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Antibiotiques : marquer un temps d’arrêt

Une étude du CUSM examine les conséquences d’une réévaluation régulière de l'utilisation des antibiotiques sur les coûts et les taux d’infection de C. difficile
Publié: 19 November 2014

La résistance aux antibiotiques est un problème de santé important qui affecte tant la propagation des infections, comme le Clostridium difficile, que les budgets alloués aux médicaments. Des chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont examiné les avantages de prendre une « période de réflexion » lors de traitements antibiotiques pour réévaluer de manière régulière la stratégie de traitement suivant l’évolution de l’environnement clinique. L'étude, publiée ce mois-ci dans le journal Annals of Internal Medicine, a démontré que des périodes de réflexions structurées, utilisant une liste de contrôle en ligne développée localement, entrainaient une réduction des coûts des antibiotiques et de l’utilisation de médicaments ciblés. La recherche fait également état d’une légère baisse des infections à C. difficile.

« Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), près de 50 pour cent de l'utilisation des antibiotiques est inutile ou inappropriée », explique le premier auteur de l'étude, le Dr Todd Lee, médecin traitant au CUSM et professeur adjoint au département de médecine de l'Université McGill. « Compte tenu de cette statistique, et de nos propres préoccupations liées à la résistance aux antimicrobiens, nous avons décidé de mettre en œuvre un programme de périodes de réflexions adapté au CUSM et d’en évaluer son efficacité. »

Période de réflexion pour un examen clinique

L'étude a porté sur 679 patients et a été menée sur une période de 18 mois à l’unité d’enseignement clinique de médecine interne de l'Hôpital général de Montréal du CUSM. Le concept de la période de réflexion a été présenté aux médecins et aux stagiaires comme une occasion d'examiner l'indication, la dose et la durée d'utilisation des antibiotiques lorsque de nouvelles données cliniques surviennent. Le personnel a également été informé des directives sur l’utilisation des antibiotiques et a participé, deux fois par semaine, à un examen structuré des patients recevant des antibiotiques. Cette approche a conduit à des changements de doses, de durée du traitement et de type d'antibiotique prescrit, menant à des réductions de coûts et à une faible diminution des infections à C. difficile.

« Notre approche reliait un enseignement précis sur l'utilisation des antibiotiques à un outil structurel qui analyse et qui guide cette utilisation », explique l'auteure principale de l'étude, la Dre Louise Pilote, chercheuse à l'Institut de recherche du CUSM,  directrice du service de Médecine générale interne au CUSM, et professeure de médecine à l'Université McGill. « Cela pourrait se traduire par une amélioration des pratiques de prescription. En général, les médecins ont rapporté que le processus avait amélioré leur niveau de confort par rapport aux antibiotiques et avait apporté une valeur clinique. »

« Nous espérons que cette approche permettra un meilleur contrôle sur les antibiotiques et sur les pratiques de prescription, pour que le taux élevé d'utilisation inappropriée d'antibiotiques d’aujourd'hui se transforme demain en simple anecdote historique », ajoute la Dre Lee.

 

À propos de l’étude :

Une fois l’embargo levé, l’étude sera disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.annals.org/article.aspx?doi=10.7326/M13-3016

Cette étude fait partie d'un supplément spécial du numéro de novembre du magazine Annals of Internal Medicine, soutenu par le programme pour chercheurs cliniques de la Fondation Robert Wood Johnson (RWJF).

Ce travail a été réalisé sans financement extérieur.

L’étude intitulée Antibiotic Self-stewardship: Trainee-Led Structured Antibiotic Time-outs to Improve Antimicrobial Use a été coécrite par Todd C. Lee (Division de médecine interne générale, Division des maladies infectieuses, Département de médecine, CUSM et le Centre McGill pour l’amélioration de la qualité, Montréal, Canada); Charles Frenette (Division des maladies infectieuses, Département de médecine, CUSM, Montréal, Canada); Dev Jayaraman et Laurence Green (Division de médecine interne générale, Département de médecine, CUSM, Montréal, Canada); et Louise Pilote (Division de médecine interne générale, Département de médecine, CUSM, Montréal, Canada).

 

Liens utiles :

Centre universitaire de santé McGill : cusm.ca/

Institut de recherche du CUSM : rimuhc.ca

Université McGill : mcgill.ca

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