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Percée scientifique remarquable dans le dépistage des cancers de l’ovaire et de l’endomètre

Des chercheurs du CUSM et Johns Hopkins unissent leurs forces pour mettre au point un nouveau test de dépistage génétique, à partir des fluides prélevés lors d’un test Pap
Publié: 21 March 2018
Une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a collaboré avec des chercheurs de l’université Johns Hopkins afin de faire avancer le dépistage précoce des cancers de l’ovaire et de l’utérus et de l’amener au plus proche de la mise en œuvre dans un contexte clinique. Les chercheurs ont mis au point un test qui offre une méthode sécuritaire et minimalement invasive pour le dépistage précoce des cancers de l’ovaire et de l’endomètre. Ce test – appelé PapSEEK – vise à analyser de petites quantités de l’ADN des cellules cancéreuses provenant des échantillons prélevés dans le col de l’utérus, dans l’utérus, et dans le sang lors du test Pap, et permet d’identifier alors les mutations génétiques courantes associées à ces cancers. Les conclusions de leurs travaux ont été publiées dans la revue scientifique Science Translational Medicine.
 
« Si un cancer peut être dépisté à un stade précoce, il peut être guéri. Les cancers de l’ovaire et de l’utérus – généralement diagnostiqués à un stade avancé – entraînent le décès de tellement de femmes et causent tellement de souffrance », explique la Dre Lucy Gilbert, co-auteure principale de l’étude, qui est aussi directrice du Service de cancer gynécologique au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et professeure au Département d'obstétrique et gynécologie de l’Université McGill.
 
Se basant sur des travaux précédents et son expertise dans le domaine des cancers gynécologiques, la Dre Gilbert, qui est aussi une scientifique au sein du Programme de recherche sur le cancer de l’IR-CUSM, a proposé à l’équipe de l’université Johns Hopkins de recueillir des échantillons provenant non seulement du col de l’utérus, mais aussi de l’intérieur de l’utérus, afin d’accroître la probabilité du dépistage des cancers des ovaires, des trompes de Fallope et de l’utérus alors qu’ils en sont encore à un stade précoce. Sa proposition a porté ses fruits, car l’équipe de chercheurs a observé que les échantillons prélevés dans l’utérus étaient plus susceptibles de détecter des cancers de l’ovaire et de l’utérus que ceux qui avaient été prélevés dans le col de l’utérus. « Dans cette étude, nous avons démontré que les cancers de l’ovaire, des trompes de Fallope et de l’utérus peuvent être dépistés plus tôt si l’on identifie les mutations spécifiques qui sont à l’origine du cancer plutôt que si l’on se fie à des marqueurs indirects comme l’imagerie médicale ou les symptômes », explique-t-elle.
 
À eux seuls, les cancers de l’endomètre et de l’ovaire représentent la troisième cause la plus courante des décès attribuables au cancer chez les femmes en Amérique du Nord ainsi que dans les autres pays à revenu élevé. Les tests existants, comme l’échographie transvaginale, reposent sur des facteurs non précis, comme la taille de la tumeur, et ne s’avèrent positifs que lorsque les formes les plus agressives du cancer se sont déjà propagées à d’autres organes. L’imagerie peut aussi entraîner de nombreux résultats faux positifs, ce qui fait ressortir la nécessité de disposer d’un outil de dépistage plus fiable. Dans cette étude, les chercheurs ont tiré parti du fait que, dans les cancers de l’ovaire ou de l’endomètre, les cellules tumorales sont souvent transportées dans le canal endocervical, où elles peuvent être prélevées au moyen d’une cytobrosse.
 
Prélèvements effectués plus près des sites tumoraux
L’équipe de la Dre Gilbert travaillant au Centre du cancer des Cèdres du CUSM a fourni une orientation à l’équipe de l’université Johns Hopkins, en lui proposant la technique liée à l’utilisation de la brosse Tao. Avec cette technique, la brosse Tao se rend dans l’utérus et prélève des cellules plus près du site d’origine des cancers, améliorant ainsi la sensibilité du test. Le test de Papanicolaou ou test Pap se base sur les cellules cancéreuses atteignant le col de l’utérus.
 
« La méthode de prélèvement liée à l’utilisation de la brosse Tao est une technique simple, applicable en clinique externe, que n’importe quel gynécologue qualifié peut utiliser en cabinet, sans anesthésie, explique le Dr Kris Jardon, coauteur de l’étude, aussi gynécologue-oncologue au CUSM et chercheur au sein du Programme de recherche sur le cancer de l’IR-CUSM. Cela accroît les probabilités d'en généraliser la mise en œuvre clinique une fois que nous aurons franchi les étapes de validation adéquates. »
 
PapSEEK : un test plus sécuritaire et moins invasif pour les patientes
Des chercheurs ont mesuré l’efficacité du test PapSEEK sur des échantillons provenant de nombreuses patientes : 382 patientes atteintes d’un cancer de l’endomètre, 245 patientes d’un cancer de l’ovaire et 714 femmes en santé constituant le groupe témoin. Ces échantillons ont été prélevés dans divers hôpitaux des États-Unis, du Danemark, de la Suède et du Canada.
 
