Réduire les coûts sans affecter les soins

Une bourse d’éducation du RCR offre à un médecin une formation lui permettant d’uniformiser les soins là où ça compte

Le Dr Tarek Hijal est le récipiendaire d'une bourse d'éducation du RCR qui lui a permis de complèter une maîtrise en économie de la santé à la London School of Economics.

Les compressions budgétaires dans la santé sont maintenant la norme et on s’attend à ce que les prestataires de soins fassent plus avec moins, tout en évitant d’affecter la qualité des soins prodigués aux patients. Bien que cela semble être une Mission : impossible, Dr Tarek Hijal, un radio-oncologue du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est convaincu qu’une « approche chirurgicale » face aux compressions budgétaires dans la santé, qui élimine les tests et traitements inutiles, pourrait se traduire en économies significatives sans compromettre la qualité des soins.

Grâce à la bourse Investir dans l’avenir du RCR, Dr Hijal s’apprête à conclure une maîtrise de deux ans à la London School of Economics en administration de l’économie, des politiques et de la gestion de la santé. Le diplôme aborde des sujets tels que les stratégies de financement des soins de santé, les résultats de la qualité des soins et les analyses de rentabilité des projets de soins de santé. Le fonds d’éducation du RCR parraine deux bourses renouvelables intitulées Investir dans l’avenir, conçues pour donner aux équipes existantes des compétences à cibler afin d’améliorer la qualité des soins contre le cancer.

« Au cours des deux dernières années, j’ai appris la base des politiques économiques en santé et de la gestion des systèmes de santé. Le programme m’a permis de voir que la médecine socialisée, qui est souvent dépeinte de façon négative, fonctionne très bien lorsqu’implantée correctement et avec les bonnes ressources », explique Dr Hijal. Ses camarades de classe à Londres proviennent de plus de 20 pays; des États-Unis, de l’Amérique latine, de la Scandinavie, de l’Afrique et du Moyen-Orient, et lui ont fourni un précieux aperçu des différentes façons dont leurs établissements ont réussi à implanter des initiatives d’amélioration de la qualité. 

Dr Hijal achève présentement sa thèse, qui examine les coûts rattachés aux examens radiologiques non nécessaires dans la détermination du stade du cancer du sein. « La communauté médicale tente de diriger les ressources vers les examens qui ont un impact sur les soins et d’éliminer ceux qui n’en ont pas », explique Dr Hijal. « Je suis en train de compiler combien de tests inutiles les patients du Québec atteints de cancer du sein subissent chaque année et calculer les coûts que cela imposent au système. »

Ses collègues de classe provenaient de 20 pays et lui ont fourni un aperçu des différentes façons dont les initiatives d'amélioration en santé sont implantées dans d'autres institutions.

Une récente étude ontarienne a découvert que 80 % des patients de la province subissent des examens dont ils n’ont pas besoin. Dr Hijal s’attend à une situation similaire au Québec. Il spécule que certains médecins les demandent par habitude, ou par manque de connaissance des lignes directrices de la pratique clinique, ou encore, car certains patients insistent pour les recevoir.

Quelques agences de l’Amérique du Nord ont élaboré des lignes directrices cliniques de soins du cancer du sein. Ces lignes directrices indiquent les tests qui sont requis. « Par exemple, les patients atteints d’un cancer du sein de stade 3, une forme plus avancée de la maladie, ont besoin de scintigraphies osseuses et d’échographies abdominales pour déterminer si la maladie s’est répandue. Toutefois, les patients atteints d’un cancer du sein de stade 1 ou 2 ne requièrent pas ces examens, mais les médecins les prescrivent quand même fréquemment. Non seulement les patients doivent-ils ainsi subir du stress additionnel et être exposés à de la radiation inutilement, cela coûte de l’argent au système », explique-t-il.

Dr Hijal voit également d’autres façons de faire bon usage du savoir acquis au London School of Economics. Il est un membre actif de l’équipe de quelques initiatives du RCR visant à améliorer l’expérience du patient (voir Actualités du RCR, Printemps 2015, disponible en ligne au mcgill.ca/rcr-rcn). « On peut faire beaucoup de choses pour améliorer la qualité des soins que l’on prodigue. Par exemple, en incitant les parties prenantes ou en redessinant une clinique, on pourrait être en mesure de réduire le temps d’attente des patients, réduire le nombre d’erreurs commises et améliorer le niveau de satisfaction de la clientèle. Parfois, il ne s’agit que d’analyser la situation et faire de petits changements qui ont un grand impact. »

 

 

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