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Les conflits ethniques sont causés par l'intervention gouvernementale, et non par la mondialisation

Publié: 29 September 2008

Il y a plus de risques de violence intergroupes quand le gouvernement intervient dans l’économie, d’après des chercheurs de McGill

On a tenu la mondialisation et la libéralisation du commerce responsables des nombreux désordres sociaux survenus depuis vingt ans, y compris une augmentation vertigineuse de la violence interethnique partout dans le monde. Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill et publiée dans le dernier numéro du journal International Studies Quarterly, ce n’est pas le cas.

En effet, d’après M. Stephan Saideman de McGill et son ancien étudiant de maîtrise, David Steinberg, – qui fait maintenant un doctorat à la Northwestern University – plus le gouvernement intervient dans l’économie locale, plus il y a de risques de violence interethnique et de rébellion. Inversement, plus l’économie d’une société est libre, moins il y a de risques de violence.

« Notre étude nie le fait que la libéralisation de l’économie est mauvaise pour les groupes ethniques. Les minorités sont davantage oubliées par le système politique, explique M. Saideman, professeur agrégé et directeur associé des études supérieures de la Faculté de sciences politiques et titulaire du Canada Research Chair in International Security and Ethnic Conflict. En d’autres mots, quand le gouvernement régit l’économie, les minorités sont probablement plus touchées par les caprices de l’état que par ceux du marché. »

À l’aide des résultats de leur propre recherche ainsi que du fichier-données Minorities at Risk de l’Université du Maryland, Steinberg et Saideman ont pu montrer que l’intervention du gouvernement dans l’économie conduit à une augmentation de la concurrence politique entre les groupes en vue de la domination de l’état ainsi que du favoritisme.

« Les groupes qui sont ainsi laissés pour compte se sentent menacés, parce qu’ils n’ont aucune autorité en la matière, ce qui peut mener à une rébellion ouverte, a indiqué M. Saideman, alors que ceux qui ont le pouvoir ont peur de le perdre, comme cela s’est produit en Serbie. Ainsi, avant la guerre, les Serbes dominaient en grande partie le système politique yougoslave; c’est la peur qu’ils avaient de perdre cet avantage qui a mené à la guerre. »

De plus, les chercheurs indiquent que leurs résultats s’appliquent assez bien à presque toutes les sociétés qu’ils ont étudiées, peu importe le système politique en place.

« Nous ne parlons pas seulement d’économies dirigées, comme l’Union soviétique ou la Yougoslavie d’autrefois, a-t-il mentionné. Nous avons aussi étudié les divers types de régimes, que le pays soit démocratique ou pas, sur les plans statistique et probabiliste, et avons constaté que plus le gouvernement agit sur l’économie, plus il y a de risques de conflits ethniques. »

D’après M. Saideman, bien que la violence interethnique soit plus probable dans les économies moins développées, ce type d’interventions, même dans les sociétés industrialisées, peut provoquer des tensions graves entre les divers groupes.

« L’ironie de la chose, c’est que le gouvernement américain se prépare à investir des sommes importantes pour renflouer Wall Street, a-t-il dit. Cela donnera donc aux personnes à qui on refusera des prêts ou qui auront des griefs de nature économique une raison de blâmer le gouvernement. Ces personnes ne tiendront pas compte de facteurs comme la flambée des prix du pétrole et la crise hypothécaire et accuseront directement le gouvernement. »

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