Quel est le potentiel de la buprénorphine dans les soins palliatifs ?

La buprénorphine, un agoniste opioïde partiel, est principalement connue comme médicament utilisé pour traiter les troubles liés à l'usage de substances. La buprénorphine, un agoniste opioïde partiel, est principalement connue comme médicament utilisé pour traiter les troubles liés à l'usage de substances. Sa dépendance physique modérée à faible et sa capacité à être associé à la naloxone le rendent utile pour traiter les symptômes de sevrage. Mais qu'est-ce que cela pourrait signifier pour les soins palliatifs ? Le Dr Olivia Nguyen, médecin en médecine palliative au CIUSSS Nord-de-l'Île de Montréal et président de la Société québécoise des médecins en soins palliatifs, croit fermement au potentiel de la buprénorphine dans les soins palliatifs. Lors de la Journée de formation professionnelle continue (FPC) qui aura lieu cette année, iel nous dira tout ce qu'il faut savoir sur l'utilisation et le dosage de cette molécule révolutionnaire.

Lexa Frail (LF) : Pouvez-vous nous parler un peu de votre présentation lors de la journée de formation continue ?

Olivia Nguyen (ON) : Je vais parler de la buprénorphine, une molécule que j'apprécie beaucoup. Elle a changé la donne pour beaucoup de mes patients, en particulier en consultation externe, pour la gestion de la douleur et le contrôle des effets secondaires.

Une personne aux cheveux noirs courts et vêtue d'une chemise jaune sourit.
Le Dr Olivia Nguyen

LF : Comment la buprénorphine est-elle utilisée actuellement ?

ON : La buprénorphine est principalement utilisée chez les personnes souffrant de troubles liés à l'usage de substances, mais c'est en réalité une molécule très intéressante pour nous, en médecine palliative, car elle peut nous aider à soulager la douleur des patients lorsque certains effets secondaires habituels sont préoccupants, tels que la somnolence, la dépression respiratoire et la tolérance. Il existe également des effets secondaires problématiques qui apparaissent à plus long terme : immunosuppression, hypogonadisme, changements d'humeur, etc. La buprénorphine nous permet de réduire le risque que les patients développent ces effets secondaires.

LF : Qu'est-ce qui fait de la buprénorphine un outil utile pour les médecins en soins palliatifs ?

ON: La buprénorphine est un agoniste partiel du récepteur mu, un antagoniste faible du récepteur kappa et un agoniste du récepteur delta. Elle a un effet plafond sur la dépression respiratoire. Comme mentionné précédemment, le profil des effets secondaires de la buprénorphine est fascinant, et elle est sans danger en cas d'insuffisance rénale. Cela en fait un opioïde parfait pour les patients particulièrement sensibles aux effets secondaires ou pour lesquels les effets secondaires limitent l'utilisation des opioïdes. Certains de mes patients m'ont dit que lorsqu'ils prenaient de la buprénorphine, ils avaient l'impression qu'un voile s'était levé devant eux. Ils se sentaient éveillés et conscients comme ils ne l'avaient pas été depuis longtemps, en somme, ils se sentaient à nouveau vivants. Peu de mes patients ont besoin de buprénorphine, mais lorsqu'ils en ont besoin, le résultat est souvent très satisfaisant !

LF : Quels sont les défis actuels liés à l'administration de la buprénorphine ?

ON : Il existe deux formes principales de buprénorphine : Suboxone, sous forme de comprimés ou de film, et Butrans, sous forme de patch. Suboxone contient des doses beaucoup plus élevées de buprénorphine et est également associé à la naloxone. Je pense que le principal obstacle à l'utilisation de Suboxone en soins palliatifs est le manque de connaissances des cliniciens sur la manière de le prescrire et d'effectuer la rotation à l'aide de microdosages. Butrans est disponible en doses beaucoup plus faibles. La plus grande restriction liée à ce médicament est la couverture de la RAMQ (Régie de l'assurance maladie). Malheureusement, la RAMQ couvre Suboxone, mais pas Butrans. Comme il n'est pas couvert, vous devez convaincre les assureurs que c'est le médicament le meilleur et le plus approprié pour vos patients.

LF : Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

ON : Je pense qu'il est important d'écouter attentivement nos patients. En tant que cliniciens, nous avons parfois du mal à accepter notre impuissance, et nous avons donc tendance à minimiser les effets secondaires et à nous convaincre qu'un médicament est efficace. Les patients veulent eux aussi nous faire plaisir, alors ils minimisent parfois la réalité de leur douleur. Même s'il peut être inconfortable d'écouter nos patients, le fait de comprendre et de reconnaître leur expérience crée une meilleure relation entre nous et eux, et peut nous donner les indices nécessaires pour élaborer un meilleur plan de traitement.

La présentation du Dr Nguyen abordera plus en détail la pharmacologie de la buprénorphine. Pour assister à cette présentation et à d'autres, assurez-vous de vous inscrire à la Journée de formation continue 2025.

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