Avec le test PapSEEK, les chercheurs ont pu dépister 81 pour cent des cancers de l’endomètre (dont 78 pour cent à un stade précoce) et 33 pour cent des cancers de l’ovaire (dont 34 pour cent à un stade précoce). Fait encore plus intéressant, ces pourcentages ont augmenté, passant, respectivement, à 93 et à 45 pour cent lorsque les échantillons ont été prélevés au moyen de la brosse Tao. Il n’y a eu aucun résultat faux positif.
 
« Dans les cancers de l’ovaire et de l’utérus de haut grade, les cellules se détachent facilement et se propagent, alors que les tumeurs sont encore petites et imperceptibles, ajoute la Dre Gilbert. Il n’existe actuellement aucun test permettant de diagnostiquer à des stades précoces ces sous-types de cancers agressifs, car ils n’ont pas encore provoqué de symptômes et ne peuvent pas être identifiés facilement lors d’examens médicaux. »
 
Au Canada, quelque 7 300 femmes reçoivent un diagnostic de cancer de l’endomètre chaque année, et pour plus de 1 200 d’entre elles, cette maladie va s’avérer mortelle. Le cancer de l’ovaire est moins répandu, mais est plus mortel, affectant plus de 2 800 femmes et entraînant le décès d’environ 1 800 d’entre elles au Canada chaque année.
 
« L’administration généralisée du test Pap a permis de réduire considérablement le nombre de décès attribuables au cancer du col de l’utérus, poursuit la Dre Gilbert, mais ce test ne permet pas de détecter les cancers de l’ovaire ou de l’endomètre. Ces deux types de cancers gynécologiques sont associés aux tumeurs malignes les plus répandues et les plus mortelles dans les pays où les femmes passent systématiquement un test Pap. Nous avons démontré qu’il est possible de développer un test Pap spécial, effectué en clinique externe avec une brosse Tao, de manière à ce qu’il puisse avoir, pour les cancers de l’utérus et des ovaires, l’incidence que le test Pap a eue sur le cancer du col de l’utérus. »
 
Au sujet de l’étude
 
En plus des auteurs Lucy Gilbert, Kris Jardon et Nickles Fader, l’article a été co-écrit par Lu Li, Christopher Douville, Joshua D. Cohen, Ting-Tai Yen, Isaac Kinde, Karin Sundfelt, Susanne K. Kjær, Ralph H. Hruban, Ie-Ming Shih, Tian-Li Wang, Robert J. Kurman, Simeon Springer, Janine Ptak, Maria
 
Popoli, Joy Schaefer, Natalie Silliman, Lisa Dobbyn, Edward J. Tanner, Ana Angarita, Maria Lycke, Kirsten Jochumsen, Bahman Afsari, Ludmila Danilova, Douglas A. Levine, Xing Zeng, Jocelyne Arseneau, Lili Fu, Luis A. Diaz Jr., Rachel Karchin, Cristian Tomasetti, Kenneth W. Kinzler, Nickolas Papadopoulos, et Bert Vogelstein.
 
Ces travaux ont été rendu possible grâce au soutien financier de Virginia et D.K. Ludwig Fund for Cancer Research, the John Templeton Foundation, Swim Across America, the Sol Goldman Sequencing Facility at Johns Hopkins, The Commonwealth Foundation, the Conrad N. Hilton Foundation, United States Department of Defense (W81XWH-11-2-0230), National Institutes of Health, National Cancer Institute (CA06973, CA200469, CA215483, U24CA204817), the Gray Foundation, the Swedish Cancer Foundation, the Göteborg Medical Society, la Fondation de l’Hôpital Royal Victoria, the Carole Epstein Foundation, the Doggone Foundation, the MERMAID Project, the Novo Nordisk Foundation (NNF14OC0012483), the Honorable Tina Brozman Foundation, Stand Up to Cancer Colorectal Cancer Dream Team Translational Research Grant (SU2C-AACR-DT22-17) et Early Detection Research Network (UO1 CA200469).
 
Contact avec les médias
Julie ROBERT
Communications et Relations médias
Centre universitaire de santé McGill et Institut de recherche
(+1) 514-971-4747 julie.robert
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