Journée mondiale de la voix : des étudiants de McGill offrent gracieusement des tests de dépistage de la voix

Volume 13 Numéro 2

Par Larissa Der et Emily Welham

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Le 16 avril est la Journée mondiale de la voix. Cet événement qui est souligné dans le monde entier a pour objectif de conscientiser le public à l’importance de soigner sa voix. Bien des gens ne savent pas que les cordes vocales forment en fait une masse de tissu très tendre et très délicat qui n’est pas à l’abri du surmenage et des dommages, au même titre que tout autre tissu mou de l’organisme. Pour la plupart d’entre nous, la voix est le principal outil de communication. Sans elle, les échanges deviennent difficiles, voire douloureux.

Les troubles de la voix peuvent avoir une ou plusieurs causes. Certaines maladies ont des effets dévastateurs sur la région du larynx, tandis que dans d’autres cas ce sont les habitudes de vie, par exemple un stress élevé, le tabagisme ou l’usage excessif de la parole, qui sont à l’origine des troubles de la voix. Étonnamment, ces derniers sont assez fréquents, en particulier chez les chanteurs et les enseignants. Plus de 90 % des chanteurs indiquent avoir déjà souffert de fatigue vocale (Timmermans, Vanderwegen et De Bodt, 2005). Au fil du temps, l’utilisation d’une voix fatiguée peut entraîner l’apparition d’une pathologie plus grave. Chez les enseignants, environ la moitié rapportent des problèmes vocaux (Bovo, Glaceran, Petrucelli et Hatzopoulous, 2007). Malheureusement, les troubles de la voix ne sont pas exclusifs aux chanteurs et aux enseignants. En effet, ils sont également fréquents parmi tous les professionnels qui doivent utiliser leur voix de façon intensive et prolongée, comme les avocats, les entraîneurs et les représentants en vente.

Les 1er et 2 avril 2015, avaient lieu les toutes premières célébrations de McGill dans le cadre de la Journée mondiale de la voix. Ces activités ont été organisées par un comité d’étudiants de deuxième année, Larissa Der, Cassandra Groot, Susan Janzen et Ioannis Yotakis, sous la supervision de la Pre Nicole Li. D’autres étudiants de deuxième année se sont joints au comité organisateur afin de présenter un événement axé sur la sensibilisation à une bonne santé de la voix, en particulier chez ceux qui sont davantage à risque de souffrir de troubles de la voix.

Lors de cet événement, des  tests de dépistage gratuits pour les troubles de la voix ont été réalisés sur deux jours. Un kiosque d’information, un atelier de 90 minutes sur la voix ainsi qu’un séminaire de recherche étaient également proposés. Ces activités ont eu lieu au pavillon de musique Strathcona ainsi qu’au pavillon d’éducation de McGill. Les tests de dépistage des troubles de la voix reposaient à la fois sur des mesures perceptives et physiologiques. L’évaluation perceptuelle de l’enrouement, de la rudesse, de la faiblesse et de la tension permettait d’établir la qualité de la voix. Grâce à cette mesure subjective, les étudiants cliniciens pouvaient déterminer les mesures instrumentales qui seraient les plus utiles à l’examen physiologique, mesures qu’ils ont ensuite recueillies au moyen de programmes informatiques d’analyse de la voix. Parmi les mesures acoustiques retenues, mentionnons l’oscillation et le tremblement (changements non désirés dans la force et la tension de la voix), l’intensité et la hauteur tonale normales ainsi que le rapport harmoniques/bruit, qui étaient ensuite comparés à des normes selon l’âge du participant. En plus de s’attarder aux préoccupations soulevées par les participants, les étudiants devaient déterminer si la voix de ces derniers était à l’intérieur ou hors du registre normal. Les participants qui ont échoué le dépistage étaient référés vers un médecin ORL de l’Hôpital général de Montréal pour un examen complet de la voix. Des 62 personnes dépistées, 18 ont été référées pour un examen supplémentaire. Des membres du personnel et des étudiants de diverses disciplines, dont la musique, le droit, les sciences infirmières, les sciences archivistes, la psychologie, la linguistique, l’économie et la physiothérapie, ont pris part aux tests de dépistage.

