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Nouvel expert sur les médias de l'université McGill

Publié: 2 December 2004

Marc Raboy nommé titulaire de la Chaire Beaverbrook en éthique, média et communication.

La concentration, la convergence et la mondialisation continuent de bombarder la scène médiatique mondiale. Qui plus est, la popularité grandissante d'Internet pose de nouvelles questions aux entreprises des médias et à la population concernant l'accès à l'information.

À titre de titulaire de la Chaire Beaverbrook en éthique, média et communication de l'université McGill, Marc Raboy est bien placé pour faire la lumière sur ces questions vitales. Voici donc des questions et des réponses de la part du professeur Raboy qui enseigne au Département d'histoire de l'art et d'études en communications de McGill.

Les nouvelles technologies posent-elles des problèmes? L'avènement d'Internet, par exemple, a considérablement modifié notre façon de communiquer. Ce moyen de communication relativement récent a suscité l'urgence de sensibiliser la population. Nous devons étudier, de façon critique, comment nous utilisons Internet et comment nous sommes utilisés par Internet. La société est aux prises avec des choix cruciaux concernant les médias et la communication.

Proposez-vous la réglementation d'Internet? Le fait de reconnaître l'importance sociale et culturelle des médias et de la communication justifie de les situer dans le domaine public — tout comme les secteurs d'éducation, des soins de santé et des services sociaux. La nature et le rôle particuliers des médias exigent qu'ils demeurent également indépendants et créateurs. L'administration des médias est au cœur de l'éthique des médias. Disons simplement que le domaine de l'éthique des médias doit permettre de déterminer un juste équilibre entre la liberté et la surveillance de l'activité médiatique par le public.

Quelles sont les limites appropriées, s'il en est, de la liberté des médias dans une société démocratique? Les sociétés démocratiques ont toujours répugné à réglementer la presse en raison de ses origines d'instrument de lutte contre le pouvoir autoritaire. Par conséquent, nous assistons actuellement à une concentration sans précédent de la propriété qui, selon de nombreuses personnes, menace l'indépendance de la presse. En radiodiffusion et en télédiffusion, un autre modèle a émergé, soit la presse électronique d'intérêt public, subventionnée par l'État et néanmoins exploitée sans lien de dépendance. Parce que la radiodiffusion sonore et visuelle a été reconnue comme ayant une valeur sociale, éducative et culturelle, nous avons accepté l'instauration de certaines contraintes à l'égard des activités des entreprises de radiodiffusion et de télédiffusion. La récente perte de confiance dans les solutions gouvernementales et réglementaires a miné la perception de la radiodiffusion comme service public. Actuellement, en présence de la convergence en matière de technologie, on assiste à la fusion des modèles conventionnels qui se transforment en médias d'un nouveau type. Résultat? L'administration des médias traverse une nouvelle crise : certains affirment qu'il faut rédiger de nouvelles règles tandis que d'autres font valoir avec force qu'il ne devrait exister aucune règle.

Comment les citoyens peuvent-ils participer plus efficacement à l'administration des médias? Les questions relatives aux médias doivent être exprimées et reconnues dans le discours public. Les types et les pratiques des médias ont joué un rôle qui a été sous-évalué et insuffisamment étudié. Il y a trente ans, par exemple, la préoccupation concernant l'environnement physique de la planète constituait un sujet très spécialisé et politiquement marginal. Aujourd'hui, la conscience des questions environnementales s'est généralisée à tel point qu'aucune initiative publique ou privée d'importance n'est possible sans tenir compte de ces questions. La conscience des questions concernant les médias et la communication doit se généraliser dans la même mesure et globalement.

Les médias sont-ils jamais neutres? Les moyens d'information ne sont pas neutres et ils peuvent servir à créer la solidarité et à promouvoir la compréhension. Les médias peuvent également accentuer les inégalités, promouvoir la passivité et exalter la haine.

Quels défis confrontent le Canada dans les communications? Le Canada est aux prises avec une série de changements de politiques dans l'administration des médias. Le gouvernement fédéral doit aborder la nécessité de renouveler les structures de réglementaires et institutionnelles actuelles, comme le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et Radio-Canada/CBC, tout en prenant en compte les pressions visant à libéraliser les règles concernant la propriété des médias. Dans cette foulée, le gouvernement fédéral doit trouver des façons de collaborer avec des partenaires internationaux afin de faire contrepoids aux contraintes des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux sur la politique culturelle en général et les médias en particulier.

Dans un marché global, le Canada peut-il demeurer souverain à l'égard de ses communications? La convention internationale sur la diversité culturelle proposée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est d'une importance vitale pour le Canada tandis que le Sommet mondial sur la société de l'information a permis de déterminer nombre de questions allant des droits en matière de communication à la régie d'Internet, lesquels domineront la discussion générale des questions sur la politique concernant les médias au cours des prochaines années.

Qu'est-ce qui rend les communications canadiennes distinctes? Le Canada dispose d'un des systèmes de médias et de communications de masse les plus perfectionnés. Notre pays a souvent créé de nouvelles structures et ententes institutionnelles pour la production et la distribution des contenus médiatiques et d'autres formes de communication point à point et de communication générale. Comment? Grâce à un système élaboré de mécanismes de réglementation — depuis la radiodiffusion publique en passant par des programmes de financement au profit des arts et de la culture jusqu'au CRTC — lesquels sont étudiés et repris par les décideurs du monde entier en matière publique.

La toile de fond de la Chaire Beaverbrook

La Chaire Beaverbrook en éthique, média et communication a été établie à l'université McGill grâce aux fonds de la Beaverbrook Canadian Foundation. Elle est ainsi nommée en l'honneur du Lord Beaverbrook qui a grandi au Nouveau-Brunswick sous le nom de William Maxwell Aitken. Le Lord Beaverbrook a fait une lucrative carrière dans les affaires à Montréal avant d'aller vivre plus tard en Grande-Bretagne et d'y devenir membre du Parlement. Fait chevalier en 1911 et pair du Royaume en 1917, il s'est dirigé vers les entreprises de presse et a fait l'acquisition du Daily Express et de l'Evening Standard. Il a également lancé le Sunday Express. À titre de ministre de la production d'aéronefs au cours de la Seconde Guerre mondiale, il a galvanisé le secteur de l'aviation. Pendant la guerre, Lord Beaverbrook a été un des membres influents du cabinet de Winston Churchill avec qui il a noué des relations personnelles étroites. Après la guerre, il a abandonné la politique pour rédiger ses mémoires et la biographie de ses amis influents et pour superviser ses journaux. À son décès, en 1964, la diffusion du Daily Express était l'une des plus importantes du monde — rejoignant 4,5 millions de personnes chaque jour. La Beaverbrook Canadian Foundation a été créée par Lord Beaverbrook en 1960 en vertu d'une loi du Parlement canadien.

Qui est Marc Raboy?

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