Un projet de cannabis médical élargit les horizons de traitement

Mais intégrer le cannabis médical dans les soins cliniques nécessite une surveillance serrée et une formation adaptée

Pour une patiente atteinte du cancer comme Jackie Aziz, le cannabis médical a changé la donne. Mme Aziz suit un traitement ciblé pour un sarcome soupçonné. On lui a administré une gamme de médicaments pour atténuer les effets secondaires de son traitement, notamment la perte d'appétit, les nausées, l’anxiété, l’insomnie et la douleur. "Ce n'est pas tellement qu'ils ne fonctionnaient pas", dit-elle, "mais je prenais tellement de médicaments que j'ai fini par être hospitalisée pour constipation."

Un pic dans les demandes d'accès au cannabis médical en 2017 de la part de patients cancéreux comme Mme Aziz ou des professionnels de soins de santé a incité un projet pilote hospitalier à examiner la faisabilité d'offrir le traitement à un plus grand nombre de patients cancéreux.

Le projet est dirigé par le Dr Antonio Vigano, directeur du programme de réhabilitation du cancer du CUSM, et bénéficie du soutien du Fonds d'initiatives d'amélioration de la qualité du RCR (QI2) ainsi que de la Fondation du cancer des cèdres. Ce projet est le premier en son genre au Canada, et s’est déroulé de janvier 2018 jusqu'en août.

Après avoir évalué les effets secondaires du traitement de Mme Aziz, le Dr Vigano lui a proposé le cannabis à des fins médicales. "Cela aide beaucoup avec l'appétit, l'anxiété et le sommeil", dit-elle, "bien que cela n'ait pas aidé ma douleur qui est neuropathique." Mme Aziz est particulièrement heureuse d'avoir pu réduire le nombre de médicaments qu'elle prend. Elle dit que son seul regret est de ne pas avoir reçu de cannabis médical auparavant. "On n'en parlait pas vraiment à l'hôpital", dit-elle.

Jusque récemment, le cannabis médical n'était prescrit que dans le cadre d'un projet de recherche et tous les patients participant au projet du Dr Vigano étaient automatiquement inscrits à l'étude. Le projet consistait de deux cliniques d'une demi-journée par semaine au CUSM qui accueillent environ six patients par semaine. L'étude évaluait les besoins en ressources et l'impact sur les symptômes tels que la douleur, la somnolence, l'essoufflement et le bien-être général.

 

Beaucoup de patients du Dr. Vigano souffrent de perte de poids grave et de douleurs chroniques à la suite de leurs traitements. Leurs options de gestion des symptômes sont limitées et, comme l’a vécue Mme Aziz, elles sont truffées d’effets secondaires. Le cannabis est un bon choix pour beaucoup mais l'accès a été difficile. Le Dr Vigano est ravi de pouvoir sortir de l'ombre grâce au projet actuel et de l'offrir à davantage de patients. "Le cannabis médicinal n'est plus un mythe ou un tabou; c'est une réalité pour les patients atteints de cancer au CUSM ", a-t-il déclaré.

 

Pour les patients cancéreux, une surveillance médicale constante est importante. Même après la décriminalisation du cannabis, les patients pourraient hésiter à essayer quelque chose dont l'efficacité n'est pas vérifiée et à le faire pendant qu'ils prennent d'autres médicaments. Ils ne savent peut-être pas qu’il existe des centaines de produits de cannabis différents, aux propriétés variées, dont certains peuvent causer des problèmes avec des conditions médicales préexistantes.

 

Le cannabis est maintenant une réalité qui doit être prise en considération et il reste encore beaucoup de recherche et de formation à entreprendre pour sensibiliser les professionnels de la santé. Le Dr. Vigano considère ce projet pilote comme une opportunité d'offrir une formation pratique à la prescription de cannabis, qu'il invite à suivre dans les cliniques, tout en éduquant les patients.

 

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