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Un traitement adapté : Un regard neuf sur les thérapies

Publié: 25 May 2009

Les statines, une catégorie de médicaments souvent prescrits et utilisés par des millions d’individus dans le monde, et qui abaissent efficacement les niveaux de cholestérol sanguin, peut en réalité avoir un impact négatif sur les patients atteints de sclérose en plaques et qui reçoivent de fortes doses quotidiennes de statines.

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Institut neurologique de Montréal (INM), de l'Université McGill, démontre que la thérapie aux statines empêche la réparation de la myéline ou la remyélinisation du système nerveux central chez les souris. Les résultats, publiés dans The American Journal of Pathology, mettent en évidence le besoin crucial de contrôler les effets des thérapies visant les maladies auto-immunes du système nerveux central sur les processus de réparation de la myéline, et ce, chez les patients souffrant de sclérose en plaques et d'autres maladies démyélinisantes progressives.

Les Canadiens présentent l’un des taux les plus élevés de sclérose en plaques au monde. Au Canada, environ 50 000 personnes sont atteintes de cette maladie, tandis que 1000 nouveaux cas environ sont diagnostiqués chaque année. La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central (SNC) dans laquelle les cellules immunes attaquent la gaine de myéline (un isolant qui protège les fibres nerveuses) et les cellules produisant la myéline du système nerveux central (oligodendrocytes), causant la démyélinisation. La sclérose en plaques cause des dommages qui perturbent la capacité de la cellule nerveuse à transmettre des signaux dans tout le système nerveux.

Dans les premiers stades de la sclérose en plaques, après une attaque de la myéline par le système immunitaire, les cellules progéniteurs des oligodendrocytes ou les cellules souches présentes dans le système nerveux central (SNC) sont recrutées sur le site de la lésion. Ces cellules se développent ensuite et produisent de la myéline pour réparer les dégâts.

 “L’action des statines, connues pour modifier la réponse de système immunitaire et avoir un large spectre d'effets sur d'autres processus cellulaires, a été mesurée lors d’essais cliniques basées sur les études d’un modèle animal de sclérose en plaques indiquant une réduction de la sévérité de la maladie clinique”, affirme le docteur Véronique Miron, qui effectue des études post-doctorales dans le laboratoire du docteur Jack Antel à l'INM et qui est le chercheur principal lors de ses essais. “Le mécanisme d'action des statines au cours des essais cliniques n'a pu être déterminé. Nous ignorons si les statines affectent directement la myéline et/ou les oligodendrocytes, ou si la sévérité de la maladie a été réduite indirectement en raison de la diminution de la réponse immunitaire. Cette question nécessite de nouveaux essais cliniques, en raison de la capacité des statines à traverser la barrière hémato-encéphalique et de leur accès au système nerveux central (SNC), aussi de l'enrichissement du cholestérol dans la gaine de myéline.”

L'objectif de l'étude de l'INM était de déterminer l'impact direct de la simvastatine, une statine utilisée lors d’essais cliniques, sur l'intégrité de la myéline dans le cerveau et sur le processus de remyélinisation. L'étude utilise un modèle mesurant les dommages sur la myéline, qui produit relativement peu d'inflammation et imite laspect de démyélinisation de la sclérose en plaques, ce qui permet aux chercheurs de l'INM de déterminer à long terme l'effet direct de la thérapie aux statines sur la remyélinisation, sans établir de liens avec ses effets indirects obtenus par la modulation de la réponse immunitaire.

“Les résultats de notre étude indiquent que la simvastatine a, en fait, un effet légèrement délétère sur la myéline dans des conditions non pathologiques”, ajoute le docteur Miron. “Pendant la remyélinisation, il y a une diminution non seulement de la production de myéline, mais aussi du nombre d'oligodendrocytes, après le traitement à la simvastatine. Les découvertes suggèrent aussi que la simvastatine inhibe la remyélination du système nerveux central (SNC) en bloquant la différenciation ou le développement de la cellule progéniteur des oligodendrocytes dans les oligodendrocytes myélinisants.”

Cette étude souligne la nécessité de contrôler les effets à long terme des thérapies visant les maladies auto-immunes du système nerveux central, particulièrement ceux qui peuvent avoir un impact sur les types de cellules dont on postule qu’elles sont ciblées dans les processus des maladies neurologiques et impliquées dans les processus de réparation des tissus cérébraux.

Le fait de comprendre les mécanismes sous-jacents de ces thérapies permettra d’améliorer les stratégies de traitement et finalement la qualité de vie des individus souffrant d'une variété de maladies neurologiques.

Ce travail a pu être réalisé grâce au soutien financier de la Fondation de la société canadienne sur la sclérose en plaques, de la Société canadienne de la sclérose en plaques, et des Instituts de recherche en santé du Canada.

À propos de l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal

L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro) est un centre médical d’enseignement unique spécialisé en neuroscience. Le Neuro est un centre de recherches et d’enseignement au sein de l’université McGill et constitue la pierre d’assise de l’Hôpital neurologique du Centre universitaire de santé McGill. Fondé en 1934 par le Dr Wilder Penfield, neurochirurgien de renom, le Neuro est reconnu à l’échelle internationale pour son intégration de la recherche, des soins prodigués aux patients avec compassion et de la formation spécialisée, tous des éléments essentiels au progrès des sciences et de la médecine. Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file mondiaux en neuroscience cellulaire et moléculaire, en imagerie cérébrale, en neuroscience cognitive et en ce qui a trait au traitement de l’épilepsie, la sclérose en plaques et les troubles neuromusculaires, ainsi qu’aux recherches qui s’y rapportent. Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter le site www.mni.mcgill.ca.

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