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L’étiquetage nutritionnel, difficile à digérer

Selon une étude comparant quatre types d’étiquetage nutritionnel, le moins efficace est celui exigé actuellement par le Canada et les États-Unis.
Publié: 20 January 2015

L’étiquetage nutritionnel exigé par le gouvernement ne permet pas d’améliorer l’alimentation des consommateurs, ni d’enrayer l’épidémie d’obésité, mais un système plus efficace existe. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill publiée dans le numéro de décembre de la revue spécialisée Annals of the New York Academy of Sciences

Les chercheurs ont comparé quatre types d’étiquetage nutritionnel et découvert que le tableau de la valeur nutritive exigé actuellement sur la plupart des produits alimentaires aux États-Unis et au Canada était le moins utile. En effet, il fallait plus de temps pour comprendre ce tableau, qui précise le pourcentage de la valeur quotidienne de plusieurs nutriments, et les choix nutritionnels des participants différaient peu de choix faits au hasard. Mais une autre option, NuVal, leur a permis de faire rapidement des choix d’aliments nutritifs. NuVal est une étiquette apposée sur les tablettes de certains supermarchés américains qui indique la valeur nutritionnelle totale de chaque produit au moyen d’un chiffre allant de 1 à 100.

 Résoudre les « conflits nutritionnels »

« En général, les consommateurs ont peu de temps pour choisir un aliment, et trouvent le tableau de la valeur nutritive difficile à comprendre et à utiliser », affirme Peter Helfer, principal auteur de l’étude et doctorant en psychologie et neurosciences à l’Université McGill. « Un produit peut être faible en gras, mais riche en sucre, mais, pour un autre, ce sera le contraire. Les tableaux de la valeur nutritive peuvent faire ressortir ces conflits nutritionnels, mais ne permettent pas de trancher. Même les consommateurs éduqués et motivés ont du mal à choisir les produits les plus nutritifs avec ces tableaux. »

 Les indices NuVal sont calculés par des experts en nutrition de plusieurs universités, dont Yale, Harvard et Northwestern, et soulignent à la fois les aspects positifs et négatifs de chaque aliment. En réduisant le contenu nutritionnel à un simple chiffre, le système NuVal élimine les sources de confusion.

 Deux autres types d’étiquetage nutritionnel ont donné des résultats mitigés. Le système emprunté aux feux de circulation utilisé au Royaume-Uni a mené à des choix un peu plus nutritifs que le hasard. Son utilisation a exigé toutefois plus de temps, car les consommateurs doivent compter les couleurs de plusieurs feux de circulation et les comparer entre produits. Des étiquettes qui certifient les aliments nutritifs, mais pas les autres, sont utilisées au Danemark, en Suède et au Canada. Elles ont permis des décisions rapides, sans augmenter le nombre de choix nutritifs. « Ces étiquettes ne distinguent pas assez bien les bons des mauvais produits pour améliorer systématiquement les choix alimentaires. Ils suscitent aussi des débats, sur la limite entre les aliments nutritifs et ceux mauvais pour la santé », affirme Thomas Shultz, coauteur de l’étude et professeur de psychologie et d’informatique à l’Université McGill.

 On estime que la grande disponibilité d’aliments peu nutritifs et hypercaloriques est une cause importante de l’épidémie d’obésité et de maladies attribuables à cette dernière dans le monde. « En donnant aux consommateurs les moyens de faire des choix alimentaires plus sains à l’aide d’un étiquetage nutritionnel valable et utile, nous pourrions endiguer cette épidémie, souligne le professeur Shultz. Si les consommateurs ont l’information nécessaire pour choisir des aliments nutritifs, cela poussera peut-être les producteurs et les détaillants à améliorer leurs produits. »

 Image : les étiquettes nutritionnelles comparées (% de la valeur quotidienne, Traffic Light, NuVal et Heart)

 « The effects of nutrition labeling on consumer food choice: a psychological experiment and computational model »
Peter Helfer, Thomas R. Shultz
Annals of the New York Academy of Sciences, décembre 2014
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24913496

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