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Un investissement américain dans la prévention de la tuberculose est rentable ici

Publié: 7 September 2005

Une étude récente, qui sera publiée demain dans le New England Journal of Medicine, indique que les investissements faits par les États-Unis à l'étranger pour le traitement de la tuberculose contribuent à sauver des vies et de l'argent ici. La plupart des cas de tuberculoses aux États-Unis et au Canada se manifestent chez les immigrants, les réfugiés, les visiteurs et les personnes en provenance de pays étrangers où cette maladie demeure courante.

Une équipe internationale dirigée par le Dr Dick Menzies, le Dr Kevin Schwartzman et Mme Olivia Oxlade, chercheurs au Centre universitaire de santé McGill, laisse entrevoir qu'une meilleure prévention de la tuberculose dans les pays où son incidence est élevée contribuerait à en réduire la propagation dans ces pays de sorte que moins d'immigrants pourraient développer la tuberculose aux États-Unis, moins de personnes en mourraient et l'on pourrait épargner de l'argent dans ce pays. C'est la Fondation Rockefeller qui a financé la recherche.

Aux États-Unis, le dépistage de la tuberculose se fait généralement au moyen des radiographies pulmonaires obtenues avant ou au moment de l'arrivée des immigrants et des réfugiés, et l'on traite la tuberculose lorsqu'elle est dépistée. L'équipe de chercheurs a prédit le nombre de cas de tuberculose, les décès causés par la maladie et ce qu'il en coûterait au cours des 20 prochaines années si l'on appliquait cette stratégie aux immigrants qui arrivent aux États-Unis depuis le Mexique, la République dominicaine et Haïti. Ils ont comparé ces chiffres avec les résultats anticipés si les États-Unis finançaient des programmes de prévention de la tuberculose dans ces trois pays en vue d'améliorer le diagnostic et le traitement dans le pays d'origine — conformément à la norme recommandée par l'Organisation mondiale de la santé.

Les résultats les plus frappants concernent le Mexique d'où proviennent la majorité des immigrants aux États-Unis. « Nos résultats indiquent que si le gouvernement américain consacrait 35 millions de dollars pour renforcer la prévention de la tuberculose au Mexique, il épargnerait la somme nette de 108 millions de dollars en vingt ans » indique le Dr Menzies, directeur des services respiratoires du CUSM, professeur de médecine, d’épidémiologie et de biostatistiques à l'Université McGill, qui dirige l'équipe de chercheurs. « Il y aurait 2591 cas de tuberculose et 349 décès de moins causés par la maladie que si l'on poursuivait l'approche actuelle. Et ces chiffres ne tiennent même pas compte du fait que la prévention de la tuberculose chez ces personnes empêcherait la transmission de la maladie à des citoyens américains ». De la même manière, une aide financière américaine pour prévenir la tuberculose en Haïti et en République dominicaine entraînerait également des économies à long terme pour les États-Unis.

Si les États-Unis décidaient plutôt d'étendre le dépistage de la tuberculose à l'état latent parmi les immigrants et les réfugiés mexicains en faisant des tests cutanés en plus des radiographies pulmonaires, il en coûterait 329 millions de dollars de plus alors qu'on ne préviendrait que 401 cas et 30 décès pour la même période de 20 ans. « Une telle stratégie est moins efficace parce qu'il y a plusieurs obstacles à l'utilisation efficace d'un traitement préventif chez les patients souffrant de tuberculose à l'état latent » indique le Dr Schwartzman, chercheur aux services respiratoire du CUSM, professeur agrégé de médecine à l'Université McGill et principal auteur de l'étude. « De plus, on ne peut tout simplement pas tester plusieurs arrivants comme les visiteurs ou les sans-papiers. »

« Dans un monde où les voyages et les migrations sont en émergence, il en va de l'intérêt de tous de faire la prévention globale des maladies infectieuses comme la tuberculose » souligne le Dr Menzies. « Il n'y a rien de surprenant à ce qu’un investissement à l'étranger puisse contribuer à améliorer la santé des citoyens des autres pays. Mais ce qui est étonnant, ce sont les avantages immenses qui en résultent au plan de la santé et au plan monétaire pour les États-Unis, le Canada et les autres pays qui accueillent des immigrants. Quand il s'agit de la tuberculose, la meilleure chose à faire est de prendre la bonne décision. »

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est un centre hospitalier universitaire intégré, reconnu à l'échelle internationale pour l'excellence de ses programmes cliniques, de sa recherche et de son enseignement. Il est issu de la fusion de cinq hôpitaux d'enseignement affiliés à la Faculté de médecine de l'Université McGill : l'Hôpital de Montréal pour enfants, l'Hôpital général de Montréal, l'Hôpital Royal Victoria, l'Hôpital et l'Institut neurologiques de Montréal et l'Institut thoracique de Montréal. Misant sur le leadership médical acquis des hôpitaux fondateurs, le CUSM a pour objectif d'assurer aux patients des soins fondés sur les connaissances les plus avancées dans le domaine de la santé et de contribuer au progrès des connaissances.

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