Soutenir et élever les voix 2SLGBTQIA+ dans la recherche ARN

Alors que la communauté mondiale célèbre la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT) le 17 mai, l’occasion se présente pour réfléchir à la manière dont les communautés de recherche peuvent rendre leurs environnements, leurs pratiques et leurs priorités plus inclusifs. L'excellence scientifique est indissociable de l'équité, ce qui implique d'écouter et d'élever les voix des 2SLGBTQIA+ au sein de la recherche. À D2R, où l'avancement des thérapies basées sur l'ARN est au cœur de notre travail, nous reconnaissons la nécessité de favoriser des espaces inclusifs non seulement dans la science que nous faisons, mais aussi dans les systèmes qui la soutiennent. Dans cette conversation, Raquel Cuella Martin, professeure de génétique humaine, chercheuse financée par D2R et membre du Comité des partenariats et de l’engagement communautaire de D2R, et Benjamin Kaufman, étudiant au doctorat en génétique humaine à McGill, partagent leurs points de vue sur la façon dont la communauté de recherche sur l'ARN peut être plus inclusive dans sa conception, sa pratique et sa participation à la recherche. 

Pouvez-vous nous partager des moyens simples pour favoriser l’inclusion de la communauté 2SLGBTQIA+ dans la pratique de recherche et dans la conception de recherche? 

Raquel : 

En ce qui concerne la pratique de la recherche, nous devrions simplement commencer par comprendre leurs réalités. Les difficultés rencontrées sur le lieu de travail par les membres de la communauté 2SLGBTQIA+ peuvent être très différentes, et nous devons être à l'écoute, prêtes et prêts à agir. Quelque chose d'aussi simple que des toilettes accessibles pour toutes et pour tous n'est toujours pas la norme dans nos bâtiments de recherche. 

La question de la conception de la recherche est complexe. Les considérations relatives au sexe et au genre sont désormais évaluées dans les propositions de recherche. Alors que nous observons souvent que le sexe est défini et inclus avec précision, nous avons des exemples notables où le sexe/genre est encore utilisé à mauvais escient. Dans la base de données Cancer Dependency Map, qui comprend des données provenant de cribles d'élimination de gènes CRISPR-Cas9 dans plus de 1 000 lignées cellulaires, vous pouvez stratifier les lignées cellulaires en fonction du « genre ». 

Benjamin : 

Il est important d'éviter les fausses catégories. L'identité de genre et la biologie comportent toutes les deux des nuances. La confusion entre les deux, ainsi qu'un sous-diagnostic important des différences chromosomiques, peuvent présenter des défis importants dans la recherche sur l'ADN et l'ARN, en particulier pour les corps trans, non binaires et intersexués. La réflexivité est également vitale dans la recherche scientifique. En effet, il faut regarder au-delà des personnes incluses dans votre étude pour examiner celles qu'elle exclut et pourquoi. 

Comment la recherche sur les thérapies ARN peut-elle contribuer à la santé de la communauté 2SLGBTQIA+ 

Raquel :  

La recherche sur les vaccins à ARNm qui inclut la communauté 2SLGBTQIA+ serait déterminante pour garantir que les soins sont adaptés aux conditions qui peuvent être plus répandues dans les communautés queer. À cet effet, nous avons des exemples d'essais cliniques pour les vaccins à ARNm COVID-19 réalisés chez des personnes infectées par le VIH, dont la réponse immunitaire peut varier de manière significative par rapport à une population non infectée. (ex. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39902315/

Benjamin: 

La recherche sur l'ARN offre de nombreuses possibilités de servir la communauté 2SLGBTQIA+, y compris le potentiel de thérapies sur mesure dans les soins d'affirmation du genre, comme la modulation des voies hormonales d'une manière que le traitement hormonal substitutif actuel ne peut pas réaliser, ou en se concentrant sur les soins de santé qui ont un impact disproportionné sur les personnes queer et les corps queer, comme le VIH, qui a déjà commencé à être abordé par la recherche sur l'ARNm. Cependant, il est crucial d'inclure les personnes queer dans le développement de ces thérapies, de la conception aux essais cliniques, et pas seulement comme un cas particulier ou une réflexion après coup. 

Pourquoi la représentation des chercheuses et des chercheurs de la communauté 2SLGBTQIA+ est-elle importante dans le contexte de la recherche sur l'ARN ? 

Raquel : 

Les chercheurs et chercheuses queer apportent de nouvelles perspectives et une appréciation des réalités qui pourraient autrement être négligées. 

Benjamin : 

En tant que chercheuses et chercheurs queer, nous posons des questions différentes ; nous identifions des lacunes que la population en général ne voit peut-être pas. Nos expériences vécues façonnent notre perception et influencent la manière dont nous répondons à ces questions. Lorsque des scientifiques queer dirigent, la science reflète plus fidèlement le monde réel, et la visibilité elle-même perturbe le statu quo. 

Que souhaitez-vous à la prochaine génération de chercheuses et de chercheurs de la communauté 2SLGBTQIA+ dans le domaine des sciences ? 

Raquel : 

Je souhaite que les personnes queer aient un sentiment d'appartenance à la communauté des STIM. Je leur souhaite des espaces sûrs, sans jugement, où leurs réalités ne sont pas remises en question. Je souhaite qu'elles arrêtent de penser « j'ai eu de la chance d'être dans un environnement inclusif », parce que ces environnements seraient la norme. 

Benjamin : 

J'espère voir un monde où les universitaires queers, ainsi que la recherche centrée sur la communauté queers ne soient pas perçus comme uniquement du militantisme, mais davantage une facette standardisée de la science. 

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