Ce que les oiseaux chanteurs ont à « dire » à propos du langage humain
Une subvention de la FCI aide des chercheurs à sonder le fondement neural de l'apprentissage du langage humain en examinant comment les oiseaux chanteurs apprennent à chanter.
La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) a révélé les noms des lauréats des plus récents prix octroyés par le Fonds des leaders. En tout, ce sont 19 projets de chercheurs de McGill qui recevront un soutien financier, pour un total de 3 890 640 dollars en nouveaux fonds. Les projets financés sont issus de domaines variés, allant du cancer du sein aux maladies dégénératives, en passant par de nouvelles méthodes d'utilisation des systèmes d'information géographique et de la technologie de la télédétection pour prédire l'effet des îlots de chaleur urbains sur les ressources en eau.
Sarah Woolley et Jon Sakata, deux professeurs du Département de biologie, comptent parmi les gagnants des prix octroyés par le FL de la FCI. Ils espèrent augmenter leurs connaissances du fondement neural des troubles de la communication humaine en étudiant comment les oiseaux chanteurs, comme le diamant mandarin et le capucin domino, apprennent à chanter.
« Les gens pensent que le chant des oiseaux chanteurs est codé génétiquement dans sa totalité », déclare Jon Sakata. « Mais les jeunes oiseaux chanteurs passent par le même processus d'apprentissage vocal que les êtres humains. Ils écoutent leurs modèles adultes, puis ils expérimentent, tout comme font les bébés qui balbutient. Ensuite, ils utilisent la réaction de leur auditoire pour perfectionner leurs habiletés motrices vocales et apprendre comment communiquer. Cela ressemble beaucoup à ce que l'on observe chez les humains. »
Sarah Woolley et Jon Sakata souhaitent particulièrement étudier la manière dont les oiseaux intègrent les signaux sociaux et les renseignements auditifs quand ils font leur choix, ainsi que leur processus d'apprentissage du chant. « C'est un peu comme chez les gens; quand on observe ce que fait l'enfant le plus populaire et que l'on pense qu'on devrait faire comme lui », explique Jon. « Les oiseaux chanteurs sont vivement influencés par les signaux sociaux; ainsi, ils sont plus susceptibles d'imiter un mâle dominant en couple avec une femelle qu'un mâle subordonné célibataire. Ce que nous voulons, c'est examiner les signaux sociaux comme ceux-là et voir comment le cerveau traite ces renseignements pour influencer l'apprentissage vocal. »
Parce que les circuits nerveux responsables de la communication vocale chez les oiseaux chanteurs sont déjà bien cartographiés, Sarah Woolley et Jon Sakata ont pu concevoir des expériences qui mesureront non seulement comment ces oiseaux apprennent à chanter et mémorisent ce qu'ils apprennent, mais aussi comment les signaux sociaux influencent ce processus d'apprentissage. L'une de ces expériences nécessite d'enseigner presque littéralement à de jeunes oiseaux comment chanter, en leur faisant écouter des enregistrements d'autres mâles et en les faisant observer comment les femelles adultes réagissent à ces chants. L'hypothèse est que les jeunes vont préférer apprendre les chants pour lesquels les femelles démontrent un plus grand intérêt. En étudiant comment les circuits neuronaux du cerveau des oiseaux chanteurs sont activés par ces indicateurs sociaux, les chercheurs espèrent augmenter leur connaissance de ce qui se passe dans les zones cérébrales humaines qui servent d'intermédiaire à l'apprentissage du langage, à la cognition sociale et à la mémoire auditive. Et, ce faisant, ils espèrent apprendre quelque chose sur les troubles de la communication humaine comme l'autisme.
Selon Jon Sakata, bien qu'il puisse sembler y avoir un grand pas entre le cerveau des oiseaux chanteurs et celui de l'être humain, il n'est pas impossible que les oiseaux chanteurs permettent de découvrir des renseignements essentiels sur les blocs de construction évolutifs de la parole humaine, en raison de la ressemblance frappante entre le chant des oiseaux et différents aspects de la communication humaine.
Maintenant, si seulement nous pouvions cesser de parler et apprendre à chanter comme eux…
Pour plus de renseignements sur les travaux de recherche de Sarah Woolley : http://biology.mcgill.ca/faculty/woolley/index.html
Pour plus de renseignements sur les travaux de recherche de Jon Sakata : http://biology.mcgill.ca/faculty/sakata/
La recherche est financée par la Fondation canadienne pour l'innovation.
Renseignements supplémentaires : http://www.innovation.ca/en/news/2011/09/1/262
Plus de nouvelles de l'Université McGill : http://francais.mcgill.ca/newsroom/