Une équipe de recherche met au jour des embouteillages cellulaires dans une maladie rare
Une équipe de recherche de l’Université McGill dirigée par la professeure Alanna Watt, du Département de biologie, a mis au jour des changements jusqu’alors inconnus dans des cellules cérébrales touchées par une maladie neurologique. Son étude, publiée dans la revue eLife, pourrait mener à la mise au point de traitements contre la maladie en question.
L’ataxie spinocérébelleuse de type 6 (SCA6) est une maladie neurologique rare et incurable qui résulte de mutations génétiques. Elle perturbe le fonctionnement d’une partie du cerveau, le cervelet, entraînant des problèmes de coordination et de mouvement. Les symptômes apparaissent à l’âge adulte et s’aggravent avec le temps.
Si les scientifiques savent depuis déjà longtemps que la SCA6 se caractérise par des changements dans le cervelet – la partie du cerveau qui régit l’équilibre et le mouvement – on ne comprend toujours pas parfaitement les mécanismes précis de ces changements, ni leur rôle dans l’apparition et la progression de la maladie.
L’étude portait sur des modèles de souris génétiquement modifiées qui présentaient les mêmes mutations que les êtres humains atteints de SCA6, et des problèmes moteurs évocateurs de cette maladie. En examinant des échantillons tissulaires prélevés chez ces souris, les scientifiques ont vu, dans l’endosome de leurs cellules, des anomalies étonnantes et jamais observées auparavant.
« Les cellules sont des organismes extrêmement actifs dans lesquels il se passe des tas de choses, et il est essentiel pour elles que les protéines et les molécules soient transportées au bon endroit, au bon moment », explique Anna Cook, auteure principale de l’étude et ancienne chercheuse au doctorat à l’Université McGill. « Or, ce système de transport ne fonctionne pas correctement chez les patients atteints de SCA6. En effet, les protéines et les molécules peuvent rester bloquées dans le système de transport de certaines cellules, un peu comme dans un embouteillage. »
Dans l’espoir de résoudre les problèmes décelés dans l’endosome, l’équipe de recherche a mis à l’essai un médicament appelé « 7,8-DHF » et constaté qu’il corrigeait les anomalies cellulaires, permettant ainsi aux protéines d’arriver à bon port. « Ce médicament agit comme un agent de la circulation, illustre la Pre Watt. En éliminant les embouteillages, il permet aux molécules de signalisation de première importance d’atteindre les sites cellulaires où elles doivent se rendre pour faire leur travail. »
« Puisqu’il n’existe pas actuellement de traitement curatif contre la SCA6, toute nouvelle connaissance sur les changements pathologiques liés à cette maladie est essentielle à l’élaboration de nouveaux médicaments et traitements, explique Anna Cook. Cette recherche préclinique est prometteuse non seulement parce qu’elle nous informe sur certains mécanismes fondamentaux de la maladie, mais aussi parce qu’elle permet de cerner un aspect de la maladie qui peut constituer, nous l’avons montré, une cible thérapeutique. »
L’équipe de la Pre Watt poursuit son travail pour découvrir les mécanismes pathologiques et mettre au point des médicaments contre la SCA6 et d’autres maladies touchant le cervelet. Aujourd’hui chercheuse postdoctorale à l’Université d’Oxford, Anna Cook étudie la signalisation dopaminergique dans le cerveau sain et le cerveau malade.
L'étude
Endosomal dysfunction contributes to cerebellar deficits in spinocerebellar ataxia type 6 a été publié dans eLife.