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Tragédie de Walkerton : Une percée majeure après 10 années de recherche

Publié: 27 January 2010

Des chercheurs de McGill et de McMaster identifient des marqueurs génétiques augmentant la susceptibilité au syndrome du côlon irritable post-infectieux

Des études menées auprès des victimes de la tragédie de l’eau contaminée survenue à Walkerton en Ontario ont permis la découverte de variations dans l’ADN de trois gènes qui accroissent le risque de développer le syndrome du côlon irritable post-infectieux (SCI-PI). L’ampleur même de l’infection et le suivi effectué auprès des habitants de Walkerton ont donné aux chercheurs l’occasion unique d’étudier l’origine de ce trouble.

« Bien que la cause exacte du SCI-PI demeure inconnue, nous savons aujourd’hui pour la première fois que des facteurs génétiques se conjuguent aux facteurs environnementaux connus, et ensemble jouent un rôle essentiel dans l’apparition de cette maladie », explique Alexandra-Chloé Villani (PhD) de McGill, qui a mené les travaux sous la direction des chercheurs principaux John K. Marshall (McMaster) et Denis Franchimont (anciennement de McGill), avec la collaboration de Stephen Collins (McMaster).

Il y a bientôt 10 ans, le réseau d’alimentation en eau potable de Walkerton a été contaminé par les bactéries E. coli et Campylobacter jejuni, provoquant une véritable catastrophe sanitaire. Sept personnes sont mortes et au moins 2 300 autres ont souffert de symptômes infectieux, dont des diarrhées sanglantes, après avoir bu de l’eau contaminée. Sur ces 2 300 personnes, 36 pour cent ont développé le SCI-PI, un chiffre qui hisse Walkerton au rang des villes présentant le plus fort taux d’incidence de cette maladie jamais rapporté.

Le syndrome du côlon irritable post-infectieux est un trouble fonctionnel intestinal d’apparition aiguë suivant un épisode de gastroentérite. « Les patients présentent des douleurs abdominales chroniques, un inconfort digestif, des ballonnements et des troubles de la défécation en l’absence d’anomalie biochimique ou biostructurelle détectable », précise le Dr Marshall, gastroentérologue. « Suite à l’exclusion de troubles organiques connus, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, ces patients reçoivent le diagnostic de SCI-PI. »

« Les conséquences biologiques des facteurs de risque génétique identifiés soulignent les rôles importants de la flore microbienne intestinale, de la fonction de la barrière intestinale et des voies de signalement inflammatoires, qui semblent toutes contribuer à l’apparition du syndrome du côlon irritable post-infectieux », explique la Dre Alexandra-Chloé Villani. Même si ces résultats ne déboucheront pas sur de nouveaux traitements à court terme pour ce syndrome, le Dr Marshall reste confiant qu’à long terme, ces recherches permettront d’améliorer la prise en charge des soins des patients, entre autre par l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles pour la recherche et par l’amélioration du processus décisionnel médical (« stratification du risque ») applicable aux victimes de futures flambées épidémiques.

Les résultats de cette étude seront publiés dans le numéro de mars de la revue Gastroenterology (disponible en ligne à gastrojournal.org). L’étude a bénéficié de subventions de la Fondation canadienne des maladies inflammatoires de l'intestin (FCMII) et du ministère de la Santé et des Soins de Longue durée de l’Ontario. La Dre Alexandra-Chloé Villani est rattachée au Centre d’innovation Génome Québec et Université McGill. Les Drs Marshall et Collins sont rattachés à la Faculté de médecine Michael G. DeGroote de l’Université McMaster. Le Dr Marshall est professeur agrégé de médecine, membre à part entière de l’Institut de recherche sur les maladies digestives de la famille Farncombe et directeur de la recherche clinique de la Division de gastroentérologie. Il est également médecin consultant en gastroentérologie au Hamilton Health Sciences. Le Dr Collins est professeur de médecine et doyen adjoint (recherche) de la Faculté des sciences de la santé. Il est titulaire de la Chaire GlaxoSmithKline de gastroentérologie. Le Dr Franchimont, qui exerce actuellement à l’Hôpital Érasme de Bruxelles, en Belgique, a occupé une Chaire de recherche du Canada et était rattaché au Département de gastroentérologie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).


À propos du Centre d’innovation Génome Québec et Université McGill :
Le Centre d'innovation Génome Québec et Université McGill est financé par Génome Canada et le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec et offre des services complets d’analyses de l’ADN, de quelques échantillons à plusieurs dizaines de milliers par semaine. Les ambitieux projets de séquençage d’ADN réalisés depuis bientôt cinq ans témoignent de la capacité de Génome Québec de fournir des données probantes et de qualité exceptionnelle dans la poursuite de diverses études génomiques. Les travaux de génomique à grande échelle au Centre d’innovation s’articulent autour de trois plateformes : séquençage, génotypage et génomique fonctionnelle appuyées par des infrastructures et une expertise unique en bioinformatique. La plateforme de protéomique, quant à elle, offre des services de haute qualité en séparation et analyse de protéines.


À propos de l’Université McMaster et de l’Institut de recherche sur les maladies digestives de la famille Farncombe :
L’Institut de recherche sur les maladies digestives de la famille Farncombe est un groupe intégré de spécialistes de la recherche clinique et fondamentale dédiés à l’étude des causes des maladies digestives chroniques. L’Institut cherche tout particulièrement à élaborer de nouvelles stratégies de diagnostic, de traitement et de prévention des maladies intestinales, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, qui soient bénéfiques au plus grand nombre. Émanant du Programme de recherche sur les maladies intestinales, ce nouvel Institut a été créé grâce à un don de 15 millions de dollars de la famille Farncombe. Cette généreuse contribution, qui prévoit la création de quatre Chaires dotées et des capitaux d’infrastructures, garantit la réussite à long terme de l’Institut et conforte son rôle dans le domaine de la formation et de l’innovation. Depuis plus de 20 ans, le Programme de recherche sur les maladies intestinales de l’Université McMaster jouit d’une réputation internationale et fait partie des 10 plus important groupes de recherche sur les maladies gastro-intestinales au monde. L’augmentation du financement de recherche, la multiplication des distinctions et la transformation de ce programme en Institut de recherche témoignent du rôle essentiel que les chercheurs de McMaster jouent dans l’étude des maladies gastro-intestinales.

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