Une entreprise locale pleine d’ambition s’allie à McGill pour rivaliser contre ses concurrents mondiaux

Lorsqu’il a sollicité PRIMA Québec pour obtenir du soutien à la recherche, Adfast, fabricant montréalais d’adhésifs et de scellants, s’est vu offrir un partenariat avec l’Université McGill.

Les entreprises doivent apprendre à s’adapter aux bouleversements de l’intelligence artificielle dans leurs secteurs d’activité respectifs. Le gouvernement du Québec a joué un rôle actif en la matière et a lancé le programme Industrie 4.0, un ensemble d’outils et de subventions visant à aider les entreprises à automatiser leurs lignes de production et à intégrer cette nouvelle technologie perturbatrice dans leurs opérations.

Afin de garantir une participation à grande échelle, la province a mis en place un système d’audit visant à attester que les entreprises améliorent réellement leurs pratiques. Cependant, parmi les quelque 250 000 entreprises enregistrées au Québec, seules trois d’entre elles – dont Adfast – remplissent tous les critères de l’audit jusqu’à maintenant.

Spécialisée dans la fabrication d’adhésifs d’assemblage, d’étanchéité et d’isolation, l’entreprise montréalaise œuvre dans le domaine des attaches depuis 1978. Mais le marché mondial des adhésifs et des scellants d’étanchéité à base de polymère – estimé en 2025 à 82 milliards de dollars américains – est dominé par d’énormes conglomérats multinationaux situés en Allemagne et au Japon. Comment une petite entreprise québécoise peut-elle faire le poids face à de tels géants?

« Depuis 2004, Adfast a investi d’importantes ressources pour développer des polymères de polyuréthane hybrides très complexes capables de concurrencer les produits chimiques brevetés fabriqués par les grandes entreprises allemandes et japonaises. Nous tenterons de détrôner ces deux joueurs qui contrôlent aujourd’hui 80 % du marché des polymères de polyuréthane hybrides », explique Yves Dandurand, président d’Adfast.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, M. Dandurand doit chercher sans relâche à améliorer l’efficience, à renforcer la collaboration et à accroître la compétitivité. Bien que l’obtention de la certification 4.0 ait été une étape importante, l’entreprise ne doit pas se reposer sur ses lauriers. Outre ses efforts pour améliorer ses processus de production, l’entreprise cherche à développer des produits présentant un moindre danger pour la santé et l’environnement.

En 2016, M. Dandurand s’est tournée vers PRIMA Québec – un organisme qui met les entreprises en relation avec des institutions possédant une expertise en science des matériaux afin de répondre aux besoins de recherche de l’industrie – qui lui a permis de rencontrer le Pr Milan Maric de l’Université McGill. Ce dernier dirige un laboratoire de génie chimique et possède une grande expertise en polymères, ces structures formées de longues chaînes moléculaires largement utilisées aujourd’hui. C’est dans les installations de synthèse et de caractérisation des polymères de l’Université que pourront être conçus de nouveaux types de polymères répondant aux besoins d’Adfast. Les partenaires ont ensuite obtenu du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie une subvention de recherche et développement coopérative d’une durée de trois ans.

Adfast souhaitait créer des polymères durables n’utilisant aucun produit toxique, et tout particulièrement les isocyanates. Bien que leurs propriétés soient utiles dans la fabrication de polyuréthane et d’autres préparations, les isocyanates sont extrêmement dangereux. Ils sont à l’origine la catastrophe industrielle de Bhopal, en Inde, qui a fait 4 000 morts en 1984. Supprimer ces composants de la composition des polymères est non seulement souhaitable, mais cela marquerait également un tournant pour le secteur.

Toutefois, produire des polyuréthanes sans isocyanates n’est pas une mince affaire. M. Dandurand estime que deux années de développement seront nécessaires avant de pouvoir entreprendre la commercialisation. Autre avantage des polyuréthanes sans isocyanates : ils pourraient emprisonner le CO2.

En ajoutant à sa gamme de produits les polyuréthanes sans isocyanates, Adfast pourra conquérir de nouveaux marchés. L’entreprise a vu sa taille multipliée par six depuis 2006 et produit aujourd’hui quelque 10 millions de cartouches d’adhésif par an. Elle prévoit également étendre sa présence à l’étranger et a obtenu le soutien de plusieurs agences gouvernementales.

« Je suis convaincu qu’avec l’aide de McGill, nous pourrons réduire le processus de commercialisation des nouvelles technologies, précise M. Dandurand. Nous n’hésiterons pas à conseiller à d’autres entreprises québécoises de solliciter l’aide de l’Université pour résoudre leurs problèmes d’affaires. »

Selon le Pr Maric, le partenariat avec Adfast a profité à tout le monde. « Nous ne pouvions espérer meilleur partenaire, soutient-il. Des ingénieurs d’Adfast travaillent à temps plein avec nos étudiants. Ils leur apprennent les pratiques exemplaires et enrichissent leur expérience en les initiant à l’aspect commercial des sciences et du génie. Nos étudiants disposent d’un espace de travail réservé dans l’entreprise, ce qui favorise la collaboration. »


Légende photo: Le professeur Milan Maric (à droite) collabore avec Adfast afin de développer des polymères durables.

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