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Analyse de la pause dans le réchauffement climatique

Une analyse statistique montre une tendance correspondant aux variations de température de l’ère préindustrielle

Selon une étude réalisée par Shaun Lovejoy, professeur de physique à l’Université McGill, l’analyse statistique des températures moyennes mondiales entre 1998 et 2013 montre que le ralentissement du réchauffement climatique au cours de cette période concorde avec les variations naturelles de la température. 

Publié: 21 July 2014

Dans un article publié dans la revue scientifique Geophysical Research Letters, le professeur Lovejoy conclut qu’une fluctuation naturelle du refroidissement au cours de cette période a masqué en grande partie les effets du réchauffement attribuable à l’augmentation constante des émissions anthropiques de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre.

Cette nouvelle étude repose sur une méthode statistique élaborée par le chercheur de McGill dans un article publié en avril dans la revue scientifique Climate Dynamics. Cette étude précédente, pour laquelle le chercheur avait eu recours à des indicateurs des températures de l’ère préindustrielle afin d’analyser les régimes climatiques historiques, avait permis d’écarter – avec un seuil de confiance supérieur à 99 % -- la possibilité que le réchauffement climatique à l’ère industrielle soit uniquement une fluctuation naturelle du climat de la Terre.

Dans son nouvel article, le professeur Lovejoy utilise la même approche pour la période de 15 ans suivant 1998, pendant laquelle les températures mondiales moyennes sont demeurées élevées selon les normes historiques, mais légèrement inférieures à la plupart des prédictions générées par les modèles informatiques complexes utilisés par les scientifiques pour estimer les effets des émissions de gaz à effet de serre.

Le ralentissement de la hausse des températures au cours de cette période de 15 ans est parfois qualifié de « pause » ou de « hiatus » dans le réchauffement climatique, et a suscité des questions sur les raisons pour lesquelles le réchauffement de la surface de la Terre a connu un ralentissement beaucoup plus marqué qu’au cours des décennies précédentes. Puisque les niveaux de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter au cours de cette période, certains sceptiques ont fait valoir que le régime climatique observé récemment vient invalider la théorie selon laquelle le réchauffement climatique à l’ère industrielle résulte essentiellement d’émissions de gaz à effet de serre surtout provenant de la combustion de combustibles fossiles par l’homme.

La nouvelle étude du professeur Lovejoy révèle qu’une fluctuation naturelle du refroidissement, de l’ordre d’environ 0,28 à 0,37 degré Celsius, s’est produite depuis 1998 ‒ ce qui correspond aux variations qui surviennent historiquement tous les 20 à 50 ans, selon l’analyse. « On trouve de nombreux exemples de ces variations dans les reconstructions des températures de l’ère préindustrielle », selon une variété d’indicateurs, comme les anneaux de croissance des arbres, les carottes glaciaires et les sédiments lacustres, affirme le professeur Lovejoy. «  Étant basée sur des records climatiques, cette approche évite tout biais affectant les modèles qui sont utilisés couramment pour comprendre le réchauffement. »

En outre, le refroidissement observé entre 1998 et 2013 « suit précisément un réchauffement légèrement plus marqué ayant précédé la pause, de 1992 à 1998 », de sorte que le refroidissement naturel survenu pendant la « pause » n’est rien d’autre qu’un retour à la variabilité naturelle à plus long terme, conclut le professeur Lovejoy. « Il existe donc une explication statistique convaincante à cette pause. »

Enfin, le professeur Lovejoy estime que les scientifiques pourraient également recourir à la méthodologie présentée dans ses deux récents articles pour analyser les tendances des précipitations et la variabilité climatique régionale, et élaborer de nouvelles méthodes stochastiques de prévisions climatiques.

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Return periods of global climate fluctuations and the pause, Shaun Lovejoy, Geophysical Research Letters, publié en ligne le 14 juillet 2014.
DOI: 10.1002/2014GL060478

http://www.physics.mcgill.ca/~gang/eprints/eprintLovejoy/neweprint/Anthropause.GRL.final.13.6.14bbis.pdf

 

 

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