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Des scientifiques à l’IRCM trouvent un nouveau modèle de recherche pour étudier les maladies auto-immunes

Publié: 24 July 2013


Les chercheurs montréalais sont les premiers à isoler deux mécanismes importants dans la production d’anticorps

Une équipe de chercheurs à l’IRCM, dirigée par le Dr Javier M. Di Noia dans l’axe de recherche en immunité et infections virales, a découvert un nouveau modèle de recherche pour étudier les maladies auto-immunes. Les scientifiques montréalais sont les premiers à trouver un moyen de séparer deux mécanismes importants qui améliorent la qualité des anticorps. Cette étude a été mise en valeur dans un récent numéro du Journal of Immunology.

L’équipe du Dr Di Noia étudie les cellules B, un groupe de globules blancs connus sous le nom de lymphocytes, responsables de la production des anticorps qui servent à combattre les antigènes. Les anticorps sont des protéines utilisées par le système immunitaire pour identifier et neutraliser des objets étrangers (antigènes), tels que les bactéries et les virus, en se fixant de manière précise sur ces objets. Ils constituent donc une partie essentielle du système immunitaire. Des variétés (ou classes) différentes d’anticorps existent, qui ont chacune un rôle différent à jouer et qui adaptent la réponse immunitaire afin d’éliminer chaque toxine ou pathogène qu’elle affronte. La grande diversité d’anticorps existant dans le corps permet donc au système immunitaire de neutraliser une aussi grande variété d’antigènes.

« Notre projet était axé sur les deux mécanismes qui produisent cette grande variété d’anticorps. Puisque les deux processus sont initiés par un même enzyme nommé AID (acitvation-induced deaminase), il a jusqu’à maintenant été très difficile de les étudier séparément. Nous avons identifié, pour la première fois, un modèle chez la souris dans lequel les deux mécanismes peuvent être analysés indépendamment lors d’une réponse immunitaire aiguë » a dit le Dr Di Noia, directeur de l’unité de recherche sur les mécanismes de diversité génétique à l’IRCM.

Les deux mécanismes en question sont la commutation de classe et la maturation d’affinité. La commutation de classe est le processus qui permet aux cellules B de produire différentes classes d’anticorps de façon à ce qu’un seul anticorps puisse être utilisé par différentes parties du système immunitaire. La maturation d’affinité est le processus selon lequel les cellules B produisent des anticorps d’affinité croissante pour les antigènes lors d’une réponse immunitaire, c’est-à-dire des anticorps ayant des liens de plus en plus forts avec les antigènes.

« Puisque l’élimination de l’enzyme AID éliminerait à son tour la commutation de classe et la maturation d’affinité, nous nous sommes concentrés sur un enzyme nommé UNG, qui est aussi impliqué dans les deux processus. Lorsque nous avons analysé des souris manquant le gène UNG, nous avons trouvé que la maturation d’affinité demeurait normale tandis que la commutation de classe était fortement réduite lors de réponses immunitaires aiguës, telles que la réponse à l’immunisation ou contre une infection virale » a ajouté Astrid Zahn, chercheuse associée dans le laboratoire du Dr Di Noia et première auteure de l’étude.

« Alors que plus d’une centaine de patients avec une déficience d’AID ont été identifiés, il est surprenant que seulement quelques patients avec une déficience d’UNG soient connus. Notre, étude, qui démontre que les réponses chroniques d’anticorps (soit celles qui répondent aux antigènes environnants) demeurent pratiquement normales sans l’enzyme UNG, peut expliquer pourquoi la majorité des personnes ayant une déficience d’UNG ne sont pas détectés parmi les patients immunodéficients. Cependant, puisque nous avons aussi trouvé que les réponses aiguës d’anticorps étaient considérablement affectées, nous soupçonnons, par exemple, que les personnes ayant une déficience d’UNG réagiraient très mal à la vaccination. Par ailleurs, comme ces études étaient menées dans le cadre d’un plus large projet en cours sur la relation complexe entre les enzymes AID et UNG, nous pensons que l’enzyme UNG pourrait possiblement jouer un rôle de suppression de tumeurs dans les lymphomes à cellules B » a expliqué la Dre Zahn.

« Jusqu’à maintenant, il était difficile d’étudier l’importance relative de la commutation de classe et de la maturation d’affinité, ainsi que l’impact de ces deux mécanismes sur les réponses immunitaires. Notre étude offre un nouveau modèle pour étudier le rôle de ces mécanismes dans certaines maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde ou même des infections comme la grippe » a conclu le Dr Di Noia.

À propos du projet de recherche Ce projet de recherche a été mené à l’IRCM par Astrid Zahn, Shiva Safavi et David Godin dans le laboratoire du Dr Javier M. Di Noia, en collaboration avec le Dr Cheolho Cheong (directeur de l’unité de recherche en physiologie cellulaire et immunologie à l’IRCM) et l’équipe du Dr Alain Lamarre à l’INRS-Institut Armand-Frappier. Le projet de recherche du laboratoire du Dr Di Noia a été subventionné par la Société canadienne du cancer et le Programme des chaires de recherche du Canada.

Pour plus d’information, veuillez consulter le sommaire de l’article publié en ligne par le Journal of Immunology: http://www.jimmunol.org/content/190/12/5949.abstract.  

À propos de Javier M. Di Noia Javier Marcelo Di Noia a obtenu un doctorat en biochimie de la University of Buenos Aires en Argentine. Il est professeur agrégé de recherche IRCM et directeur de l’unité de recherche sur les mécanismes de diversité génétique. Le Dr Di Noia est aussi professeur-chercheur adjoint au Département de médecine (accréditation en biochimie et en microbiologie et immunologie) de l’Université de Montréal et professeur associé au Département de médecine (Division de la médecine expérimentale) de l’Université McGill. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la diversité génétique. Pour plus d’information, visitez le www.ircm.qc.ca/dinoia.    

À propos de l’IRCM Créé en 1967, l’Institut de recherches cliniques de Montréal (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd’hui 38 unités de recherche spécialisées dans des domaines aussi variés que l’immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique. Il compte aussi trois cliniques spécialisées, huit plateaux technologiques et trois plateformes de recherche dotées d’équipement à la fine pointe de la technologie. Plus de 425 personnes y travaillent. L’IRCM est une institution autonome affiliée à l’Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). L’Institut entretient également une association de longue date avec l’Université McGill. L’IRCM est financé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec.

 

Pour plus d’information ou pour une entrevue avec le Dr Di Noia, veuillez communiquer avec :

Julie Langelier
Chargée de communication (IRCM)
julie.langelier [at] ircm.qc.ca
(514) 987-5555  

 

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