Colloquium : «À quoi le roman nous relie-t-il?»
On connaît la réflexion de Maupassant, dans son étude sur «Le roman»: «Le critique qui, après Manon Lescaut, Paul et Virginie, Don Quichotte, Les Liaisons dangereuses, Werther, Les Affinités électives, Clarisse Harlowe, Émile, Candide, Cinq-Mars, René, Les Trois Mousquetaires, Mauprat, Le père Goriot, La Cousine Bette, Colomba, Le Rouge et le Noir, Mademoiselle de Maupin, Notre-Dame de Paris, Salammbô, Madame Bovary, Adolphe, Monsieur de Camors, L'Assommoir, Sapho, etc., ose encore écrire: "Ceci est un roman et cela n'en est pas un", me paraît doué d'une perspicacité qui ressemble fort à de l'incompétence.» Et pourtant, même sans nous réclamer de règles et de normes, nous reconnaissons dans chacun de ces livres un roman. Pour comprendre cette «reconnaissance», on peut se demander ce qui lie ces œuvres entre elles, ce qu'elles ont en partage, les fils qui conduisent, secrètement ou non, de l'une à l'autre et en arriver ainsi à une forme de définition du roman. Mais on peut aussi se demander ce qui nous lie à elles, ce qui fait que nous allons de l'une à l'autre, ce que nous y trouvons que nous ne trouvons pas ailleurs. Mieux encore: on peut se demander à quoi le roman nous lie ou nous relie, à quel point de vue ou quel regard, à quel savoir et quelle durée, à quelle dimension de l'existence il nous donne accès, autrement dit: ce qu'il nous permet de franchir ou de dépasser, de rejoindre ou de découvrir.
Cette journée est organisée par la Chaire de recherche du Canada sur l'esthétique et l'art du roman en collaboration avec le TSAR.
Programme
9h – Accueil
9h15- 12h – Les chemins du roman (présidents de séance : Jolianne Gaudreault Bourgeois et Xavier Phaneuf-Jolicoeur)
Mot de présentation: Isabelle Daunais
Thomas Pavel (University of Chicago): «Peut-on faire confiance au roman?»
Trevor C. Merrill (CalTech): «Roman et métaphysique: un lien périlleux»
Francesca Lorandini (University of Trento): «Le lecteur d'Elena Ferrante et de Michel Houellebecq»
Isabelle Daunais (McGill): «Le roman et l'art de l'oubli»
13h30-14h30 – À quoi la lecture du roman nous relie-t-elle?
Table ronde avec Marek Bieńczyk (Polish Academy of Sciences PAN, Warsaw), Lakis Proguidis (revue L'Atelier du roman, Paris) et Massimo Rizzante (University of Trento), animée par François Ricard (McGill).
14h45-16h30 – À quoi l'écriture du roman nous relie-t-elle?
Yannis Kiourtsakis (romancier, Verdier): entretien avec Yannick Roy
Marie-Claire Blais (romancière, Boréal): entretien avec Michel Biron (McGill)