Différentes raisons ont amené les participants à se prêter à l’exercice : certains voulaient en savoir plus sur le rôle des orthophonistes dans le domaine de la voix, tandis que d’autres étaient réellement préoccupés par la santé de leur voix. Pour Michael Destounis, étudiant en physiologie à McGill et membre du chœur universitaire de McGill, c’est son intérêt pour l’art oratoire qui l’a poussé à se soumettre à l’exercice. Interrogé au sujet du test de dépistage, il a affirmé qu’il avait « aimé apprendre sur les différents aspects de la parole ainsi que sur la respiration adéquate ». Jared Levin, étudiant en interprétation vocale à McGill, s’interrogeait quant à lui sur la fatigue vocale et s’est soumis au test de dépistage afin d’obtenir « une nouvelle perspective d’un angle médical ».

 

L’atelier offert pendant les célébrations mettait l’accent sur le rôle des orthophonistes auprès des chanteurs professionnels. Les animateurs de l’atelier, Ioannis Yotakis et Susan Janzen, ont sensibilisé les participants à la physiologie des muscles du larynx dans l’appareil vocal et aux exercices vocaux qui peuvent améliorer non seulement la qualité d’une vois endommagée, mais également la qualité d’une voix en bonne santé. Pendant cet atelier interactif et stimulant, les participants ont eu l’occasion de pratiquer plusieurs exercices vocaux qui favorisent le renforcement et l’équilibre des cordes vocales et des tissus adjacents. Même si les chanteurs étaient le public cible de l’atelier, enseignants et orthophonistes ont également répondu à l’appel.

En clôture des célébrations, un séminaire de recherche multidisciplinaire a été organisé et mené par la Dre Li. Tenu à guichet fermé le 17 avril au pavillon de musique Schulich, ce séminaire regroupait 94 participants. Au programme : un débat d’experts autour du cas d’une patiente souffrant d’un trouble de la voix, qui regroupait la Dre Karen Kost (ORL), Glenna Waters (orthophoniste) et Stefano Algeiri (professeur de musique). Aussi, les professeurs de McGill Isabelle Cossette, Vincent Gracco, Luc Mongeau et Nicole Li ont présenté les plus récents travaux de recherche sur la voix. En conclusion du séminaire, deux étudiantes en musique, Neva Lyn-Kew et Tracy Smith-Bessette, ont fait la démonstration de techniques de chant rares utilisées à travers le monde.

Les quatre membres du comité étudiant sont ravis de l’intérêt du public et fiers d’avoir été les pionniers de la Journée mondiale de la voix à McGill. « Je suis heureuse d’avoir contribué au succès de la Journée mondiale de la voix à Montréal », a indiqué Cassandra Groot. Elle ajoute que « cet événement a pu voir le jour notamment grâce aux efforts considérables, au dévouement et à la passion de mes collègues. C’est incroyable de voir tout le soutien reçu auprès de la faculté et des étudiants de l’École des sciences de la communication humaine! » Susan Janzen abonde dans le même sens et ajoute « que l’événement s’est révélé être une expérience d’apprentissage enrichissante » en plus de permettre « d’offrir un service à la communauté ». Les membres du comité espèrent que les célébrations de la Journée mondiale de la voix deviendront un rendez-vous annuel pour l’École des sciences de la communication humaine.

Pour en savoir plus sur  Journée mondiale de la voix, visitez le site Web https://www.mcgill.ca/scsd/world-voice-day-2015.

 

BOVO, R., M. GALCERAN, J. PETRUCCELLI, et S. HATZOPOULOS (2007). Vocal problems among teachers: evaluation of a preventive voice program, Journal of Voice, 21(6), 705-722.

TIMMERMANS, B., J. VANDERWEGEN et M. S. DE BODT (2005). Outcome of vocal hygiene in singers, Current opinion in otolaryngology & head and neck surgery, 13(3), 138-142.

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