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Où apprenons-nous à rédiger les documents que nous utilisons au travail, à lécole ou dans la vie professionnelle? Comment parvient-on à la littératie professionnelle? Qui doit être chargé denseigner la rédaction professionnelle? Telles sont certaines des questions centrales qui sont abordées dans un récent projet de recherche mené par les professeurs Anthony Paré et Ann Beer du département détudes éducationnelles de lUniversité McGill.
Depuis le milieu des années 1960, les chercheurs sur le domaine de la composition et de la réthorique sintéressent à la façon dont les gens apprennent à écrire. à lorigine, ils se sont intéressés principalement aux élèves dans les écoles, mais vers le milieu des années 1980, laxe de leurs recherches sest déplacé vers la rédaction non scolaire au travail. On a beaucoup parlé depuis lors de la façon, du moment ou des raisons pour lesquelles des textes sont rédigés dans divers milieux professionnels, mais on a fait très peu de recherches sur la façon dont les gens apprennent à rédiger ces textes. Voilà pourquoi les professeurs Anthony Paré et Ann Beer se sont intéressés au milieu de travail comme lieu où lon apprend à écrire. Ils collaborent actuellement avec des collègues de lUniversité Carleton, les professeurs Aviva Freedman et Peter Medway, à un projet de recherche subventionné par le CRSHC intitulé "Relearning Writing for Work: Transitions into and within the Changing Workplace". Cette équipe de chercheurs a étudié la rédaction dans les contextes de lUniversité et du milieu professionnel en architecture, en génie, en gestion, en administration publique et en service social.
Lune des révélations de ce projet est la croyance très répandue dans le milieu professionnel que les universités doivent enseigner à leurs étudiants à écrire au travail. Or, cette étude insinue que les objectifs et les attentes des textes rédigés dans les deux domaines sont tellement différents quil faut considérer comme un problème la notion selon laquelle les universités doivent préparer leurs étudiants directement à rédiger des textes pour leur branche dactivités professionnelle. Comme le soutient le professeur Paré, "les universités ne peuvent pas préparer leurs étudiants à la complexité du monde contemporain sous tous les rapports intellectuels et sociaux nécessaires, et les initier en même temps aux astreintes propres à certains emplois donnés".
Léquipe de chercheurs a constaté que les étapes préliminaires de lapprentissage de lécriture au travail se déroulent en tête-à-tête avec son supérieur qui agit un peu à la manière dun maître à penser pour létudiant nouvellement engagé. Durant cette période de transition, les nouvelles recrues qui apprennent à créer des textes professionnels sinstruisent également sur les activités, les valeurs, lhistoire et la politique de lentreprise, autant déléments qui sont difficiles à apprendre à lUniversité. De plus, contrairement aux cours qui suivent un ordre chronologique dans le milieu scolaire, le milieu de travail offre des occasions spontanées dapprendre. Les nouvelles recrues doivent déceler et profiter des occasions au fur et à mesure quelles se présentent, et beaucoup de ce quils apprennent est tellement propre à une situation quil nest possible de le saisir que dans le milieu professionnel.
Lune des choses que lUniversité peut mieux faire par contre, cest daider les étudiants à apprendre à apprendre. Des études universitaires doivent aider les étudiants à reconnaître la valeur quil y a à rester actif, curieux et motivé après lécole. Ce projet révèle par ailleurs que les organismes et les entreprises professionnels doivent assumer davantage la responsabilité de lenseignement des gens quils recrutent.
Deux ouvrages rendent compte des résultats de léquipe de chercheurs : Worlds Apart: Acting and Writing in Academic and Workplace Contexts, publié par Lawrence Erlbaum Associates (1999) et Transitions: Writing in Academic and Workplace Settings (1999), publié par Hampton Press.