant une réelle communauté de pratique en gestion. »

Changements immédiats

L’HGJ va déjà de l’avant avec un changement important. En ce moment, les patients reçoivent leurs  soins et leurs traitements la même journée : prélèvement de sang, visite médicale et traitement. Ainsi, les patients passent souvent une journée entière à l’hôpital. Suite au partage des connaissances et des leçons apprises des autres cliniques du RCR, l’HGJ est en train de mettre en place un processus de rendez-vous sur deux jours. Le prélèvement de sang et la rencontre du médecin se feront un jour et le traitement, le lendemain. Cela permettra grandement de diminuer les temps d’attente.

Mélany Leonard et Marika Swidzinski, infirmières-chef des départements d’oncologie du CUSM à l’Hôpital général de Montréal et à l’Hôpital Royal-Victoria, ont participé à l’amélioration du processus de rendez-vous sur deux jours et ont optimisé le système de planification des traitements. « Ce fut un travail rempli de défis qui a demandé une étroite collaboration avec l’équipe de soins et les patients pour faciliter l’adaptation. Mais en somme, les efforts en valent la peine, car le changement réduit considérablement le temps d’attente et améliore la sécurité en lien avec l’administration de la chimiothérapie. » Pour aider l’HGJ avec son projet, Mme Leonard a fait part de ses leçons apprises. Elle attend avec intérêt les recommandations du projet sur le temps d’attente en chimiothérapie pour continuer à améliorer les services et pour planifier le déménagement du nouveau Centre de Cancer au site Glen.

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