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Nouvelles

Les sons humains transmettent les émotions clairement

Publié: 18 January 2016

Par Katherine Gombay, McGill Salle de Presse

Le cerveau utilise des structures et des systèmes plus anciens pour traiter avec prédilection les émotions exprimées par des sons

Notre cerveau met à peine un dixième de seconde pour commencer à reconnaître une émotion exprimée par un son, qu’il s’agisse d’un grognement de colère, d’un rire de joie ou de pleurs de tristesse. C’est ce qu’ont établi des chercheurs de l’Université McGill. Mais plus important encore, ils ont découvert que nous étions plus attentifs à l’émotion (joie, tristesse, colère…) exprimée par un son qu’à la même émotion exprimée au moyen du langage.

Selon ces chercheurs, la vitesse à laquelle le cerveau « étiquette » les sons et sa préférence pour ces derniers par rapport aux mots s’expliquent par le rôle, probablement crucial, du décodage des sons vocaux dans la survie de l’être humain.

« Pour identifier une émotion exprimée par un son, le cerveau fait appel à des systèmes apparus à un stade plus ancien de son évolution », explique Marc Pell, directeur de l’École des sciences de la communication humaine de l’Université McGill et auteur principal de l’étude publiée récemment dans Biological Psychology. « Par contre, la compréhension d’émotions verbalisées met en jeu des systèmes plus récents, qui se sont développés parallèlement à l’évolution du langage », poursuit-il.

Propos inintelligibles et grognements

Les chercheurs voulaient savoir si le cerveau réagissait différemment selon que les émotions étaient exprimées par des sons (grognements, rires, sanglots, etc., sans recours à la parole) ou par des mots. Ils ont étudié trois émotions fondamentales, à savoir la colère, la tristesse et la joie, auprès de 24 participants. Ils leur ont fait entendre un mélange aléatoire de sons et de propos inintelligibles (par exemple, He placktered the tozz), modulés par diverses inflexions émotionnelles. Notons que les chercheurs ont opté pour des phrases inintelligibles afin de ne fournir aux participants aucun indice linguistique quant à la nature des émotions. L’équipe de recherche a demandé aux participants d’identifier les émotions que le locuteur tentait d’exprimer et a eu recours à l’EEG pour déterminer à quelle vitesse et comment le cerveau réagissait aux divers sons entendus.

Ainsi, les chercheurs ont pu évaluer :  

  1. comment le cerveau réagit aux émotions selon qu’elles sont exprimées par des sons ou par le langage, et ce, avec une précision de l’ordre du millième de seconde;
  2. s’il y a des émotions exprimées par les sons que le cerveau reconnaît plus rapidement que d’autres et qui produisent une réaction cérébrale plus marquée; et
  3. si les personnes anxieuses sont plus sensibles que les autres aux voix empreintes d’émotion, selon l’intensité de leur réaction cérébrale.

La colère marque plus longtemps, surtout les personnes anxieuses

Les participants ont perçu les expressions sonores de joie (par exemple, le rire) plus rapidement que les sons exprimant la colère ou la tristesse. Mais, fait intéressant, la colère, qu’elle soit exprimée par des sons ou par le langage, a déclenché une activité cérébrale plus durable que les autres émotions, ce qui donne à penser que le cerveau accorde une importance particulière aux signaux de colère.

« Nos données semblent indiquer que l’auditeur exerce une surveillance soutenue des voix empreintes de colère, quelle qu’en soit la forme, indique Marc Pell; de fait, il cherche à y déceler une éventuelle menace. »

Les chercheurs ont également constaté que les personnes plus anxieuses réagissaient plus rapidement et intensément aux voix empreintes d’émotion en général que les personnes moins anxieuses.

« Les sons ont, semble-t-il, l’avantage d’être compris de façon plus immédiate que la parole, souligne M. Pell. Nos résultats sont conformes à ceux d’études réalisées chez des primates non humains, qui ont montré que le système nerveux d’une espèce traiterait avec prédilection les sons propres à cette espèce. »

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

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